Premières lignes #301

Cette nouvelle année commence sur les chapeaux de roue, pour moi, car je prépare mon déménagement. Je vais tout de même tâcher de publier quelques chroniques et les bilans (notamment celui du Challenge de l’Imaginaire de 2021) dans les jours à venir mais, soyons honnêtes, je ne vais pas trop pouvoir vous répondre au cours des deux semaines à venir. Toutefois, je tiens à vous souhaiter une merveilleuse année 2022, que vous puissiez concrétiser vos projets, vivre de belles aventures et que vous soyez entouré·es de bonheur 🎉

Nouveau dimanche, nouveau rendez-vous des Premières lignes ! Aujourd’hui, j’ai pris un livre au hasard dans mes cartons ; c’est un roman de Sarah Waters qui traîne depuis longtemps dans ma PAL (il serait bien que je l’en sorte en 2022, ne croyez-vous pas?).

Le principe : chaque semaine, je prends un livre et je vous en cite les premières lignes du récit. Pensez à mettre le lien de votre RDV en commentaire de l’article ou, si vous avez une page ou une catégorie dédiée, n’hésitez pas à me le faire savoir ; cela facilitera l’actualisation.

N’oubliez pas de me citer, ça fait toujours plaisir ♡

 

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Donc voilà, se dit Kay, voilà le genre de personne que je suis devenue : quelqu’un dont les pendules et les montres se sont arrêtées, et qui peut dire l’heure en regardant en bas quel nouvel estropié sonne à la porte de son logeur.
Elle se tenait devant la fenêtre ouverte, vêtue d’une chemise sans col et d’une culotte grisâtre, fumant une cigarette et observant les allées et venues des patients de Mr Leonard. Ils étaient ponctuels — si ponctuels qu’elle pouvait effectivement dire l’heure en les voyant arriver : la femme au dos cassé, le lundi à dix heures ; le soldat blessé, le mardi à onze. Tous les jeudis, c’était un homme âgé, assisté par un jeune homme à l’air un peu égaré : Kay aimait bien surveiller leur arrivée. Elle aimait bien les voir remonter lentement la rue : l’homme impeccable dans son costume sombre de croque-mort, le garçon sérieux, patient, séduisant aussi — comme une allégorie de la jeunesse et du grand âge, se disait-elle, sur une toile de Stanley Spencer, ou un de ces peintres modernes excessivement réalistes. Après eux, c’était le tour d’une femme accompagnée de son fils, un gamin affligé de lunettes et d’un pied bot ; après, d’une vieille Indienne souffrant de rhumatismes. Le petit garçon traînait parfois, s’amusant à gratter la mousse et la poussière accumulées entre les dalles brisées de l’allée avec sa chaussure d’infirme, tandis que sa mère discutait avec Mr Leonard, dans l’entrée. Une fois, récemment, elle avait levé les yeux au ciel et vu Kay qui les observait ; et elle avait entendu le petit faire une comédie dans l’escalier car il ne voulait pas aller aux toilettes tout seul.

Ronde de nuit, Sarah Waters, 2006.

Ronde de nuit

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7 réflexions sur “Premières lignes #301

  1. Les lectures de Marinette dit :

    Je n’ai jamais lu l’autrice et je ne connais pas ce livre, mais les premières lignes rendent curieuse d’en savoir plus !
    Il faut que je pense à participer à ce rendez-vous littéraire ! Cela me permettrait de mettre en avant des livres de ma pile à lire et peut-être me donner envie de les en sortir 😊

    Aimé par 1 personne

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