La servante écarlate

La servante écarlate

Quatrième de couverture :

Devant la chute drastique de la fécondité, la république de Gilead, récemment fondée par des fanatiques religieux, a réduit au rang d’esclaves sexuelles les quelques femmes encore fertiles. Vêtue de rouge, Defred, « servante écarlate » parmi d’autres, à qui l’on a ôté jusqu’à son nom, met donc son corps au service de son Commandant et de son épouse. Le soir, en regagnant sa chambre à l’austérité monacale, elle songe au temps ou les femmes avaient le droit de lire, de travailler…
[…]

Mon avis :

Il y a beaucoup d’éloges autour de La servante écalarte, et ce pour plusieurs raisons, dont le féminisme qui en ressort, et le message d’alerte sur les droits (sont-ils vraiment acquis définitivement?) et la mise en place d’une politique extrême. Son adaptation en série télévisée n’est pas pour rien dans ce regain de succès (la première publication datant de 1985).
J’avais beaucoup d’attentes quant à cette lecture ; voici mon retour.

La narration se fait à la première personne, sous la forme d’un témoignage d’une femme dont on ne connaît pas le nom. Nous savons seulement qu’elle se fait appeler Defred (Offred en version originale) car elle est actuellement au service d’un homme nommé Fred (comme si on disait « au service de Fred/Defred » donc). Et pendant une bonne partie du roman, il n’est pas dit ce en quoi consiste son rôle au sein de la maisonnée ; c’est dit dans le résumé, mais ça s’arrête là. Elle doit donner naissance à un bébé viable et sans difformités. C’est le cas pour toutes les femmes encore fertiles ; elles sont les servantes écarlates. D’autres femmes s’occupent de la cuisine par exemple : ce sont les Marthas. Et puis il y a bien sûr les épouses, vêtues de bleu. Chaque catégorie de femmes a une couleur, une tenue qui lui est destinée. Dans cette république, tout est très uniformisé (que ce soit les femmes mais aussi les hommes, et même les supermarchés – et c’est encore plus flagrant dans la série TV).
Ce que j’ai apprécié dans la forme du récit, c’est que cela fait vraiment témoignage. L’inconvénient, car je ne m’y attendais pas, sont les passages où Defred se met soudainement à nous parler du passé. Mais c’est finalement très logique et bienvenu : ses digressions ne se font pas sans raison et nous permettent d’en savoir plus sur le pourquoi du comment. De plus, ce n’est pas trop ancré dans une époque en particulier. C’est donc assez simple d’imaginer l’action se dérouler maintenant ou dans 20 ans, à quelques détails près.
Quant aux personnages, je ne m’y suis personnellement pas tant que ça attachée. En revanche, j’ai quand même compatit avec certains d’entre eux (d’entre elles, surtout). Ce n’est pas bien difficile : illes vivent dans un monde totalitaire, où la censure est reine, dans lequel tout le monde est surveillé et tout le monde se méfie de tout le monde…

Au final, La servante écarlate est un roman difficile. S’il est question de féminisme, ce n’est pas tant par le biais de l’héroïne que par celui de sa mère ou d’autres femmes. Mais le sujet qui m’a le plus frappée, c’est la façon dont le changement vers une politique extrême se fait : vite. Très vite. Et c’est quelque chose qu’il faut bien garder en tête car cela pourrait arriver un jour. Alors restons vigilant.es.
En bref, La servante écarlate n’est pas le roman extraordinaire auquel je m’attendais, mais c’est tout de même un bon roman à lire, ou à regarder.

La servante écarlate, Margaret Atwood • Robert Laffont • 1985 • 544 pages • 11,50€ • Genre : anticipation • ISBN : 9782221103760

Ce livre participe au challenge Littérature de l’Imaginaire.

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36 réflexions sur “La servante écarlate

  1. La Barmaid aux Lettres dit :

    Eh bien ! Plein d’articles fleurissent sur ce livre comme tu le dis si bien, sans doute grâce à la série ! Je l’avais adoré lorsque je l’avais lu il y a quelques années ! Mais je pense que l’engouement récent lui fait justement perdre de sa substance.

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      • La Barmaid aux Lettres dit :

        Justement l’apparition de la série et le bruit autour à monté en crème ce roman. Il faut le voir, je pense, comme novateur de son temps et en même temps très réussi, propice à l’étude des dystopies. Mais justement, en faisant autant monter la mayonnaise autour de ce livre fait qu’on en attendant trop ce qui est dommage. Cela nous hype trop, tu vois ce que je veux dire ?

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        • malecturotheque dit :

          Je vois totalement ce que tu veux dire car c’est le cas avec beaucoup de bouquins !
          Comme je lis pas mal de « vieux » romans, je n’oublie jamais de remettre dans son contexte (par exemple « Blade Runner » de Philip K. Dick est très bien, mais s’il était écrit aujourd’hui, les sujets ne seraient pas abordés de la même façon).
          La série permet une réécriture de l’oeuvre et de la moderniser un peu, ce que je trouve bien d’ailleurs. D’ailleurs – mais je ne suis qu’au milieu de la série -, je trouve qu’elle plus axée autour des femmes et du féminisme que le livre. Ce qui noie peut-être un peu la substance initiale du livre ?

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    • malecturotheque dit :

      En fait, pour moi, c’est toute la médiatisation autour du féminisme de l’oeuvre qui n’est pas vraiment justifié car ce n’est finalement pas le point essentiel du roman, bien qu’il soit présent, je ne le nie pas 😉

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  2. pepparshoes dit :

    Je pense que la médiatisation de ce Roman autour du féminisme est partie d’Emma Watson. Elle a bien rendu Service a l’auteure et au monde de l’édition ^^ Je ne l’ai pas encore lu, mais j’espère le faire un jour. Je vais plutot me pencher sur son Roman paru en août avant ! 🙂

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