La nounou barbue

La nounou barbue

Quatrième de couverture :

Cathy élève seule ses deux enfants, Lucas et Pilou, dans un petit village au cœur de la Dordogne. Son quotidien est heureusement allégé par le soutien sans faille de sa tante Lulu. Jusqu’au jour où – catastrophe ! – tante Lulu tombe de l’escabeau et se retrouve immobilisée, les deux chevilles dans le plâtre. Cathy décide alors d’engager une aide pour s’occuper des enfants. Mais dans la région, les candidats sont rares… Pressée par le temps, son choix se portera sur le seul aspirant disponible, Elias, grand gaillard barbu tenant plus du bûcheron bourru que de la baby-sitter accomplie. Cathy parviendra-t-elle à composer avec cette nounou au profil pour le moins atypique ?

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Mon avis :

La nounou barbue commençait avec un très bon prologue, malheureusement le récit est entaché de slut-shaming et reste prévisible. Retour sur un roman qui m’aura presque autant déçue qu’enthousiasmée.
Depuis que son mari l’a quittée il y a un an pour vivre à l’autre bout du monde avec sa secrétaire, Cathy élève seule leurs enfants, Lucas et Pilou. Enfin presque seule puisque sa tante, Lulu, l’aide beaucoup. Mais voilà que cette dernière se retrouve les jambes dans le plâtre ; impossible, dans ces conditions, de courir après Pilou ou d’emmener Lucas à l’école pendant que maman travaille. Cathy part donc en quête de la nounou parfaite mais a bien des difficultés à la trouver. Et c’est là qu’Elias, nouveau dans le coin, débarque. Un homme nounou ? Eh oui ! Cathy ayant épuisé ses autres cartes, elle propose une semaine d’essai à l’homme, que les enfants semblent déjà apprécier.
Le récit commence très bien et, à dire vrai, l’histoire est vraiment chouette jusqu’à ce que survienne un événement après le Nouvel An. C’était certes prévisible, de même ce qui vient ensuite, mais j’avais espéré une histoire mignonne, tranquille, pourquoi pas avec quelques obstacles mais pas ça. Ça, je ne vais pas vous le spoiler mais, moi qui avait déjà du mal avec le personnage de Cathy, ça n’a fait qu’empirer. Déjà, il faut savoir que le récit est à la première personne, c’est donc l’héroïne du roman qui nous raconte son histoire. Or elle saupoudre tout le roman de slut-shaming : oui, elle en veut toujours à son mari, et elle en veut toujours à la femme avec qui il est parti. Jusque là, OK. En revanche, elle passe son temps à dénigrer la-dite femme, à la rabaisser quant à son physique de « bimbo », à bien nous faire comprendre qu’elle n’a pas de conversation ni de cervelle, etc. Et je trouve cela aberrant qu’il y ait autant de slut-shaming dans un bouquin publié en 2019, vraisemblablement écrit il n’y a pas si longtemps. Est-ce l’image que l’auteur se fait des femmes bafouées ? Est-ce un humour que l’on retrouve fréquemment dans les romances et que je ne comprends pas ? Je n’en ai aucune idée, tout ce que je sais, c’est que je n’apprécie pas. Une autre chose, concernant Cathy : c’est censé être une femme qui aura bientôt quarante ans. J’étais contente, je me disais qu’elle serait plus mature que certaines héroïnes. Eh bien non ! On dirait une adolescente en mal d’amour, impatiente, cherchant à sauver le beau gosse du coin de ses côtés potentiellement sombres, etc. Je n’ai trouvé Cathy appréciable que lorsqu’elle nous parlait de son rôle de mère, de ses enfants, du salon de coiffure… Elle y ajoute des touches d’humour et c’est vraiment agréable, plutôt rigolo, mais dès qu’il est question d’amour, qu’il s’agisse de son ex ou de la nounou, elle devient puérile. Cathy est à la fois le moteur du livre mais aussi son frein. Heureusement, les autres protagonistes, notamment Elias et les enfants, sauvent le roman.
Si l’histoire est prévisible, si l’on fait abstraction du slut-shaming qui ponctue le récit, et si l’on passe outre la conclusion beaucoup trop rapide, alors on a là un roman sympathique. Finalement, la force de La nounou barbue est de proposer une nouvelle version du prince charmant, celle d’un homme qui aime s’occuper des enfants, qui aime cuisiner… Un renversement des rôles bienvenu dans cette romance.

Cette lecture aura été ponctuée d’amertume. Si l’ensemble est sympathique à lire, j’aurais toutefois du mal à conseiller La nounou barbue sans faire de mise en garde concernant le slut-shaming. Aussi suis-je convaincue que mettre des obstacles entre deux personnes n’a pas toujours lieu d’être dans une comédie romantique ; nous pourrions apprécier occasionnellement de suivre une belle histoire d’amour.

La nounou barbue, Aloysius Chabossot  Editions Eyrolles • 2019 • 224 pages • 14€ • Genre : romance, mère célibataire • ISBN : 9782212570847

10 réflexions sur “La nounou barbue

  1. Audrey dit :

    Du coup, je ne sais pas trop qu’en penser… J’attendrai peut-être de découvrir une très bonne occasion ou de le trouver à la bibliothèque. Je pense que le slut shaming va m’horripiler mais après avoir assisté à certains comportements, je crains hélas que les réactions excessives et puériles de l’héroïne peuvent se retrouver dans la vie réelle.

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  2. Adlyn dit :

    N’étant pas très fan de romance, je ne suis pas le public-cible de ce livre de base. Mais je me serais quand même dit « pourquoi pas ? » face à ce résumé qui fleure bon le livre léger, détente, et avec une pointe d’humour. La bêtise de l’héroïne-narratrice, par contre, me refroidirait autant que toi. Un livre peut ne pas nous accrocher. Voire être complètement raté, ça arrive. Mais faire passer des messages négatifs (slut-shaming, mais aussi sexisme banalisé, visiblement, si c’est ainsi qu’on réduit l’image de la femme), c’est quelque chose avec quoi j’ai beaucoup plus de mal. Et d’autant plus dommage si l’auteur prouve par ailleurs avoir de vraies qualités comme tu le relèves =/

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    • Ma Lecturothèque dit :

      Eh bien voilà, je ne suis pas très fan de romance non plus, mais la couverture, le résumé et divers avis lus sur le net m’ont vraiment donné envie de lire ce livre. Je suis passée à côté à cause de toute cette bêtise alors, comme tu sembles dans mon cas, je ne te le conseille pas vraiment :/

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  3. La demoiselle chocolat dit :

    Dès que le mot Slut shaming est apparu je me suis dit « ah non pas encore »…C’est dommage je me serais bien laissé tenter l’histoire a l’air légère enfin… avait.
    Tant pis peut-être un emprunt en bibliothèque si cela est possible pour me faire ma propre idée…merci pour le billet 😉

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  4. Aloysius dit :

    Bonjour,
    Merci pour votre critique approfondie et honnête, c’est très appréciable. Néanmoins, j’ai été étonné d’apprendre que l’héroïne s’adonnait au « slut-shaming » (j’avoue que j’ai dû aller consulter wikipédia pour en avoir une définition plus précise). N’est-ce pas une réaction naturelle de charger (voire de surcharger) les personnes qui ont brisé votre vie, à savoir l’ex-mari et la nouvelle compagne ? Et doit-on forcément, dans un roman, sous prétexte d’éviter à tout prix le slut-shaming, s’efforcer de rester dans un certaine neutralité lorsqu’il s’agit de traiter ce type de personnage ? C’est une question que, grâce à votre article, je me pose pour le coup très sérieusement. C’est du reste une interrogation qui rejoint un débat plus large et tout à fait d’actualité sur la représentation de la femme dans la fiction. Qu’est-ce qui prévaut finalement : l’histoire ou la morale de l’histoire ?

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    • Ma Lecturothèque dit :

      Bonjour,
      Pour commencer, il y a clairement une nette différence de traitement entre l’ex-mari et sa nouvelle compagne : lui, c’est un salaud et ce sont les faits le concernant qui sont pointés du doigt (sa routine, sa tromperie, etc.) tandis que pour la femme, elle est attaquée sur son physique. Que ce soit noté une fois, pas de problème même si je ne suis pas fan et que je trouve ça dommage venant de la part d’une héroïne qu’elle ne fasse pas preuve de plus de sororité malgré le contexte – après tout, elle est humaine. L’accent aurait pu être mis sur le fait que la nouvelle compagne savait l’homme en couple, avec une famille…, mais non, l’accent est mis sur son physique et son manque de conversation. Et ça revient constamment. Deuxième point et celui-ci répond à votre première question : charger l’ex-mari et la nouvelle compagne, oui, mais après plus d’un an, même si Cathy l’a toujours mauvaise, elle a d’autres choses à faire dans sa vie et surtout elle a quarante ans, or son comportement et ses réflexions sont celles d’une ado. Pour moi (c’est ma vision du personnage), Cathy a bien mieux à penser (ses enfants, son salon, la nounou…) que ressasser sans cesse que l’autre enfoiré est parti avec une poupée sans cervelle ; elle a bien mieux à penser et elle vaut bien mieux que tout ça car je la perçoit comme une femme moderne, libérée des contraintes de son couple (malgré elle) et qui mène sa vie avec force bien que ce ne soit pas simple du tout pour elle (pour ses enfants – et la nounou -, elle soulèverait des montagnes!). Enfin c’était ce que je pensais au début du roman mais la nouvelle compagne de son ex est une véritable obsession chez elle.
      Concernant la deuxième question : non, pas besoin de rester dans la neutralité puisque l’idée est que les lecteurs et lectrices ressentent quelque chose pour les personnages. Mais, à titre personnel, la nouvelle compagne est tellement fait « massacrée » qu’elle m’a presque attiré plus de sympathie que Cathy. Pour ce qui est du slut-shaming, c’est vraiment un sujet délicat et surtout, dans ce roman, ça n’apporte rien : on comprend dès les premières pages que l’héroïne déteste sa rivale. Cela rejoint le point sur l’histoire ou la morale de celle-ci : le fait de passer son temps à faire du slut-shaming, dans le cas présent en tout cas, n’apporte rien au récit ni à la morale. Il n’y a pas forcément besoin de répéter encore et encore une chose pour qu’on l’intègre.
      Voilà, j’espère que ça répond à vos questions. Désolée, je n’ai pas plus de temps cette semaine pour y répondre mais si c’est nécessaire je développerai et/ou répondrai à de nouvelles questions avec plaisir la semaine prochaine.

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