Dent de dinosaure

Dent de dinosaure

Quatrième de couverture :

Le roman inédit de Michael Crichton, qui lui a inspiré Jurassic Park

1875. Dandy désoeuvré, le jeune William Johnson, après avoir perdu un pari, doit partir pour le Far West. Quittant son univers privilégié, l’étudiant de Yale rejoint une expédition à la recherche de fossiles préhistoriques dans les territoires reculés et hostiles du Wyoming.
Mais la plus sanglante des guerres indiennes vient d’éclater. Et avec elle un autre conflit, opposant deux célèbres paléontologues prêts à tout pour déterrer d’inestimables vestiges de dinosaures et accéder à la gloire.
Pactes secrets, trahisons et meurtres rythmeront l’épopée de Johnson, peuplée de figures mythiques de l’Ouest : chasseurs de bisons et chasseurs de primes, généraux en déroute et Sioux sanguinaires, as de la gâchette et danseuses de saloon.
Retrouvé dans les archives de l’écrivain, ce roman inédit au confluent du western et du thriller est fondé sur des faits réels. Il lui a ensuite inspiré Jurassic Park, son plus célèbre roman.

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Mon avis :

Michael Crichton, célèbre pour avoir écrit Jurassic Park, a écrit pas mal d’autres bouquins. Je n’en avais encore jamais lu (ce n’est pas l’envie qui manque) et la sortie de ce nouveau roman était pour moi l’occasion de découvrir enfin l’auteur.
Dent de dinosaure est un récit qui se base sur des faits réels – la guerre des os – et des personnages réels – Marsh, Cope, Sternberg… – tout en laissant place à une bonne part de fiction. En dehors du nom de Crichton, c’est le résumé qui m’a attirée : cette guerre des os, j’en avais déjà entendu parler lorsque j’avais été à l’exposition « Un T-Rex à Paris » au Muséum d’Histoire naturelle. A cette occasion, une part de l’histoire de la paléontologie était abordée et j’avais alors déjà pu constater que la guerre des os a occupé une place importante dans la seconde moitié du XIXe siècle (dans le domaine de la paléontologie, en tout cas). Et puis, on ne va pas se mentir, le résumé me faisait bien envie. Tout cela fait que je n’ai pas tardé à lire Dent de dinosaure.
Dans Dent de dinosaure, nous suivons essentiellement le jeune William Johnson, un riche étudiant qui, suite à un pari perdu, se retrouve alors à apprendre la photographie dans l’optique d’intégrer une expédition paléontologique. Celle-ci est menée par nul autre que Othniel Marsh, professeur à l’université de Yale et paléontologue de renom. La première partie du roman s’axe alors sur cet apprentissage du jeune homme tandis que la deuxième partie va nous permettre de suivre la fameuse expédition, toujours plus à l’ouest. Une dernière partie, qui change assez radicalement de ton, vient conclure le récit ; il s’agit alors plus d’une survie en milieu hostile, quand bien même ce milieu est citadin. L’occasion pour nous de découvrir un autre pan des Etats-Unis d’Amérique durant le XIXe siècle.
Si, à la fin, Crichton nous révèle le vrai du faux de son récit, il n’empêche que cette fiction historique est bien documentée, de même qu’elle prenante et qu’il est facile de s’immerger dedans. Je me doutais de ce qui était de l’invention de l’auteur, pourtant j’étais tellement prise dans l’histoire et l’ensemble était suffisamment étudié, travaillé, que je ne pouvais que croire à tout ce que Crichton me racontait. Oh, pas croire naïvement ; c’est une suspension volontaire d’incrédulité, où l’on accepte ce mélange de fiction et de réel que nous fait découvrir l’auteur. Et cela a donc bien fonctionné parce que le récit est prenant (je ne me suis pas ennuyée une seule seconde et j’ai même eu du mal à reposer le livre), mais aussi parce que les descriptions nous plongent suffisamment dans le passé (en nous laissant toutefois une part de notre imagination – peut-être une façon d’éviter les écueils à trop vouloir en faire, à vouloir être trop précis) et parce que les personnages que nous suivions sont attachants à leur façon. William Johnson, en tant que protagoniste principal, est évidemment celui dont on se rapproche le plus ; s’il nous paraît tout d’abord pédant et profitant de façon ostentatoire de ses privilèges de riche héritier, son acharnement pour intégrer l’expédition et son parcours au sein de celle-ci vont nous le rendre bien plus sympathique. Et puis il y a Sternberg, dont certains extraits de ses publications sont partagés, qui nous donne une vue plus globale du voyage ; cet homme nous paraît très sympathique alors que O. Marsh est rapidement perçu comme paranoïaque – mais à raison, se dit-on. On ressent l’envie de la découverte et, d’une façon ou d’une autre, on comprend ce désir et l’exaltation de la fouille, de la trouvaille. Quant à  Edward Drinker Cope, il nous apparaît passionné, avec lui aussi cet intérêt pour la découverte, mais aussi un calme apparent sous lequel bouillonne la colère… Ces deux paléontologues de renom viennent, d’une certaine façon, effacer William Johnson du récit tant ils ont de présence et de caractère. Pourtant, c’est bien l’étudiant qui récupère la place centrale dans la dernière partie du roman, nous laissant ainsi respirer dans ce désert de roches – quoique la pause sera de bien courte durée.
Cette haine entre Cope et Marsh à quelque chose de fascinant tant les deux hommes ont été jusqu’à tout oser pour perdre leur rival, pour l’humilier. Ecrire un tel roman, c’est prendre part pour l’un ou l’autre et cela n’a pas manqué, Michael Crichton décidant de nous en présenter un plus sympathique que l’autre. Toutefois, cela est certainement dû aux livres et carnets sur lesquels il s’est appuyé pour rédiger son roman. Est-ce gênant ? Non ; je me doute que la réalité a dû être bien plus complexe entre les deux paléontologues, toutefois je comprends la nécessité d’avoir un antagoniste, d’avoir un « méchant » à pointer du doigt. De plus, en lisant Dent de dinosaure, on comprend bien que nous sommes d’un point de vue situé : nous sommes au sein d’une expédition, l’autre est donc la rivale, celle qui va tenter de nous mettre des bâtons dans les roues.
Dent de dinosaure est également l’occasion d’une plongée dans le Far West. Entre les plaines verdoyantes, les déserts rocheux et les villes qui se construisent, c’est tout une époque qui se dessine sous nos yeux. Et si, à quelques exceptions près, je ne suis pas particulièrement friande des westerns, je dois bien avouer que j’ai pris beaucoup de plaisir à découvrir toute cette histoire. Il y a un parallèle évident avec les chercheurs d’or – dont il est d’ailleurs question dans le roman -, mais c’est aussi l’époque des guerres contre les indigènes (appelées « guerres indiennes »). Les colons ont signé des accords avec des tribus nord-amérindiennes, ont donné leur soutien à d’autres… et promis de ne pas empiéter sur leurs territoires. Nous savons que cela est faux ; l’appel de l’or était bien plus fort et la fragile paix en a pris un coup. Mais les chercheurs d’or n’étaient pas les seuls fautifs et, sur fond de guerre des os, c’est une toute autre histoire qui se dessine dans Dent de dinosaure. Michael Crichton n’a pas seulement étudié la rivalité entre Marsh et Cope, il a cherché à en savoir plus sur les événements de cette époque et, en nous les partageant, son récit prend, à mon sens, plus d’ampleur.

Light And Smell ne me contredira pas, Dent de dinosaure est un très bon roman mélangeant fiction, aventure et Histoire. Son ambiance parfois suffocante ne manquera pas de vous plonger au cœur des strates de la préhistoire, en pleine guerre des os.
Bonne lecture à vous.

Dent de dinosaure, Michael Crichton • Titre VO : Dragon Teeth • Traduction : Pierre Brévignon • L’Archipel • 2021 (2017 pour la VO) • 350 pages • 21€ • Genre : western, paléontologie, guerre des os • ISBN : 9782809841398

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