Meurtres pour rédemption

Meurtres pour rédemption

Quatrième de couverture :

Marianne, vingt ans. Les barreaux comme seul horizon. Perpétuité pour cette meurtrière.
Indomptable, incontrôlable, Marianne se dresse contre la haine, la brutalité et les humiliations quotidiennes.
Aucun espoir de fuir cet enfer, ou seulement en rêve, grâce à la drogue, aux livres, au roulis des trains qui emporte l’esprit au-delà des grilles. Grâce à l’amitié et à la passion portent la lumière au cœur des ténèbres.
Pourtant, un jour, une porte s’ouvre. Une chance de liberté.
Mais le prix à payer est terrifiant pour Marianne qui n’aspire qu’à la rédemption…

.
Mon avis :

Avant de vous présenter pleinement mon ressenti, il me semble important de pouvoir vous parler librement de Meurtres pour rédemption, et je vais donc révéler pas mal d’éléments concernant les relations entre les personnages. Je n’ai toutefois pas l’intention de dévoiler les éléments de l’intrigue. Si vous souhaitez connaître mon avis sur ce roman sans spoil, je vous invite à lire ma conclusion en bas de cette chronique. Sachez simplement que j’ai tout de même lu le roman jusqu’au bout, d’une part parce que je voulais savoir si on aurait droit à la seule fin possible ou si ce serait une fin abracadabrantesque avec un retournement de situation sorti du chapeau d’un magicien. D’autre part, le roman se lit bien, la plume est efficace.
Pour les personne qui ne sont pas dérangées par les spoils, je vous laisse le soin de surligner le texte ci-dessous (je vous préviens, on va parler de violences en tous genres) :

ZONE DE SPOILS


Meurtres pour rédemption a pour personnage principal une jeune femme nommée Marianne, incarcérée depuis quelques années pour avoir commis plusieurs homicides. Le monde carcéral est dur, c’est un fait, et Marianne n’ayant pas de boulot, elle n’a alors aucun moyen de se payer des cigarettes et encore moins de la drogue. Heureusement, un gardien, Daniel, lui fournit tout ce dont elle a besoin – une sorte de deal : elle a sa drogue donc elle se tient tranquille. Mais ne pensez pas que cet homme, qui a deux fois l’âge de la prisonnière, fait cela gratuitement : non, en échange, il demande des rapports sexuels. Quoique « demande » est un bien grand mot : le contrat (tacite) est clair entre les deux : si elle veut sa came, elle donne son corps. On nous le dit clairement, ça dégoûte Marianne mais elle s’est habituée ; elle se sent humiliée mais elle n’a pas le choix, étant accro à la drogue. 
Ainsi la jeune femme se tient relativement tranquille, mais il arrive qu’une gardienne (surnommée la Marquise) lui tape sur le système, ou que quelque chose n’aille pas, ou encore que Marianne veuille pousser à bout Daniel pour voir jusqu’où il est capable d’aller, etc. Et alors là, c’est une autre violence qui se met en place : la violence physique sous forme de coups. On évite le visage, il ne faudrait pas que ça se devine de trop – alors qu’une côté fêlée, ça ne se voit pas de prime abord. Car oui, ça va jusque-là et même plus loin. Que ce soit par énervement, en guise de punition ou de vengeance, pour se défouler… De toute façon, ce qui se passe en prison reste en prison, les taulardes sont des criminelles et faut bien qu’elles paient, et Daniel n’est pas en reste, quand il s’agit de frapper.
Pourtant, Marianne et Daniel vont tomber amoureux. Eh oui ! Il la viole depuis plus d’un an en échange de came, il la brutalise, lui inflige quelques gnons de temps en temps, mais elle est si belle et elle sait se battre, encaisser les coups… Et je ne sais pas comment il est tombée amoureux. Autant, Marianne, je peux comprendre : elle est jeune, n’a aucune véritable expérience amoureuse, aucun repère, elle a besoin de s’évader d’une façon ou d’une autre de la prison où elle restera enfermée à vie, elle a besoin d’affection… C’est malsain, mais je comprends. En revanche, venant de l’homme qui mentionne même à un moment que Marianne est à peine plus âgée que sa fille, venant de l’homme qui la violente fréquemment… Non, je comprends pas. Et le pire, c’est que durant tout le roman, c’est normalisé et, quand on en a dépassé la première moitié, on a l’impression que c’est une très belle histoire d’amour. Mais non ! Ce n’est pas une histoire d’amour, c’est une histoire d’abus ! Et le pire, c’est qu’il y a d’autres personnages dans cette même veine : la Marquise qui est tellement jalouse qu’elle n’en a rien à carrer de torturer les prisonnières (sur le plan moral ou physique, du moment qu’elle est sûre de ne rien risquer), d’en pousser au suicide ou que sais-je encore, juste pour se passer les nerfs ou se venger ; Franck qui veut se taper une criminelle et assouvir ses fantasmes dans la violence… Et je viens de me rappeler : la première nuit d’amour véritable entre Daniel et Marianne ? Cette dernière est droguée et n’est pas tout à fait consciente de ce qui se passe si ce n’est qu’elle prend son pied. Un viol ? Mais non, comprenez qu’elle n’a pas dit « non », et ça lui a plu ! … Ça me sidère. Une relation aussi toxique et malsaine, basée sur la violence physique et les viols, sur un rapport de domination, et qui se retrouve romantisée, je trouve ça aberrant et très dangereux.


FIN DE LA ZONE DE SPOILS

Donc voilà, Meurtres pour rédemption, c’est un roman que je vous conseille de fuir à toutes jambes car on nous y présente une relation hyper toxique version grand amour, un amour aussi puissant que celui de Roméo et Juliette, à la vie, à la mort… C’est hyper malsain. Et pour ce qui est de l’histoire, on passe une bonne moitié du livre (qui fait presque mille pages) à vivre et revivre les mêmes choses. Il y a bien sûr de nouveaux éléments qui viennent s’ajouter au récit mais, soyons honnêtes, quand arrive la même scène que celle lue quelques dizaines de pages auparavant mais avec un autre bonhomme, ça n’apporte rien de décrire encore et encore les actes. J’ai d’ailleurs fini par survoler l’un de ces passages. Le but est de choquer ? Soit, mais une ou deux fois étaient largement suffisantes.
Pour le coup, si vous voulez lire un bon roman carcéral, je vous recommande l’autobiographie Orange is the New Black (qui a inspiré la série télévisée). On m’a également conseillé Aucune bête aussi féroce. Mais ne lisez pas Meurtres pour rédemptions ; c’est une répétition de violences (physiques, sexuelles et psychologiques) ad nauseam avec un basculement dans l’intrigue qui se fait attendre pour, finalement, répéter sensiblement les mêmes travers.
Un petit point tout de même sur le positif : j’ai apprécié la relation entre Marianne et Justine, une gardienne qui croit aux erreurs, à la rédemption, au changement. De même, j’ai apprécié VM, une autre détenue, elle aussi meurtrière, mais qui semblait bien plus intéressante que Marianne. Pour terminer, la fin du roman est certes prévisible mais elle est cohérente – il aurait été illogique qu’elle soit différente. Aussi, malgré le fait que j’ai eu très peu d’attache pour la plus grande partie des personnages, j’admets avoir été un peu touchée par cette la. Toutefois, pour moi, rien de tout cela ne sauve le roman.

Je pense pouvoir m’arrêter là même si je pourrais continuer encore longtemps : je n’ai pas du tout aimé ce roman. Il a de très bonnes notes sur Babelio, certes, pour autant je suis loin d’être la seule à ne pas avoir apprécié. En tout cas, je ne vous recommande clairement pas ce bouquin.

Meurtres pour rédemption, Karine Giébel Pocket • 2006 • 988 pages • 9,50€ • Genre : roman carcéral, relations toxiques, violences • ISBN : 9782266180740

Ce livre participe au challenge Voix d’autrices.

25 réflexions sur “Meurtres pour rédemption

  1. LadyButterfly dit :

    La série des « Aucune bête aussi féroce  » ( je crois me souvenir qu’il y en a 2 ou 3 mais je les ai lus dans les années 90 — ça fait un bail) est pas mal ; pas fun parce que l’auteur s’est complètement inspiré de son expérience carcérale.
    Après, je peux « comprendre » que les histoires de viol(s) et de autres relations malsaines sont plus courantes qu’on ne pense en prison ( pour avoir parlé souvent des personnes qui y sont allées, c’est le cas, en effet). Mais cette « histoire d’amour » avec, en plus, l’addiction de la jeune femme sans parler de la violence qui est totalement banalisée voire magnifiée, je sais que j’avais refermé le bouquin en ayant très hâte de le rendre à la bibliothèque.
    Oui, en plus, l’intrigue est assez (très) limitée (mais j’avais oublié ça, j’avoue).
    Comme toi, je l’ai terminé, histoire de savoir où tout ça me mènerait : pas bien loin.

    J’aime

  2. Collectif Polar : chronique de nuit dit :

    Whaou quelle critique.
    Ton point de vue se respecte et …J’avoue…je l’ai lu il y a fort longtemps et j’avoue avoir aimé ce bouquin, j’ai aimé l’instinct de survie de Marianne, sa haine, ses colères. J’ai compris son désir d’aimer, et d’être aimée.
    A 20 ans enfermée à perpète, seul l’espoir peut faire tenir, l’espoir et peut-être aussi un autre échappatoire, la drogue, la came comme refuge.
    «Ils ne m’ont laissé aucune chance (…) Mais j’existe encore (…) Ça leur ferait trop plaisir que je cesse le combat… Je ne leur ferai pas cette joie (…)»
    Oui c’est cru, c’est glauque, c’est sale. Il y a toutes cette violence, celle faite à Marianne et aux femmes en particulier, l’humiliation, les brimades, l’ignoble.
    Oui c’est immoral mais je ne pense pas que la morale est sa place dans ce bouquin et dans cette histoire. Pas d’intellect que des tripes…. Tu vois ce que je veux dire ?
    Et peut-être aussi cette possibilité de rédemption.
    Mais ce n’est que mon avis personnel 😉
    Et c’est ce qu’il me reste de ce roman noir très marquant et très fort 15 ans après sa lecture.
    Alors oui meurtre pour rédemption est un putain de bouquin !

    Aimé par 2 personnes

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