Premières lignes #338

Pour les premières lignes de ce dimanche, j’ai opté pour un roman qui a récemment rejoint ma pile à lire et que je compte lire durant l’automne : Afterlove de Tanya Byrne.
Bonne lecture à vous et bon dimanche.

Le principe : chaque semaine, je prends un livre et je vous en cite les premières lignes du récit. Pensez à mettre le lien de votre RDV en commentaire de l’article ou, si vous avez une page ou une catégorie dédiée, n’hésitez pas à me le faire savoir ; cela facilitera l’actualisation.
N’oubliez pas de me citer, ça fait toujours plaisir ♡

Alice Anderson se trouve à l’endroit exact indiqué par Deborah, sur la falaise de Saltdean. Elle contemple la mer. De toute façon, je n’aurais pas pu la rater, vu son manteau de fourrure rose vif. Le genre de fringue vers laquelle je fonce sitôt entrée dans une boutique, mais que je n’ai jamais le courage d’acheter. Je l’enfile, prends un selfie puis la range au profit d’une tenue plus sage. Un truc noir que je peux porter au lycée sans risquer d’être collée.
L’absolue banalité de mes sujets représente l’un des aspects les plus difficiles de ma tâche. Alice pourrait être une camarade de classe ou la cliente qui patiente derrière moi dans la queue aux cabines d’essayage de Primark. Une fille que j’aurais croisée dans la rue sans la remarquer. Avant cette nuit.
L’obscurité n’aide pas, mais je dirais qu’elle a mon âge, seize ou dix-sept ans. Ses boucles blondes légères que le vent chasse de son visage me dévoilent son profil. Si je ne distingue pas la couleur de ses yeux, je discerne la ligne de sa mâchoire et son joli petit nez, ainsi que son rouge à lèvres, d’une couleur identique à celle de son manteau.
À en juger par sa jupe à hauteur des genoux et les talons de ses chaussures, elle est sortie, ce soir. Il fait bien trop froid pour se balader sans collants, mais elle a sans doute cru qu’elle n’en souffrirait pas trop, comptant prendre un taxi pour rentrer chez elle, sauf qu’elle a perdu son sac et a dû revenir à pied. À moins qu’elle se soit disputée avec son petit ami et lui ait demandé d’arrêter la voiture ici, préférant regagner seule ses pénates.
J’ignore pourquoi je leur invente des histoires. J’imagine que ça me passera. D’ici plusieurs mois, quand j’aurais suffisamment œuvré pour oublier leurs noms.
En attendant, c’est plus fort que moi, je m’interroge sur leur présence ici.
Pourquoi eux ?

Afterlove, Tanya Byrne, 2021.

Afterlove

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