Docteur Sleep

Docteur Sleep

Shining

Quatrième de couverture :

Danny Torrence, le petit garçon, qui, dans Shining, sortait indemne de l’incendie de l’Overlook Palace, est devenu un adulte. Alcoolique et paumé comme l’était son père, il est maintenant aide-soignant dans un hospice où, grâce aux pouvoirs surnaturels qu’il n’a pas perdus, il apaise la souffrance des mourants. On le surnomme Docteur Sleep. Lorsqu’il rencontre Abra, une fillette de 12 ans pourchassée par un étrange groupe de voyageurs, Danny va retomber dans l’horreur. Commence alors une guerre épique entre le bien et le mal…

.
Mon avis :

Initialement, quand Docteur Sleep est sorti, je ne m’y suis pas intéressée, même en ayant lu Shining. Parce qu’il faut le savoir, Docteur Sleep en est la suite et elle se déroule des années plus tard. En fait, j’ai beaucoup aimé Shining et j’étais assez dubitative quant à une suite : que pouvait-il y avoir de plus à raconter une fois le garçon sauvé de l’Overlook ? Et voilà que l’an dernier sort l’adaptation cinématographique de Docteur Sleep ; convaincue par la bande-annonce, je vais le voir et j’en ressors enthousiasmée : si le film m’a plu, les romans étant souvent meilleurs, plus approfondis, alors je devrais aimé – et donc, oui, il y a bien quelque chose à raconter après Shining.

Qu’est devenu le jeune Danny Torrance, le gamin sur son tricycle persécuté par des fantômes dans le célèbre roman de Stephen King ? Il est devenu Dan Torrance, tout aussi alcoolique que l’était son père, cherchant à endormir son Don et, avec, les fantômes. Débarqué dans une petite bourgade, l’homme pense que c’est sa chance, qu’il va pouvoir enfin se libérer de son passé, et notamment de l’alcool. Alors Dan refait sa vie, il travaille dans un hospice et aide les patient·es à partir sereinement pour leur dernier voyage grâce à ses pouvoirs. Il mène désormais une vie paisible et il a fait la paix avec le Don.
En parallèle, car nous suivons une fille, Abra. Elle aussi a le Don et elle aussi voit parfois des choses qu’elle aurait aimé ne pas voir. Comme ce gamin qui, rentrant du baseball, se fait kidnapper, torturer puis tuer. Ce gamin, il était également détenteur du Don, et ses assassins ont repéré Abra…
Nous suivons également Rose Claque (« Rose the Hat » en VO). Elle fait partie du Nœud Vrai, ces êtres immortels qui se nourrissent du Don des autres pour rester jeunes et éternels. Des sortes de vampires, si on veut. Rose est leur cheffe. C’est elle qui repère Abra, cette fille qui regorge du Don et qui peut donc leur conférer de la vie et de la puissance en quantités gigantesques.
C’est ainsi que nos trois personnages vont se croiser, grâce ou à cause du Don (le « shining »).

Il n’y a pas à dire, Stephen King sait raconter des histoires, il sait poser les choses, tranquillement. On redécouvre Dan, ce gamin devenu adulte qui a sombré. On le voit se reconstruire, en quête de rédemption, et, si au début j’ai été outrée par son comportement, très vite j’ai eu envie de le soutenir, de l’encourager parce qu’il cherche à réparer ses erreurs (quoique dans une premier temps, il tente plutôt d’oublier – il y a une réelle évolution du personnage et j’ai beaucoup aimé). À côté de cette familière figure, nous faisons la rencontre d’un bébé : Abra. Comme l’histoire se déroule sur plusieurs années, nous avons tout le loisir de découvrir, comme ses parents, que certaines choses qui auraient pu être des coïncidences (la prémonition du 11 septembre, par exemple) n’en sont pas et que ce petit être est pourvu de pouvoirs extraordinaires ; par son biais, l’auteur aborde le passage de l’enfance à l’âge adulte. Et puis il fait monter la tension, doucement mais sûrement, en introduisant Rose Claque. J’ai trouvé que dans le film elle était magnifique et terrifiante à la fois et c’est ce qu’elle est aussi dans le roman. Dès les premières lignes au cours desquelles nous faisons sa rencontre, nous sentons qu’il y a anguille sous roche (voire baleine sous gravillon) et pourtant elle attire irrésistiblement. À partir de là, l’histoire est lancée, on a tous les éléments, rien ne vient entacher le récit et, bien qu’il fasse plus de 750 pages (format poche), je n’ai pas vu le temps passer. Enfin si, il y a une chose qui m’a fait tiquer à la fin mais j’y reviendrai plus tard.
Il y a peut-être des gens qui trouverons la phase d’exposition trop longue mais j’ai personnellement trouvé que c’était le temps nécessaire pour redécouvrir Dan et faire la rencontre des autres protagonistes. Et il n’y a pas à dire, ils sont tous très bien écrits, que ce soient des personnages principaux ou secondaires, qu’ils soient gentils ou méchants – souvent avec des pointes de nuances. De fait, on comprend les enjeux pour tous, on veut les voir avancer, on veut voir leurs chemins se croiser…
A noter que j’ai trouvé Docteur Sleep bien moins effrayant que Shining. C’était un huis-clos, on ne savait jamais ce qui pouvait se cacher derrière les portes et Danny et sa mère étaient enfermé·es avec des fantômes et Jack, la neige bloquant les sorties de l’hôtel. Ici, les lieux sont vastes, les personnages vont d’un endroit à un autre… et si Dan n’est pas un expert, au moins la jeune Abra a-t-elle une sorte de maître qu’elle peut aisément contacter et rencontrer. Je pense que ce sont ces éléments, et le fait que j’ai vu le film, probablement, qui font que j’ai trouvé Docteur Sleep plus tranquille, si l’on peut dire – parce que bon, quand même, on n’est pas au pays des Bisounours.
Mais ce n’est pas le fait que ce roman fasse moins peur que le précédent qui m’a quelque peu déplu. Non, c’est tout le discours de l’auteur quant à l’alcoolisme et la violence. En effet, il nous dit peu ou prou que c’est dans les gènes or, d’après mon ressenti, mes observations et mes lectures diverses, ça vient plutôt de l’éducation et de la société (notamment ce qui touche à la violence). Surtout, je n’ai pas compris pourquoi King cherchait absolument à expliquer ainsi le comportement des personnages alors qu’avec les vécus des uns et des autres, leur volonté de vivre, etc., on pouvait parfaitement et simplement comprendre leur colère voire leur rage, leurs accès de violence face à leurs adversaires. Enfin, je vous en fait tout un paragraphe mais, honnêtement, comparé au reste du roman, c’est minime. J’ai vraiment aimé ma lecture.
Avec Docteur Sleep, nous avons moins affaire à un roman jouant sur la psychologie et la fragilité de ses personnages comme avait pu le faire Shining. Ici, le fantastique, le paranormal, prime. Pourtant, les personnages et leur psychologie ne sont pas oubliés. En revanche, oubliez de comparer les deux œuvres : l’une était un huis-clos avec peu de personnages, l’autre se déroule dans un monde ouvert dans lequel les rencontres sont nombreuses. Pourtant, c’est bien une suite et on sent la filiation – pas uniquement parce que c’est le même auteur ni le même héros. Non, il y a quelque chose, dans la trame, dans l’essence-même du roman, qui nous fait ressentir cette filiation.

En bref, Docteur Sleep est un roman qui succède très bien au terrifiant Shining. Très différent, ce roman de King a su me prouver que le célèbre écrivain sait bel et bien faire du neuf avec du vieux, une suite réussie à partir d’une œuvre encensée. Ainsi, je vous invite à découvrir Docteur Sleep aux côtés de Dan, Abra et Rose.

Docteur Sleep, Stephen King • Titre VO : Docteur Sleep Traduction : Nadine Gassie Le Livre de Poche • 2013 (VO) • 762 pages • 8,90€ • Genre : fantastique, horreur, terreur • ISBN : 9782253183600

Ce livre participe au Challenge de l’Imaginaire.

20 réflexions sur “Docteur Sleep

  1. topobiblioteca dit :

    Je me souviens avoir beaucoup aime ce roman mais un brin moins que shining. J’aimais shining pour le côté peur d’enfant parfaitement retranscrite par l’auteur, un vrai bon roman d’horreur. Malgré tout je suis ravie d’avoir revu Danny….

    J’aime

  2. Vampilou fait son Cinéma dit :

    Comme je te l’ai dit, je n’ai pas lu le roman, mais le film a été un véritable coup de cœur ! Et je vois que le roman est à son image, ça fait plaisir à voir 😉

    J’aime

  3. pepparshoes dit :

    J’ai tellement aimé cette suite, effectivement très différente de Shining. Je suis contente de voir qu’il a su te convaincre aussi ❤ En vrai, j'ai quasiment tous les romans de King dans ma PAL et j'ai l'impression d'en avoir lu pleeeeein alors que pas du tout xD

    Aimé par 1 personne

  4. choupaille dit :

    J’ai A-DO-RÉ Shining et Docteur Sleep m’a tout autant plu – mais quelles différences entre les deux ! Finalement je regrette un peu qu’on présente Docteur Sleep comme la suite de Shining. J’ai lu beaucoup d’avis déçus de lecteurs qui s’attendaient à un truc direct dans la lignée, hôtel hanté et folie qui guette et tout le tintouin. Or bon c’est pas le cas mais heureusement on comprend vite – le premier chapitre de Docteur Sleep en mode gueule-de-bois m’a filé une de ces CLAQUES ! C’est vachement plus riche en sensibilité et pourtant à côté de ça y a la troupe de Rose qui écorche des gamins O_o … ça fait un peu psychopathe de dire ça, mais j’ai trouvé que les deux allaient super bien ensemble.
    J’ai récemment regardé le film Docteur Sleep et je l’ai trouvé super, notamment la fin TOTALEMENT différente de celle du bouquin mais qui je crois a fait vachement plaisir à King après l’adaptation controversée de Shining par Kubric ^-^’. Il avait besoin de rectifier la chose me semble-t-il !

    Aimé par 1 personne

    • Ma Lecturothèque dit :

      Autant j’ai adoré le roman « Shining », autant je ne suis vraiment pas fan de l’adaptation. Alors que pour « Docteur Sleep », j’ai apprécié les deux, roman et film ^^ Et justement, je suis contente que « Shining » et sa suite soient si différents, ça m’a empêché de faire trop de comparaisons, et ça permet de découvrir l’envers du décors, en quelque sorte, ce qu’il y a à l’extérieur de l’hôtel 😉

      J’aime

Laisser un commentaire