Chanson douce

Chanson douce

Quatrième de couverture :

Lorsque Myriam, mère de deux jeunes enfants, décide malgré les réticences de son mari de reprendre son activité au sein d’un cabinet d’avocats, le couple se met à la recherche d’une nounou. Après un casting sévère, ils engagent Louise, qui conquiert très vite l’affection des enfants et occupe progressivement une place centrale dans le foyer. Peu à peu le piège de la dépendance mutuelle va se refermer, jusqu’au drame.
À travers la description précise du jeune couple et celle du personnage fascinant et mystérieux de la nounou, c’est notre époque qui se révèle, avec sa conception de l’amour et de l’éducation, des rapports de domination et d’argent, des préjugés de classe ou de culture. Le style sec et tranchant de Leïla Slimani, où percent des éclats de poésie ténébreuse, instaure dès les premières pages un suspense envoûtant.

Mon avis :

Je n’ai pas pour habitude de lire les livres du prix Goncourt, car l’histoire m’intéresse rarement. Mais Chanson douce m’intriguait, surtout après ce que j’avais lu sur ce livre. J’ai donc été très contente quand ma belle-famille me l’a offert !

Dès les premières pages, nous sommes plongé.e.s dans le drame, sans avertissement. Chanson douce commence brutalement par un cri, celui de la mère découvrant les corps de ses enfants, la nounou à moitié morte.
Et puis on fait un retour en arrière : Myriam et Paul viennent d’avoir leur deuxième enfant, et la jeune mère souhaite reprendre le travail, elle qui pourtant ne pouvait quitter sa fille. Il faut donc trouver la perle rare, la nounou avec qui les enfants seront heureux, en sécurité, et qui réussira à rassurer les parents. Après des recherches, le couple fait la connaissance de Louise ; non seulement elle a l’air d’être très compétente – les petits l’aiment d’emblée ! -, mais en plus ses anciens employeurs sont très enthousiastes lorsqu’ils parlent d’elle. Alors Myriam et Paul l’embauchent, et même si ce n’est pas toujours facile financièrement, ils ont l’impression de vivre un rêve : petit à petit, Louise ne s’occupe plus uniquement des enfants, mais aussi de préparer les repas, de faire le ménage… parce que ça lui fait plaisir.
Finalement, comme le souligne June dans son article, Louise s’installe telle une araignée, faisant tranquillement sa toile. Petit à petit, elle se rend indispensable pour toutes les choses, même minimes, de la vie quotidienne de la famille.

Ce récit est bouleversant, difficile, mais c’est aussi le reflet de notre société ; et ce qui est bien, c’est que l’auteure ne juge pas : elle donne les faits. Chaque chapitre permet d’y voir plus clair, mais seul le lecteur se pose en juge, à partir des éléments qui lui sont apportés.
Si nous suivons surtout Louise et Myriam, il arrive qu’un chapitre soit consacré à un proche, une voisine… Et toutes ces personnes sont persuadées qu’elles auraient dû se douter de quelque chose, qu’elles auraient pu empêcher un tel drame. Mais nous qui lisons ce roman, nous voyons bien que personne n’aurait pu prévoir cela.
Chanson douce ne nous donne pas d’explication, ne nous dit pas : « C’est à cause de cet événement que cela s’est produit ». Inutile de chercher une réponse, ne pensez pas y trouver la vérité. En lisant ce livre, j’ai tenté de trouvé une explication, et j’y ai vu une accumulation d’éléments, mais cela ne prouve rien du tout. A dire vrai, je ne suis pas certaine que la coupable elle-même sache vraiment pourquoi elle a commis cet horrible crime.
Quoiqu’il en soit, je ne pense pas qu’il faille lire Chanson douce pour ça, mais plutôt pour la plume agréable de l’auteure, pour ce reflet de la société qu’elle nous dépeint.

Ce roman de Leïla Slimani m’a terriblement marquée, et aujourd’hui encore, alors que cela fait un moment que j’ai terminé la lecture de Chanson douce, j’y repense, je tente encore, en vain, de comprendre…
Difficile de ressortir indemne d’une telle lecture, mais c’est un roman à lire, à découvrir.

Chanson douce, Leïla Slimani • Gallimard • 2016 • 240 pages • Genre : littérature blanche, littérature contemporaine, fait divers, drame, société • ISBN : 9782070196678

.

39 réflexions sur “Chanson douce

  1. Lutin82 dit :

    Il y a un tel consensus autour de ce livre que je m’en méfie. Et sur ce que tu en dis, même s’il t’a plu, ne m’inspire pas outre mesure.
    Après, il a tel succès que mon éventuelle obole est insignifiante. Merci de l’avoir lu et de le chroniquer avec un regard « imaginaire ».
    Belle critique. 🙂

    J’aime

    • malecturotheque dit :

      Patiente un peu avant de le lire ; attends peut-être la sortie en format poche, ce qui permettra de laisser tout ça décanter 😉
      Je pense qu’avec les romans dont tout le monde parle, il vaut mieux attendre le bon moment, de ne plus se sentir influencer ou de ne plus avoir l’impression de l’avoir déjà lu sans que ce soit le cas.

      J’aime

  2. vinushka64 dit :

    J’ai un avis un peu mitigé sur ce livre, à cause de la distance. J’ai eu l’impression de lire un drame social, et je pense que c’est voulu après avoir lu une interview de l’auteure. Personne ne trouve sa place. Myriam et Paul blessent Louise en voulant bien faire. Elle non plus ne trouve pas sa place, est pleine de colère et de rancune… enfin pour faire cela, il y a quand même un truc à la base, et personne n’aurait pu le prévoir comme tu dis. Petite réserve pour le passage du poulet, que j’aurais trouvé bien flippant à la place des parents.

    Aimé par 1 personne

    • malecturotheque dit :

      Ah oui, le passage du poulet… Myriam n’avait pas du tout l’air sereine cela dit, et elle en a fait des cauchemars. Bon, après, entre ça et tuer un enfant, il y a quand même un gouffre, mais c’est clair que quelqu’un me fait ça, c’est « Va voir ailleurs si j’y suis » direct (je trouve ça trop creepy).

      Aimé par 1 personne

Laisser un commentaire