Quatrième de couverture :
En 1978, Monique Wittig clôt sa conférence sur « La Pensée straight » par ces mots : « Les lesbiennes ne sont pas des femmes. » L’onde de choc provoquée par cet énoncé n’en finit pas de se faire ressentir, aujourd’hui encore, dans la théorie féministe et au-delà. En analysant l’aspect fondateur de la « naturalité » supposée de l’hétérosexualité au sein de nos structures de pensées, que ce soit par exemple dans l’anthropologie structurale ou la psychanalyse, Monique Wittig met au jour le fait que l’hétérosexualité n’est ni naturelle, ni un donné : l’hétérosexualité est un régime politique. Il importe donc, pour instaurer la lutte des « classes », de dépasser les catégories « hommes »/« femmes », catégories normatives et aliénantes. Dans ces conditions, le fait d’être lesbienne, c’est-à-dire hors-la-loi de la structure hétérosexuelle, aussi bien sociale que conceptuelle, est comme une brèche, une fissure permettant enfin de penser ce qui est « toujours déjà là ».
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Mon avis :
Si je me souvenais avoir lu La pensée straight il y a une petite dizaine d’années, je ne me souvenais en revanche pas du contenu. Au cours de cette relecture, j’ai compris pourquoi : ce livre, qui est un recueil de textes, d’essais, n’est pas abordable par tout le monde comme peut l’être un essai tel que Sorcières de Mona Chollet. Il faut clairement avoir un certain bagage afin de pouvoir intégrer les notions et les idées présentes dans La pensée straight, de pouvoir les digérer, les analyser et enfin s’en faire un avis.
Monique Wittig est connue pour avoir écrit des romans mais aussi et surtout pour son militantisme féministe ; elle est l’une des fondatrices du MLF (Mouvement de libération des femmes). De Wittig, l’on retient également cette phrase : « Les lesbiennes ne sont pas des femmes. » Et c’est autour de cela que tourne La pensée straight. Pour résumer, Monique Wittig affirme que l’hétérosexualité est politique et non pas naturelle ; le groupe humain s’est divisé en deux, ce qui a mené à ce qu’une partie de l’humanité, l’homme, prenne le dessus sur l’autre, la-femme. A partir de là, la-femme se retrouve dominée dans de très nombreux domaines et se doit de correspondre aux attentes de l’homme. Or les lesbiennes – tout comme les gais d’ailleurs – sortent de cette attente parce qu’elles ne jouent pas le jeu de la séduction auprès des hommes (entre autres choses) et ne peuvent donc pas être considérées comme faisant partie du groupe la-femme. Pour être honnête, je résume très grossièrement les textes de Monique Wittig et je vous invite fortement à les lire pour mieux comprendre le développement de sa pensée et pour vous faire un avis plus juste.
S’il est vrai que les textes sont denses et demande une certaine concentration, une fois posée au calme je lisais assez rapidement chacun des textes, en prenant toutefois le temps de comprendre, quitte à relire une phrase ou un paragraphe. Les écrits qui m’ont le plus intéressée sont les sept premiers (« La catégorie de sexe », « On ne naît pas femme », « La pensée straight » – qui donne son nom au livre -, « À propos du contrat social », etc.) car ils parlent de la norme hétérosexuelle, de féminisme et de genre. D’après moi, ce sont les plus importants du livre car ils permettent vraiment de s’interroger, de se déconstruire, et donc de réfléchir sur soi et sur le monde qui nous entoure. En revanche, les deux ou trois derniers textes, même s’ils ont un propos intéressant, ne m’ont pas particulièrement enthousiasmée. Il faut dire qu’ils se basent sur des romans ou films que je ne connais pas.
La pensée straight est un livre très intéressant et apporte de nombreuses clés autour d’une réflexion pertinente. Comme tout essai, vous ne serez pas forcément d’accord avec tout, cela dit il serait bien dommage de ne pas le découvrir. Je vous conseille toutefois de le lire au calme afin de pouvoir vous concentrer sur cette lecture qui va faire chauffer votre cerveau.
La pensée straight, Monique Wittig • Editions Amsterdam • 2018 • 160 pages • 12€ • Genre : essai • ISBN : 9782354801755
Ce livre participe au Feminibooks Challenge.
Ce livre participe au challenge Mars au féminin.
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Tu me donnes très envie de le lire, celui-ci ! je note
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Je passe mon tour… mais je le note au cas où mes enfants auraient besoin de références littéraires du genre ! Merci !
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