Morwenna

Morwenna

Quatrième de couverture :

Morwenna Phelps, qui préfère qu’on l’appelle Mori, est placée par son père dans l’école privée d’Arlinghurst, où elle se remet du terrible accident qui l’a laissée handicapée et l’a privée à jamais de sa sœur jumelle, Morganna. Là, Mori pourrait dépérir, mais elle découvre le pouvoir des livres de science-fiction. Delany, Zelazny, Le Guin et Silverberg peuplent ses journées, la passionnent.
Un jour, elle reçoit une photo où sa silhouette a été brûlée… Que peut faire une adolescente de seize ans quand son pire ennemi, potentiellement mortel, est sa propre mère? Elle peut chercher dans les livres le courage de combattre.

Ode à la différence, journal intime d’une adolescente qui parle aux fées, Morwenna est aussi une plongée inquiétante dans le folklore gallois. Ce roman touchant et bouleversant a été récompensé par les plus grands prix littéraires du genre : le prix Hugo, le prix Nebula et le British Fantasy Award.

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Mon avis :

Je me souvenais d’avoir lu surtout de bons retours sur Morwenna et j’ai donc profité d’une séance de dédicace pour l’acheter mais, suite à cela, quelques personnes m’ont mise en garde : soit on aime, soit on n’accroche pas du tout à ce roman. Je me suis donc demandée si je n’allais pas regretter cet achat.
1979. Morwenna est une adolescente de quinze ans qui est envoyée en pensionnat par son père et ses tantes. On apprend qu’elle a laissé derrière elle sa sœur jumelle et leur folle de mère. Tout cela est au début très obscur mais les choses vont se dévoiler au fil des pages.
Le roman se présente sous la forme d’un journal intime. La jeune Morwenna nous parle de sa famille, de ses cours et de ses camarades, mais elle nous parle surtout de sa passion : lire des romans de SFFF (science-fiction, fantasy et fantastique). Autant le dire tout de suite, il y a énormément de références, que ce soit à des œuvres très connues comme d’autres plus obscures et, de ce que j’en sais, ça ne plaît pas à tout le monde pour diverses raisons (on s’y perd avec ce trop-plein de références, ça coupe le récit…). Pour ma part, je n’ai eu aucun problème avec cela – peut-être parce que j’étais déjà au courant qu’il y en avait beaucoup ? – et j’étais même contente de découvrir des auteur·rices, de voir que j’en connaissais déjà (sans forcément avoir lu ne serait-ce qu’un seul de leurs livres, ce qui me pousse encore plus à les découvrir). En fait, toute cette partie sur la lecture, c’est certes abondamment référencé, mais c’est surtout une ode à la lecture, aux romans de SFFF, aux prêts entre bibliothèques (merveilleuse idée, en effet) et à la critique (qu’elle soit bonne ou mauvaise) puisque notre héroïne en est adepte. Cette partie de Morwenna occupe effectivement pas mal de place dans le récit ; la jeune femme a peu de loisirs et son moyen de s’occuper et de s’évader, c’est grâce à la lecture.
Morwenna est une héroïne un peu étrange dans le sens où, quand elle décrit ses journées, je me suis souvent demandée ce qui était vrai ou faux, quelle était la part d’imagination et de fiction qu’elle glissait dans les lignes de son journal intime. À dire vrai, je me suis demandée jusqu’à quel point ce roman pouvait être autobiographique, Morwenna étant alors un double de Jo Walton.
Il y a, dans ce livre, un certain nombre de personnages et, excepté le père pour lequel je reste très mitigée, je les ai beaucoup appréciés, que ce soit les bibliothécaires et leurs attentions, les membres du club de lecture, même si certains ne sont finalement pas très présents ; et il y a la présence constante non seulement de la mère et de la sœur de Morwenna – une présence plutôt sombre -, mais aussi celle des fées qui s’avère assez lumineuse, ce qui crée un bon équilibre. Ces créatures font parties des choses pour lesquelles je me suis longtemps interrogée sur leur présence réelle ou fictive dans l’histoire, jusqu’au moment où je me suis dit que, peu importe, je n’avais qu’à vivre la magie aux côté de l’héroïne de Walton. Cette magie, elle opère un certain charme dans le roman, elle en imprègne chaque page et, pourtant, elle ne nous étouffe pas.
Enfin, l’écriture. J’ai adhéré. Certes, c’est un journal intime et c’est donc un ton peu littéraire, plus franc, sans circonvolutions, mais cela n’en reste pas moins agréable à lire et l’écriture couplée au texte donne un récit addictif alors qu’il ne se passe pas tant que ça de choses (ça reste le journal intime d’une ado qui parle aux fées et lit des romans ; il n’y a pas de grande quête pleine d’aventures).

Morwenna est un roman qui transfigure les genres, que ce soit le fantastique, la littérature jeunesse, le folklore gallois, la biographie voire l’autobiographie… Par le biais de l’histoire d’une adolescente, Jo Walton nous offre une superbe déclaration d’amour aux livres et aux bibliothèques. C’est juste merveilleux et on en ressort en se disant que, nous aussi, nous verrons prochainement des fées (et avec plein d’envies de lectures!).

Morwenna, Jo Walton • Titre VO : Among Others  Traduction : Luc Carissimo Folio • 2016 (2010 en VO) • 418 pages • 8,40€ • Genre : lecture SFFF, adolescence, journal intime, passion • ISBN : 9782070469307

Ce livre participe au challenge Littérature de l’Imaginaire.
Ce livre participe au challenge Bingo de l’Imaginaire.

 

15 réflexions sur “Morwenna

  1. Romanesquement Vôtre dit :

    Oh ta chronique donne très envie de découvrir ce roman 🙂 Je note qu’il y a beaucoup de référence pour pas être surprise, car en effet c’est le genre de truc qui peuvent couper la lecture quand on n’est pas au courant. Il faut absolument que je me le procure, je suis sure que ça peut me plaire !!

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  2. Collectif Polar : chronique de nuit dit :

    Ah que je suis contente que tu es aimé Morwenna.
    C’est exactement ça !
    Ce livre est plein de poésie, de magie, de bienveillance.
    C’est un magnifique plaidoyer pour la tolérance, la différence et la lecture et tous les livres surtout ceux tu le souligne de l’imaginaire.
    Et je suis une amoureuse de ces littératures de l’imaginaire !
    Merci Aurélia !

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  3. lespagesquitournent dit :

    C’est vrai qu’il est difficile de donner un genre à cette histoire tant elle en mélange ! Je te rejoins également sur le fait que ce soit une belle déclaration d’amour aux livres. Hélas, j’ai trouvé qu’il y avait beaucoup de références (un effet catalogue)… De plus, je n’ai pas trouvé le récit addictif car, comme tu le soulignes, il n’y a pas beaucoup d’action, l’histoire ne s’y prêtant pas. Je suis néanmoins très contente de voir un avis différent du mieux et que tu aies aimé ! 🙂

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  4. Babitty Lapina dit :

    Ce roman me perturbe énormément. Il m’a profondément marqué, mais en même temps je n’arrive pas à savoir s’il m’a plu ou non. Il faudrait que je le relise pour me décider, mais je ne suis pas sûre d’avoir envie. On m’a prêté Pierre de vie de la même autrice, c’est bien différent, mais celui-ci a plus de raisons de me plaire ! 😀

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