Résumé de l’éditeur :
Une réinterprétation féministe de l’œuvre de Dracula
Le jour de leurs prédictions, où elles auraient dû découvrir leurs destinées, Lil et sa sœur jumelle Kizzy sont arrachées à leur communauté de Voyageurs et réduites à l’esclavage par le cruel seigneur Valcar.
Forcée à travailler dans les cuisines du terrifiant château, Lil trouve du réconfort auprès de la douce Mira. Mais autour d’elles, des jeunes filles disparaissent tous les jours sans laisser de trace, et personne ne sait ce qu’elles deviennent… Quand arrive le tour de Kizzy, Lil est prête à tout pour sauver sa sœur des griffes du Dragon qui les tient en otage. Mais elle ignore que ce qu’elle va découvrir surpasse toutes ses craintes…
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Mon avis :
Je me demande toujours comment est écrit un résumé. Il faut qu’il donne envie, oui, mais je ne vois pas toujours le rapport entre ce qui nous est présenté et ce que l’on lit par la suite. Ici, il est question d’une « réinterprétation féministe de l’œuvre de Dracula » et je dois bien avouer, maintenant que j’ai lu Les filles qui ne mouraient pas, être assez perplexe. Que l’on parle des Graciées, un autre roman de Kiran Millwood Hargrave, comme d’un récit féministe, je comprends, mais ici, j’ai l’impression que c’est uniquement pour lui accoler une étiquette assez tendance. Or, avoir des héroïnes qui se battent pour leur survie, avoir une relation lesbienne, avoir de jeunes femmes luttant pour obtenir leur liberté, ça n’en fait pas systématiquement une œuvre féministe. Pour moi, Les filles qui ne mouraient pas est certes un roman qui met en avant des jeunes femmes en quête de liberté, cherchant à se défaire du joug de leurs oppresseurs, mais ça s’arrête là et ça n’en fait pas un roman féministe. Maintenant que les choses sont dites de ce côté-là, passons à mon retour sur ce récit.
Avec Les filles qui ne mouraient pas, Kiran Millwood Hargrave a voulu donner une histoire aux compagnes de Dracula, rapidement évoquées dans l’œuvre éponyme de Bram Stoker. C’est ainsi que nous suivons deux sœurs jumelles, Lil (la narratrice) et Kizzy (la plus belle et envoûtante). Ce sont deux Voyageuses, que les Installé·es nomment Tsiganes, et alors que leurs proches se retrouvent massacrés, elles sont enlevées pour travailler aux cuisines d’un seigneur local, Valcar.
En écrivant ma chronique, je m’interroge : la première partie du roman, allant de l’emprisonnement des jumelles au spectacle devant le seigneur Valcar, n’est-elle pas un peu trop longue ? Cela ne m’a pas paru être le cas, durant ma lecture ; j’ai trouvé que les choses se mettaient bien en place, que l’on découvrait les différents enjeux et que l’on en apprenait suffisamment sur les personnages, etc. Le rythme était bon, quoique je pense que d’autres que moi le trouveront peut-être un peu mou, cette partie du récit étant loin de faire le plein d’action. A contrario, j’ai trouvé la seconde partie un peu précipitée tandis que d’autres préfèreront ce rythme. Pour ma part, qu’il s’accélère, c’est normal, une urgence prend place. Cela dit, je pense que, même en ajoutant de l’intensité à la lecture, il était tout à fait possible de creuser un peu plus les personnages et leurs relations les uns aux autres. Car en effet, c’est là mon réel problème avec Les filles qui ne mouraient pas : ce déséquilibre dans la narration affecte la profondeur qu’auraient pu avoir Lil, Kizzi et les autres.
La première partie du roman creuse assez bien les liens entre les deux sœurs, avec parfois une touche de jalousie pour l’une, un poil de mépris pour l’autre, mais surtout beaucoup d’amour entre les deux. En revanche, le cercle des relations finit par s’ouvrir et cela reste finalement assez superficiel. Le sentiment amoureux n’est pas aussi simple qu’il y paraît à traiter. Même si l’on comprend tout des sentiments de Lil, de ceux d’un garçon – un amoureux transi –, etc., on reste toutefois trop en surface. C’est bizarre, venant de ma part, alors que je ne suis pas une grande fan des romances mais, pour être honnête, dans ce roman, les différentes formes d’amour (entre sœurs, entre amant·es…) m’ont plu et j’aurais donc aimé que ce soit mieux traité, donc plus creusé, pour le coup. Car ce qu’il faut bien savoir avec Les filles qui ne mouraient pas, c’est que tous les actes sont guidés par ce sentiment et que tout part de l’amour, beau et inconditionnel, de la famille.
Pour le reste, c’est une histoire sympathique qui nous plonge en Valachie, une région roumaine. On (re)découvre des croyances et un peu du folklore roumain (Dracula est d’ailleurs bien présent, mais en toile de fond, tel une sourde menace qui plane au-dessus de la région) ; certains mots dans cette langue (me semble-t-il) accentuent l’immersion… J’ai d’ailleurs beaucoup aimé les passages qui prennent place dans des forêts car je les visualisais, peut-être plus grâce à mes souvenirs de mon voyage que grâce à l’écriture. Celle-ci n’en reste pas moins agréable et nous propose tout de même pas mal de détails (mais plus centrés sur les personnages).
A me lire, cela ne saute peut-être pas aux yeux, mais Les filles qui ne mouraient pas a été pour moi un bon moment de lecture qui m’a fait voyagé à l’autre bout de l’Europe, me faisant redécouvrir le folklore des vampires. Alors oui, une lecture imparfaite, mais une lecture plaisante.
Si vous avez lu ce roman, je suis curieuse d’avoir votre retour.
Les filles qui ne mouraient pas, Kiran Millwood Hargrave • Titre VO : Deathless Girls • Traduction : Anne Delcourt • Michel Lafon • 2021 • 462 pages• 16,95€ • Genre : fantastique, Valachie, sœurs • ISBN : 9782749947037
Ce livre participe au Challenge de l’Imaginaire.
D’autres en parlent sur leur blog : Maven Litterae
Effectivement, nous pointons tu doigts la tromperie du résumé et de sa phrase d’accroche étant juste là pour faire vendre. Je déplore ce procédé qui m’a fait avoir de trop grandes attentes concernant ce roman qui m’a semblé manquer de réel fil rouge. Par conséquent et contrairement à toi, j’ai trouvé l’intrigue assez brouillonne par moments et j’avoue n’en garder qu’un très vague souvenir, si ce n’est la poésie de la plume de l’auteure.
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Je n’ai même pas apprécié particulièrement la plume de Kiran Millwood Hargrave dans ce roman. Autant, dans « Les Graciées », oui, mais ici, rien de marquant, c’est déjà oublié.
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Tu fais bien de faire la différence entre un roman féministe et un roman sur les femmes, ce dont deux choses différentes.
Pour en revenir à ce roman, malgré les problèmes de rythme que tu pointes, j’avoue que ça m’intrigue de découvrir cet univers et le destin de ces femmes. Merci pour la découverte
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au vu de ce que tu indique, je ne pense pas qu’il soit pour moi
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Il me faisait déjà très envie, mais après avoir lu ton avis, il me fait encore plus envie ! Parce qu’à travers tes mots, je trouve que l’on ressent vraiment à quel point tu l’as aimé, malgré les quelques bémols…
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Je te rejoins sur l’étiquette féministe que l’on trouve maintenant accolé à tout va sur des œuvres, dès qu’elles mettent en scène des personnages féminins !
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