Quatrième de couverture :
« Homme. – Animal raisonnable. En ce sens,
il comprend toute l’espère humaine, et se dit de tous les deux sexes »
(Dictionnaire de l’Académie, 1re édition, 1694).Depuis quand, pourquoi, par quel détour le mot « homme » en est-il venu à désigner le genre humain tout entier ? Et comment se fait-il que tant de francophones ne songent pas à questionner cet usage totalisant ?
Au fil d’une passionnante enquête, Éliane Viennot revient sur l’étymologie du terme, sur son sens premier et son sens sublimé par la grâce d’institutions puissantes, sur les contradictions et les confusions que cela n’a pas manqué de provoquer. Ce livre est l’histoire d’un abus de langage qui a hissé le mâle de l’espèce au rang de représentant absolu de l’humanité.
Au pays de l’Homme de Cro-Magnon, du Musée de l’Homme, des Maisons des Sciences de l’Homme, des Droits de l’Homme, etc., cette histoire relève d’une exception française qui sent fort l’imposture masculiniste. Il est tant que le bonhomme regagne son lit – sémantiquement parlant – et laisse place aux autres individus du genre Homo : tous les humains, hommes compris.
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Mon avis :
Qu’est-ce qui peut bien se cacher derrière la couverture d’un livre au titre aussi radical ? Rien de bien méchant, je vous rassure – simplement du pertinent et de l’intéressant.
De quoi parle donc En finir avec l’Homme ? Je pourrais vous dire de lire la quatrième de couverture ci-dessus car c’est très bien résumé, mais le but d’une chronique n’est-il pas de vous faire un retour ? En tout cas, c’est ce que je tache de faire depuis ces quelques années que je tiens mon blog. Alors c’est parti, retour sur le dernier livre d’Éliane Viennot !
Éliane Viennot, elle connaît bien la langue française, et cela fait un bon moment qu’elle la déconstruit pour mieux la reconstruire. Pour ma part, je l’ai connue avec ses conférences (disponibles sur YouTube), notamment sur l’écriture inclusive. Ce que j’aime, dans ses livres ou dans les discussions/débats, c’est que son propos est toujours juste et qu’elle exprime ses idées de façon claire ; ce ne sont pas des essais auxquels on ne comprend rien car ils seraient adressés à un public bien spécifique. Non, vraiment, les propos de Viennot sont à la portée de tout le monde. Et En finir avec l’Homme ne déroge pas à la règle.
Première particularité de ce livre, c’est qu’il est au format poche. Mais vraiment poche – celui qui tient dans toutes les poches, pas le Folio ou Livre de Poche qui sont plus grands et ne tiennent que dans des poches de taille conséquente. Ça m’a agréablement surprise et j’ai ainsi pu l’emmener partout avec moi le temps de ma lecture, sans m’encombrer d’un sac – bonheur ! De fait, c’est écrit assez petit mais l’interlignage reste toutefois aéré donc ce n’est pas particulièrement gênant. Passons maintenant au contenu du livre.
Peut-être y aurez-vous prêté attention, « Homme » dans le titre s’écrit avec une majuscule – ce qui ne se voit pas sur la couverture, je vous l’accorde, puisque tout est écrit en lettres capitales. Qu’importe, vous lisez mon retour et vous voyez donc la différence. Depuis le temps, nous sommes habitué·es à ce que « l’homme » désigne le mâle de l’espèce humaine, tandis que « l’Homme » se réfère à l’espèce humaine dans sa globalité. Oui, mais alors, pourquoi ne pas dire « Humain » à la place ? Pourquoi parle-t-on des Droits de l’Homme alors que les autres pays, dans leur langue, parlent des Droits de l’Humain (exemple en anglais : « Human Rights ») ? C’est sur cette imposture que l’autrice d’En finir avec l’Homme revient. Si le sujet est clairement présenté, bien documenté, à la fois intéressant et pertinent, on y retrouve aussi, comme dans nombre de ses textes, une touche d’humour – pas du genre à vous faire mal au bide tellement vous riez, mais d’un cynisme bienvenu, qui prête à sourire en lisant ses réflexions. C’est l’une des choses que j’apprécie chez Viennot.
Pour en venir à l’éradication de l’Homme (dans les textes de loi, dans les noms de musées…) et pour comprendre comment notre langage en est arrivé là, la professeuse revient sur l’histoire des mots – j’adore, je trouve ça super intéressant ! Ainsi ce livre fait écho à d’autres de ses écrits puisque cette histoire de la langue française est primordiale pour comprendre pas mal de choses (pourquoi « autrice », « poétesse », « maréchale-ferrante »… ont été oubliés, par exemple). De fait, si vous lisez En finir avec l’Homme, je ne serais pas étonnée que vous alliez ensuite visionner ses conférences et lire ses autres ouvrages (ou dans n’importe quel ordre vous faites les choses puisque, pour moi, c’est regarder une conférence qui m’a donné envie de lire les textes de Viennot).
Une chose merveilleuse avec les essais, c’est que ça nous permet de cogiter et, pourquoi pas, de pousser plus loin la réflexion. La mienne est la suivante : « humain » (avec ou sans majuscule) est le masculin d’« humaine » ; il n’y a pas de mot épicène. Là encore, le masculin représente soi-disant l’universalité. Voilà, je pose ça là, ça fera une chose supplémentaire sur laquelle se questionner et approfondir le sujet.
En finir avec l’Homme est un essai court, facilement accessible et, à mon sens, nécessaire. Je suis convaincue de l’importance des mots au quotidien, que ce soit dans une utilisation de tous les jours ou pour des textes administratifs ou plus exceptionnels. Ainsi, je ne peux que vous encourager à lire ce texte d’Éliane Viennot (et pourquoi pas les autres qu’elle a écrit).
Bonne lecture à vous.
En finir avec l’Homme, Éliane Viennot • Editions iXe • 2021 • 120 pages • 6,50€ • Genre : essai, féminisme, langue française • ISBN : 9791090062702
Par son accessibilité, je dois dire que tu m’as convaincu, je serai curieuse d’y jeter un œil !
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Je te souhaite d’en avoir l’occasion ^^
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Ah, c’est une question que je me suis de nombreuses fois posé ! C’est vrai que ça doit être intéressant, et si en plus c’est accessible, pourquoi pas !
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Je m’étais aussi posée la question, le choix des mots n’étant jamais anodin. J’avoue que je me doutais un peu de la réponse, mais j’ai tout de même découvert plein de choses ! Mon intuition était bonne, quoique incomplète. Je te souhaite d’avoir l’occasion de lire ce petit ouvrage =)
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Le format est surprenant du coup, mais si c’est accessible ca peut être super intéressant !
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pourquoi pas, ça semble intéressant!
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Comme je te l’ai déjà dit, ce titre m’intéresse beaucoup et tu confirmes tout ce que j’espère y trouver.
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Bonne future lecture à toi ! J’espère qu’io te plaira autant que les autres textes de Viennot 💜
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Merci ! J’espère aussi, mais je n’ai pas tellement de doutes !
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Il me semble nécessaire de le lire, merci pour ton retour !
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Avec plaisir ☺
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Je la connais seulement de nom, cette dame, probablement pas prête de la lire de sitôt, je vais me pencher sur ses apparitions vidéo plutôt.
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ah mince, moi qui croyait que c’était pour les exterminer xD
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Ahah, ce serait là un tout autre sujet, en effet X)
Cela dit, c’est bien ce que Valerie Solanas propose dans « SCUM Manifesto » !
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Bonjour,
Le titre m’interpelle et ton retour ouvre déjà la réflexion.
Je vais noter ce titre. Merci beaucoup.
Je te souhaite une excellente journée.
A bientôt.
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Bonjour,
Ravie de te voir intriguée par ce livre. Je te souhaite de pouvoir le découvrir et pousser la réflexion un peu plus loin.
Passe une bonne soirée !
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