Quatrième de couverture :
Suis de « Qu’offrir à un snob ? » de Walter Benjamin.
« Suis-je snob ? » De cette question cruciale, la géniale romancière a fait le thème d’une méditation joyeuse et enlevée, exposée à la fin des années trente devant ses amis du Memoir Club. La réponse, évidemment, est affirmative; Car l’acuité du regard de Virginia Woolf impose tout autant à ses romans une sévère critique sociale, qu’à sa vie une vigilance absolue en matière de goût.
L’esthétique de l’existence prend chez elle la valeur d’une exigence à l’égard du réel. Des « Réflexions dans une automobile » à « La robe neuve », d’autres textes, la plupart inédits, la montrent qui laisse libre cours à ses émotions, tout en maîtrisant pleinement son art d’écrivain. C’est ainsi qu’avec les instruments de la fiction comme de la théorie, Woolf volette autour de toute chose, s’enthousiasme, s’extasie, et termine, contemplant en face « La mort du papillon ».
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Mon avis :
Suis-je snob ? est un recueil de Virginia Woolf que l’on m’a prêté et, pour tout vous dire, ce livre m’a plu dès le début. En effet, il s’ouvre sur un discours (au titre éponyme) que l’écrivaine aurait plus ou moins improvisé auprès des ses ami·es du Memoir Club et, le moins que l’on puisse dire, c’est qu’elle ne manque pas d’humour ni d’auto-dérision.
Alors, un recueil, oui, mais de quoi ? De réflexions, tout simplement. Ces réflexions, l’écrivaine les a parfois partagées à haute voix, comme c’est le cas pour Suis-je snob ?, et elle les a toujours couchées sur le papier. Les sujets sont variés, allant du snobisme aux questions de classes sociales, en passant par l’humour et la fin des belles choses. Cependant, l’on aurait tort de croire que le recueil est décousu : certes le lien apparent est l’autrice de ces textes, pourtant j’ai trouvé qu’ils se faisaient écho les uns aux autres, et ce pour diverses raisons. Par exemple, Virginia Woolf s’interroge sur le fait d’être snob avec un ton très humoristique, puis vient un texte qui nous parle du rire (La valeur du rire), abordant déjà à l’époque le sujet des femmes et de l’humour (soit disant inaccessible à ces dernières) ; par la suite, on en revient au snobisme avec un hommage à Brummel le Beau, parfait dandy ; dans La robe neuve, il est question de l’authenticité d’autrui face au snobisme ; etc. Finalement, les textes qui s’éloignent le plus de la société anglaise sont Un soir dans le Sussex où Woolf parle d’une promenade en voiture et plus des paysages anglais que des Anglais·es, et La mort du papillon. Quoique, pour ce dernier, j’ai quelque peu repensé à Brummel le Beau justement pour la joliesse de l’être présenté, et pour la fin que nous connaissons toustes, à savoir la mort.
Dans cette chronique, je ne vais revenir que sur deux textes que l’on trouve dans Suis-je snob ?, en commençant par Suis-je snob ?, évidement. Ces deux-là sont ceux qui m’ont le plus parlé et dont j’ai trouvé le discours passionnant. Pour autant, les autres écrits de Woolf ne sont pas à dédaigner ; si je ne trouve pas Un soir dans le Sussex notable, c’est bien le seul et encore, j’ai apprécié la plume. Donc notez bien que que ce n’est pas parce que je ne parle pas de l’ensemble des écrits présents dans ce recueil qu’ils n’en valent pas le coup. Bien au contraire, ils sont tout aussi prenants, intéressants, tout autant développés avec humour… C’est juste que je ne vois pas l’intérêt de vous détailler l’ouvrage d’autant plus qu’il est court et que l’écrivaine elle-même parle de ces divers sujets bien mieux que moi.
Tournons-nous désormais vers Suis-je snob ? Le snobisme, c’est être en admiration devant les personnes de la haute société et vouloir s’en approcher, en faire partie. Woolf pose la question, mais la réponse est évidente : oui, elle est snob. Toutefois, elle interroge simplement et déroule le fil de sa pensée, brodant avec des anecdotes et des touches d’humour et l’on ne s’ennuie jamais. Par ailleurs, la réflexion s’articule autour de diverses interrogations, comme de savoir qu’est-ce qui attire ? Pourquoi les gens sont-ils snobs, et plus particulièrement Virginia Woolf qui admet elle-même que c’est futile ?
La nièce d’un comte m’a beaucoup plu également ; le texte part de la nièce d’un comte, comme l’indique le titre, pour en venir aux classes sociales. En effet, il est tout à fait censé de penser que tout le monde connaît quelqu’un·e qui connaît quelqu’un·e qui connaît… et, ainsi, nous en arrivons à lier la nièce d’un comte à une personne de basse extraction. Le propos peut sembler somme toute assez banal sauf que Woolf en vient à parler d’écriture et des romanciers et romancières. En effet, page 96, elle dit alors : « Sa naissance influence son travail. Il est voué à ne pouvoir connaître intimement, et donc ne pouvoir décrire intelligemment, que les personnes de son niveau social. » Alors présenté comme cela, avec juste cet extrait, cela peut paraître très simpliste mais je vous invite vivement à lire La nièce d’un comte pour en cerner l’idée de l’autrice qui est pleine d’intelligence et très intéressante. Cela m’a fait pensé aux questions qui se posent aujourd’hui avec les interrogations concernant les auteurs et autrices own-voices (concerné·es), etc.
Suis-je snob ? se conclut avec un texte de Benjamin Walter, qu’il aurait été dommage de ne pas partager dans ce recueil. En effet, il s’intitule Qu’offrir à un snob ? et, là encore, c’est bourré d’humour, l’auteur partant du principe que vous n’aimez pas la personne. Chose aisée mais que faire comme cadeau si vous appréciez cette personne ? Bref, un petit texte très drôle.
Au final, avec Suis-je snob ?, nous avons là un recueil foisonnant bien que court, et qui est à la fois drôle et intéressant, avec des textes merveilleusement bien écrits – je suis sous le charme de la plume de Viriginia Woolf. Je ne sais que dire d’autre si ce n’est qu’il est court et qu’il se lit vite : ce serait vraiment dommage de passer à côté.
Bonne découverte à vous.
Suis-je snob ?, Virginia Woolf • Titre VO : Am I a Snob ? • Traduction : Maxime Rovere • Rivages • 174 pages • 7,50€ • essai, littérature anglaise • ISBN : 9782743628727
J’aimerais découvrir cette autrice légendaire et ce recueil me parait une bonne entrée en matière 🙂 merci pour le partage 😉 Je ne connaissais pas du tout
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Avec plaisir ❤
Si tu lis en anglais, je te conseille vivement « How Should One Read a Book? » (il existe aussi en français mais uniquement dans des recueils de textes).
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Je ne pensais pas que cette auteure avait un tel humour et une autodérision ! Du coup, tu me donnes très envie de connaître cette facette 😃
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Je n’ai lu qu’un roman (« Orlando ») et j’ai l’impression que son humour se retrouve plutôt dans ses essais, ses réflexions… Du coup j’adore =D J’espère que tu aimeras également !
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Pourquoi pas !
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Jamais testé cette auteure mais ce que t’en dis me dit bien !
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Une amie, qui adore Woolf, m’a dit préférer ses essais à ses romans et, à lire ses essais, franchement, je ne peux que comprendre et je t’encourage à commencer par ça (le plus connu étant « Un lieu à soi » ou « Une chambre à soi », selon la traduction, mais je ne l’ai pas encore lu) ^^
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Ca fait très longtemps que je me dis qu’il faut que je la lise, j’ai hâte de m’y mettre ❤ Je note tout de suite la référence, merci beaucoup ^^
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Avec plaisir ❤
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Je ne connaissais pas l’auteure, mais je suppose que les adeptes de nouvelles aimeront autant que toi ! Bel avis.
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Ce ne sont pas vraiment des nouvelles au sens où on l’entend – ça ne raconte pas d’histoire, ce sont essentiellement des réflexions 😉
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Une auteure que je n’ai jamais lu !
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Je ne l’ai jamais lue mais c’est en projet… J’aimerai vraiment découvrir sa plume!
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J’aime beaucoup sa plume, surtout lorsqu’elle écrit des textes courts et des essais !
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J’aimerais beaucoup découvrir cette autrice ! Je ne connaissais pas du tout ce recueil qui a l’air plein de réflexions très intéressantes. Est-ce qu’il y a un livre en particulier de l’autrice que tu conseillerais pour commencer à découvrir sa plume ?
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Je suis loin d’avoir tout lu de Woolf mais, pour le coup, celui-ci me paraît bien car les textes sont courts, bien écrits, parfois drôles… Beaucoup conseillent « Une place à soi » (ou « Une chambre à soi ») mais je ne l’ai pas encore lu.
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