Revenants et diableries

Revenants et diableries

Quatrième de couverture :

Une main tranchée qui se venge de son bourreau, une statue maléfique qui se choisit un mari, une veuve obligée de déterrer son époux pour respecter ses dernières volontés, une défunte qui se transforme en loutre malfaisante, un étudiant aux prises avec le terrifiant fantôme d’un juge, une chambre sinistre où les chandelles s’éteignent seules pour céder la place à des ténèbres suffocantes, un musicien qui semble un ange de la mort… Les revenants sont partout dans ces nouvelles, le diable aussi, d’ailleurs, qu’il surgisse dans la peau d’un acteur ou dans celle d’un enfant de chœur…
Oui, dans ces histoires, réunies et présentées par Christian Poslaniec, poète, essayiste et spécialiste de la littérature de jeunesse, il y a des créatures de la nuit terrifiantes, des choses innommables, des maisons hantées et des revenants qui pensent avoir encore leur mot à dire…

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Mon avis :

Christian Poslaniec, que j’ai (re)découvert avec l’anthologie D’étranges visiteurs, a réitéré l’exercice du recueil, en se penchant cette fois sur des nouvelles d’épouvante. On y trouve des auteurs classiques, connus pour la plupart ; les textes sont bien écrits, bien traduits (certains par Poslaniec lui-même, l’occasion pour nous de découvrir quelques pépites), et surtout ils sont prenants. Il a beau s’agir de nouvelles, on entre vite dans les histoires qui nous sont présentées, et l’on s’attache vite aux personnages. Tout ça, on le retrouve pour chacun des textes qui composent Revenants et diableries. De même, avant chaque récit, Christian Poslaniec nous propose une courte biographie des différents écrivains, nous parlant au passage de leur rapport au fantastique – c’est court mais intéressant, et ça donne quelques pistes pour prolonger la découverte.
Finalement, mon seul regret, comme je vous le disais dans mon bilan mensuel d’octobre, est qu’il n’y ait aucune écrivaine présente dans cette anthologie – mais le nouveau livre Anthologie de l’épouvante y remédie puisque l’on y retrouve Amelia B. Edwards, Selma Lagerlöf, Mildred Johnson, etc. (je n’en connais aucune, mais il me tarde de les découvrir!). Quoiqu’il en soit, revenons-en à Revenants et diableries ; je vais vous présenter chacun des textes de façon succincte et vous donner mon ressenti.

La main, Guy de Maupassant : l’avais-je déjà lu ? Je ne sais plus, mais le sentiment a persisté tout au long de ma lecture. Qu’importe, ça a été vraiment une très bonne entrée en matière tellement cette nouvelle m’a fait frissonner ! Un homme a chez lui une main exposée, retenue solidement par des chaînes ; le plus effrayant, c’est qu’il en a peur.

La Vénus d’Ille, Prosper Mérimée : cela fait à peu près depuis le collège que je souhaite découvrir cette nouvelle – ma sœur l’avait étudiée – mais, je ne sais pour quelle raison, je ne m’étais jamais lancée. Quelle erreur d’avoir tant attendu ! Comme plusieurs des textes de Revenants et diableries, celui-ci est raconté à la première personne et, si l’on s’attend à certaines choses en tant que lecteurs et lectrices assidu·es, La Vénus d’Ille nous réserve tout de même quelques surprises – quand on en vient à avoir peur des objets (je suis convaincue que les Anges pleureurs de Doctor Who s’inspirent de tels récits).

Le bracelet de cheveux, Alexandre Dumas : l’histoire douce-amère d’un couple qui doit se séparer pour quelques temps ; pourtant, profitant de cet éloignement, le malheur frappe. Dumas nous partage des signes (annonciateurs de malheur, que l’on retrouve dans de nombreuses croyances) mais surtout nous écrit-là une belle (et tragique) histoire d’amour. Là aussi, comme pour les textes précédents, c’est une très bonne découverte.

Laura, Saki : ce court récit apporte une sacrée touche de malice au recueil – mais quelle malice ! Pas celle, charmante, que l’on apprécie partager, mais plutôt celle, un brin cruelle, dont l’on espère ne pas être la cible. Je ne connaissais pas du tout cet écrivain et je suis ravie de l’avoir découvert avec Laura, qui m’a agréablement surprise malgré la méchanceté de certains protagonistes ; c’est l’histoire d’une femme très espiègle (parfois poussant la blague trop loin) qui est mourante. Elle confesse à une amie penser avoir été trop mauvaise pour ne pas se réincarner en être inférieur, comme une loutre. Quelques jours plus tard, alors que la défunte n’est pas mise en terre, une loutre sévit déjà, faisant des ravages…

La maison du juge, Bram Stoker : cet écrivain est plus connu pour Dracula que pour autre chose, et ça a été un plaisir de découvrir ce récit assez glaçant. Un jeune homme décide de louer une maison pour être au calme afin de travailler ses examens ; cela tombe bien car tout le monde évite cette maison : personne ne saurait lui dire pourquoi, mais tout le monde s’en méfie, elle porterait malheur ! Pour sûr, il pourra bosser tranquillement. Eh bien je peux vous dire qu’avec La maison du juge, j’ai eu un peu les chocottes… Là aussi, le texte est bien écrit, il est prenant et on se laisse vite embarquer dans le récit.

La chambre rouge, H.G. Wells : il s’agit-là d’un récit qui joue beaucoup sur la peur et nous interroge : de quoi avons-nous peur ? C’est un bon récit – certes, pas mon préféré, mais il me laisse tout de même un vif souvenir. L’ambiance est bien décrite et, petit à petit, tout comme le personnage principal, on vient à craindre quelque chose…

Le blanc et le noir, Erckmann-Chatrian : c’est un soir de tempête ; l’après-midi même, le corps sans vie d’une jeune femme a été retrouvé. Elle s’était enfui avec l’homme qu’elle aime, désormais présumé coupable – il aurait pris la clé des champs. Et voilà que, en ce soir pluvieux et venteux, des appels au secours se font entendre. Je suis bien incapable de vous en dire davantage, car je ne me souviens déjà plus vraiment de l’histoire. Cette nouvelle est celle qui m’a le moins marquée. Je l’ai appréciée, mais elle n’est en rien comparables aux autres que j’ai adoré.

Deux acteurs pour un rôle, Théophile Gautier : un homme interprète le rôle du terrible Méphistophélès – il est remarquable, à en croire le public. Et voilà qu’un individu vient lui dire qu’il est mauvais ! J’ai grandement apprécié cette nouvelle de Gautier, c’est une très bonne découverte, pleine de malice, sans réelle horreur mais avec toutefois une inquiétude latente.

Les trois messes basses, Alphonse Daudet : cette nouvelle prend place à Noël, alors qu’un prête se prépare à célébrer les trois messes du soir. Il paraît que le repas organisé par le seigneur sera des plus succulent, avec des mets raffinés et si appétissants. La tentation est grande de se dépêcher d’en finir avec les messes, mais ne serait-ce pas là l’œuvre du Malin ? C’est un récit quelque peu prévisible car j’en ai déjà lu des similaires dans les textes d’Anatole Le Braz, pourtant, c’est toujours un plaisir à lire !

Vous l’aurez compris, à part pour la nouvelle Le blanc et le noir, appréciable mais pas mémorable, j’ai adoré mes lectures. Que de bonnes découvertes !
Pour qui est-ce ? Pour tout le monde : si vous voulez lire des écrivains classiques, ou si vous voulez frissonner (mais pas être mort·e de trouille), jeunes ados (à partir de 11 ans) ou adultes, etc., tout le monde y trouvera son compte.
Bonne lecture à vous.

Revenants et diableries, textes réunis par Christian Poslaniec  Ecole des loisirs • 2017 • 215 pages • 6,10€ • Genre : recueil, fantastique, fantômes • ISBN : 9782211227841

Ce livre participe au Challenge de l’Imaginaire.

18 réflexions sur “Revenants et diableries

    • Ma Lecturothèque dit :

      Je ne les connaissais pas du tout mais j’ai vu qu’il avaient pas mal écrit, et que certains de leurs livres ont eu droit à des adaptations. Si je lis d’autres de leurs textes, ce sera plutôt des contes – les romans patriotiques ne m’intéressent pas.

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  1. Christian Poslaniec dit :

    Un grand merci pour cette lecture passionnée et approfondie de « Revenants et diableries » et l’évocation du dernier né, dans la même collection, « Anthologie de l’épouvante ». Lire cette chronique engagée m’a fait un peu revivre les rencontres émotionnelles avec les centaines de nouvelles parmi lesquelles je choisis celles qui me semblent encore pouvoir plaire à des lectrices et lectrices d’aujourd’hui. Encore merci pour ce double plaisir. Christian Poslaniec

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