Résumé de l’éditeur :
Nombre de femmes et d’hommes qui cherchent l’épanouissement amoureux ensemble se retrouvent très démunis face au troisième protagoniste qui s’invite dans leur salon ou dans leur lit : le patriarcat. Sur une question qui hante les féministes depuis des décennies et qui revient aujourd’hui au premier plan de leurs préoccupations, celle de l’amour hétérosexuel, ce livre propose une série d’éclairages.
Au cœur de nos comédies romantiques, de nos représentations du couple idéal, est souvent encodée une forme d’infériorité féminine, suggérant que les femmes devraient choisir entre la pleine expression d’elles-mêmes et le bonheur amoureux. Le conditionnement social, qui persuade les hommes que tout leur est dû, tout en valorisant chez les femmes l’abnégation et le dévouement, et en minant leur confiance en elles, produit des déséquilibres de pouvoir qui peuvent culminer en violences physiques et psychologiques. Même l’attitude que chacun est poussé à adopter à l’égard de l’amour, les femmes apprenant à le (sur ?) valoriser et les hommes à lui refuser une place centrale dans leur vie, prépare des relations qui ne peuvent qu’être malheureuses. Sur le plan sexuel, enfin, les fantasmes masculins continuent de saturer l’espace du désir : comment les femmes peuvent-elles retrouver un regard et une voix ?
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Mon avis :
Cela fait plusieurs mois que j’ai lu Réinventer l’amour de Mona Chollet mais j’avais la flemme d’écrire un retour sur cet essai – j’en ai sans cesse repoussé la rédaction. Non pas qu’il soit inintéressant mais parce que, si j’ai apprécié l’ensemble, la fin a traîné, à moins que je voulais simplement passer à autre chose et que j’avais hâte que cette lecture se termine, je ne sais pas. Déjà, quand je finissais Réinventer l’amour, la fin m’échappait ; autant vous dire que je n’en ai désormais plus aucun souvenir si ce ne sont mes notes de lecture qui m’informent que je trouvais que la journaliste partait de plus en plus de son propre vécu et que ça ne me parlait pas. Il faut dire que, d’emblée, le livre ne m’était pas destiné puisque l’on parle ici d’amour hétérosexuel, des relations entre les femmes et les hommes. Cela dit, la personne qui m’a prêté cet essai et qui est concernée par le sujet a eu le même ressenti que moi. Quoiqu’il en soit, voici mon retour, qui reste toutefois assez bon malgré les points évoqués précédemment.
Au début de l’ouvrage, Mona Chollet revient sur l’image de l’amour hétérosexuel ; qu’importe les récits (il n’est pas question ici de fictions récentes mais celles qui ont construit la vision de l’amour de l’autrice et de nombreuses femmes de sa génération), qu’ils soient romantiques ou dramatiques, le couple est composé d’un homme et d’une femme, la fidélité est exigée – tout du moins en ce qui concerne la femme – et ces deux personnes doivent se fondre l’une et l’autre, ne formant plus deux entités distinctes mais une seule et unique : le couple. Réinventer l’amour se glisse ensuite dans le monde des fantasmes, de l’exotisation et du fétichisme (il y est question, par exemple, des femmes asiatiques sur lesquelles est projetée une image de douceur, de pudeur, d’obéissance, etc.) avant de parler des violences conjugales. Le ton est donné avec le nom du premier sous-chapitre : “« Pervers narcissiques » ou « enfants sains du patriarcat » ?” mais aussi avec les suivants, notamment “Quand l’entourage brise la violence – ou la redouble” car, on ne peut le nier, c’est ce qu’il se passe : soit la femme victime de violences conjugales est aidée par ses proches, soit elle est culpabilisée (c’est sa faute, il ne fallait pas qu’elle fasse ça, blablabla…) ou ignorée. Certes, les violences conjugales ne sont pas récurrentes dans les couples hétérosexuels (et, malheureusement, il y en a aussi dans les couples queers), mais c’est assez fréquent pour qu’on en parle. Au moment où j’écris ces lignes, il y a eu cette année cinquante-neuf féminicides (par conjoint ou ex-conjoint). C’est dire l’importance du sujet. Dans les sujets abordés, il est également question de la femme qui, malgré toutes ses qualités dans le domaine du travail, des arts, etc., sacrifie sa vie professionnelle pour permettre à son époux ou son compagnon de briller. C’est quelque chose qui a longtemps existé ; il me semble que c’est de moins en moins le cas, tout du moins chez les personnes aisées (Beyoncé ne se met pas en retrait au profit de Jay-Z). Il faudra probablement attendre quelques années avant de découvrir si des femmes ont été spoliées de leur carrière au profit de celle de leur mari.
L’amour est souvent perçu comme une affaire de femmes ; tel qu’il a été conçu, il exige une certaine dépendance des deux personnes qui forment le couple. La femme se sacrifie pour l’homme, elle lui facilite la vie pour qu’il apporte de la richesse au foyer tandis qu’elle prend soin de tout : de lui, du lieu de vie, de la progéniture. Mais si la femme est dépendante de l’homme, il n’en est pas moins vrai que l’homme est également dépendant de la femme ; Chollet ne propose pas l’indépendance de la femme dans le couple, elle propose l’indépendance de la femme et de l’homme au sein du couple.
Il y a probablement d’autres choses à dire sur Réinventer l’amour de Mona Chollet mais c’est là tout ce dont je me souviens au travers de mes notes et du sommaire. Il y a clairement des choses intéressantes – peut-être moins pour les jeunes de maintenant, si ce n’est pour comprendre ce qu’est (ou a été) le couple pour leurs aîné·es. Quoiqu’il en soit, bien que je ne me sois pas sentie concernée et que je n’en garde donc qu’un vague souvenir trois mois après ma lecture, il n’en reste pas moins que j’ai apprécié cet ouvrage. Comme toujours avec Chollet, ça se lit bien, le déroulement est fluide et la pensée est clairement exprimée. Ainsi, si le sujet vous intéresse, je vous recommande Réinventer l’amour – Comment le patriarcat sabote les relations hétérosexuelles.
Bonne lecture à vous.
Réinventer l’amour – Comment le patriarcat sabote les relations hétérosexuelles, Mona Chollet • La Découverte • 2021 • 256 pages • 19€ • Genre : essai, amour, relations hétérosexuelles • ISBN : 9782355221743
J’adore cette essai !
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Mince ! C’est CET et non CETTE !
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😉
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Je pense le lire car le sujet me taraude. Cela me permettra de nourrir mes réflexions. Merci pour cette chronique que j’ai dévoré.
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Avec plaisir et merci pour ton commentaire 💜
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Je pense bien le lire mais je veux découvrir avant celui où il est question des sorcières. Tu l’as lu?
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J’ai aussi lu « Sorcières », oui. J’ai trouvé intéressant sa façon de mettre en relation la figure de la sorcière avec différentes figures de femmes qui sortent des attentes que l’on a pour elles (par exemple, ne pas avoir d’enfant, être célibataire…). J’espère que tu auras bientôt l’occasion de le lire !
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Oui! Merci!
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Pour le coup, je ne pense pas le lire, même si, ça me semble intéressant !
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Je ne pense pas le lire ce n’est pas mon genre de lecture même si certains sujets sont importants !
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J’ai beaucoup aimé Sorcières et je me suis dépêchée d’acheter Réinventer l’amour. Mais je lis pas mal d’avis mitigés, l’essai a l’air de ne pas révolutionner les réflexions sur ses sujets. À voir.
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En effet, de mon point de vue, ça ne révolutionne rien. Je pense qu’il s’agit plutôt d’un essai pour que le « grand public » ouvre les yeux plutôt qu’un discours réellement révolutionnaire.
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Je partage ton avis.
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Bon, ça devrait m’intéresser davantage alors, vu que je ne suis pas non plus une grande spécialiste de ces sujets.
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Je te le souhaite =)
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Je ne suis pas dans les couches aisées et clairement, des femmes sacrifient encore leurs vies professionnelles pour leur maris (l’inverse existe mais c’est tellement pas souvent que j’aurais même pas dû en parler).
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