Ce sera moi

Ce sera moi

Quatrième de couverture :

Skye Shin a tout entendu. « Les filles grosses ne devraient pas danser. Elles ne devraient pas porter des couleurs vives. Elles ne devraient pas attirer l’attention sur elles. »
Pourtant Skye rêve de devenir une star de K-pop, quitte à briser toutes les règles que la société, les médias et même sa propre mère ont établies pour les filles comme elles.
Quand elle se présente à un concours télévisé, Skye est prête à tout pour remporter la victoire.
Mais rien ne l’avait préparée à la grossophobie des membres du jury, aux haters sur les réseaux sociaux et, encore moins, à un rapprochement avec un de ses concurrents…

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Mon avis :

Skye Shin est une Américaine d’origine coréenne âgée de 16 ans. Elle danse depuis toute petite, bien que sa mère réprouve cela. En effet, Skye est grosse et sa mère pense que les gros·ses n’ont pas à danser – lui vient en tête le qu’en dira-t-on avant le bonheur de sa fille. Or, après des années de brimades de la part de ses camarades, de violentes remarques venant de sa mère…, l’adolescente se sent désormais bien dans corps, d’autant plus qu’il ne l’empêche pas de faire ce qu’elle aime : danser et chanter. Alors, quand les auditions pour un célèbre concours télévisé de danse et de chant débute, elle décide de tenter sa chance. Et c’est là que commence notre histoire.
Je vais être honnête avec vous, je n’ai pas trouvé Ce sera moi révolutionnaire : c’est typiquement le genre de roman plein de positivisme, qui dénonce quelque chose (ici, la grossophobie), qui parle de vivre ses rêves, d’être bien dans son corps, qui parle de passion, d’amitiés et d’amour, etc. Toutefois, je ne peux pas nier que j’ai passé un bon moment à lire ce bouquin, au contraire, et on doit cela à plusieurs raisons.
L’écriture est somme toute assez banale ; c’est un texte à la première personne, au présent, une adolescente qui nous raconte ses auditions, ce qu’elle subit, les rencontres qu’elle fait… Rien de profond, d’ailleurs, mais nous sommes-là pour passer un bon moment. Cela n’empêche pas pour autant l’autrice d’aborder des sujets importants et parfois graves : je vous ai parlé de grossophobie et ça en fait partie, mais il est aussi question des relations mère-fille, d’homosexualité et de bisexualité, de se faire accepter ou non par la société mais aussi par la famille, et il est justement beaucoup question du poids de la société et des convenances. Et en fait, rien que pour ça, Ce sera moi vaut le coup d’être lu. Mais plus de choses m’ont plu, notamment les personnages, à commencer par Skye.
Skye apparaît comme une personne lumineuse ; oui, elle se prend parfois des réflexions désagréables (voire horribles) et, même si elle fait mine d’être au-dessus de tout ça, ça la blesse, ça l’énerve… Mais c’est aussi ce que j’ai apprécié chez elle, d’autant plus qu’à certains moment, la jeune femme prend son courage à deux mains et dit tout haut (et devant les caméras) ce qu’elle pense de tout ça. Elle en profite pour faire passer des messages, elle s’empare de ce moyen de communication pour transmettre son ras-le-bol aux bourreaux, son courage et sa force à ses allié·es. Il y a quelque chose de vrai dans son vécu, et c’est une héroïne entière, qui veut croire en elle et en l’égalité des chances, qui veut prouver aux autres et à elle-même que ce sont elleux qui ont tort, que oui, elle peut danser – et très bien, même. Mais c’est aussi une adolescente tout ce qu’il y a de plus banale : elle aime savourer de bons tacos avec ses ami·es, elle va au lycée et bosse ses cours, elle passe du temps sur les réseaux sociaux…
Dans la compétition, elle est soutenue par son partenaire, Henry, qui est mannequin et a déjà une certaine célébrité. Le jeune homme semble mener une vie parfaite, pourtant il est très seul et ses sorties sont très limitées et cadrées. Skye va être pour lui une rencontre libératrice. Aussi, faire connaissance avec Lana et Tiffany, deux autres compétitrices, va également être salvateur – à la fois pour Skye et pour Henry. Je les ai aussi beaucoup appréciées : elles ont un côté extravagant mais, sous leurs airs plein de légèreté, elles ont conscience de la gravité du quotidien ; elles sont optimistes malgré certains événements de leur vie assez difficiles, et ce sont de véritables amies et soutiens pour notre héroïne – et pas seulement durant la compétition mais aussi en-dehors.
Enfin, ce qui m’a également plu, c’est cette idée, cette transmission d’empouvoirement du roman. En effet, Skye Shin est une héroïne à la fois attachante et inspirante. Son combat et ses propos ne sont pas juste là pour raconter une belle histoire, non, ils sont aussi là pour faire bouger les choses, notamment auprès des ados à qui est destiné Ce sera moi – tout du moins espéré-je que de tels livres arrivent, petit à petit, à changer les a priori et faire de nos sociétés des lieux où chacun·e puisse se sentir bien en étant soi-même.

Sans avoir fait chavirer mon cœur, Ce sera moi m’a apporté un bon moment de lecture et ses personnages, notamment ses héroïnes Skye et Lana, mais aussi Henry, auront su m’emporter dans leur aventure et me faire, par moment, vibrer par leurs actions, aussi minimes peuvent-elles sembler.
Ce roman est dans l’air du temps ; je le recommande plutôt aux ados, en espérant qu’iels puissent y trouver des modèles d’émancipation et, avant toute chose, qu’iels passent un bon moment de lecture.

Ce sera moi, Lyla Lee • Titre VO : I’ll be the one • Traduction : Axelle Demoulin et Nicolas Ancion • Hachette • 2020 • 218 pages • 17€ • Genre : grossophobie, K-pop, ado • ISBN : 9782017110750

Ce livre participe au challenge Voix d’autrices.

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