Résumé de l’éditeur :
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Mon avis :
Qui est donc ce grand échalas pâlichon qui débarque en ville pour vendre une bague avant de repartir ? Qui est donc cet homme qui se fait appeler Newton et qui amasse rapidement une petite fortune ? Surtout, quel est son but ? Car le titre n’a rien d’équivoque, ce fameux Newton vient bien du ciel.
L’homme tombé du ciel n’est pas une lecture qui m’a attirée d’emblée ; lire ce roman ? Oui, pourquoi pas. Si une lecture commune n’avait pas été proposée autour de ce livre de Walter Tevis (auteur du Jeu de la dame, notamment), je ne l’aurais probablement jamais lu. Pourtant, à peine commencé, ça m’a plu et je suis donc contente de l’avoir découvert. Dès le début, Tevis a su capter mon attention : quel étrange comportement que celui de cet extra-terrestre qui souhaite accumuler des richesses au plus vite ! Pourtant, malgré toute sa bizarrerie, il est rapidement attachant et j’ai eu envie qu’il réussisse, même sans connaître son but. Cela dit, si j’ai apprécié ma lecture, elle est loin d’être parfaite.
L’homme tombé du ciel prend place dans le contexte de la guerre froide ; c’est une période dure, pleine de tensions entre les deux grandes puissances mondiales que sont les Etats-Unis d’Amérique et l’U.R.S.S. ; chaque jour, la menace du nucléaire se fait plus importante, plus présente. Rien de choquant, alors, à découvrir des personnages tombés au fond du gouffre ou, si tel n’est pas le cas, à être tout de même désabusés. C’est le cas par exemple de Nathan Bryce, un scientifique qui va se pencher sur des pellicules photographiques au procédé révolutionnaire. On le sait intelligent et curieux, mais on constate également qu’il a baissé les bras. Par rapport à quoi ? Je ne saurai le dire en détails mais il est évident qu’il a eu des rêves, des objectifs qui lui tenaient à cœur, mais le milieu de la recherche, les autres savants qui privilégient les bonnes relations plutôt que la recherche elle-même (des opportunistes, en somme) ont mis fin à ses espoirs. Quand nous faisons sa connaissance, Bryce enseigne à l’université, ce qui ne l’empêche nullement de boire dès le matin. Pourtant, je l’ai tout de suite trouvé sympathique ; sa curiosité est bienvenue et ses relations avec son supérieur nous font rapidement prendre parti. On peut craindre où vont mener ses trouvailles et penser que cela pourrait nuire au travail de Newton, mais on ne peut pas le détester pour cela. Ses motivations sont compréhensibles.
Je pense à un autre personnage qui, s’il apparaît peu, va radicalement changer la vie de Newton : Betty Jo. Pour le coup, j’avoue ne pas l’avoir appréciée alors qu’elle aurait pu être une sorte de figure maternelle importante. Mais non, et en plus elle n’a guère d’évolution. Betty Jo est une femme qui profite des aides sociales (elle le dit clairement) ; elle adore le gin et c’est bien là la seule chose qu’elle va apporter à l’extra-terrestre milliardaire. Et puis c’est sans compter qu’elle est le seul personnage qui ne soit pas vraiment intelligent (et la seule femme, tiens donc…), qu’elle tombe amoureuse du premier type sympa avec elle (et à plutôt beau, bien sûr) et qu’elle sert d’objet de désir à un moment. Pour faire bref, si on caricature un poil ce personnage, elle est vénale, alcoolique, un peu stupide, à la fois maternante et sexualisée. Le roman ne tombe certes jamais dans l’érotique ni le scabreux, mais on ne peut pas dire que ce soit ce qu’il y a de plus intéressant à lire. En fait, à partir du moment où Betty Jo a débarqué dans le récit, j’ai commencé à moins apprécier l’histoire. Cela correspond au moment où l’on parle moins de sciences et plus d’alcools. Betty Jo peut être vue comme une Eve moderne offrant la pomme/l’alcool au nouvel Adam, venu du ciel. Heureusement, ces passages autour de l’alcool mènent à un sujet qui, à mon sens, est bien plus pertinent et intéressant : les relations entre les trois personnages principaux (Newton, Bryce et Betty Jo, donc) et une certaine humanité qui naît chez le milliardaire. A partir de là, le récit a de nouveau capté mon attention et je me replongeais de nouveau avec plaisir dans cette lecture. Cependant, la fin laisse un petit goût amer.
Difficile de parler de la conclusion du roman sans divulgâcher. Ce que je peux en dire c’est que, si je comprends l’un des personnages, je suis toutefois attristée par le manque d’évolution de l’un d’entre eux et par la déchéance d’un autre. Rien de tragique, rien de décevant, juste une certaine tristesse à ne rien découvrir de réellement satisfaisant. Qu’on ne finisse pas sur un happy end est on ne peut plus logique, mais terminer sur une stagnation (au mieux) est un poil déceptif.
Si L’homme tombé du ciel souffre de quelques manques, notamment concernant l’évolution de ses personnages principaux, cela n’en reste pas moins une bonne lecture ancrée dans un certain contexte historique et qui réussit à nous attacher à cet extra-terrestre richissime.
Merci aux blogopotes pour cette lecture commune :
Les paravers de Millina, Mots et pelotes et 4e de couverture.
L’homme tombé du ciel, Walter Tevis • Titre VO : The Man Who Fell to Earth • Traduction : Nicole Tisserand • Gallmeister • 2022 (1963 VO) • 288 pages • 9,90€ • Genre : extra-terrestre, projet secret, relations • ISBN : 9782351787755
Ce livre participe au Challenge de l’Imaginaire.
Je ne me serais jamais penché dessus et au vu de ton avis, je ne pense pas m’y attarder malheureusement
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Je comprends 😉
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J’attendais ton retour avec impatience et je ne suis clairement pas déçue, malgré ces petits bémols, ça me plaît beaucoup !
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Ton analyse avec la guerre froide me plait. Je n’y avais pas pensé mais ça fait sens. Le côté un peu hors du temps du récit peut même faire écho à l’attente longue et angoissante de cette période. Que fera Newton?
Divulgacher j’adore ce mot puis je te le piquer hihi !!! J’aime 👍🏼. Parler de la fin sans en parler un vrai dilemme. J’ai eu peur de trop en dire et en même temps. Je t’avoue avoir réfléchi à une autre fin. Mais je ne trouve pas de fin satisfaisante.
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Merci pour ton commentaire et je suis contente que mon analyse t’a plu – c’est sympa de voir comme nous sommes parties dans des directions différentes !
Bien sûr que tu peux utiliser « divulgâcher » ! Si je ne dis pas de bêtises, il vient des Québécois·es 😉
Aucune fin n’aurait été satisfaisante (dans le sens où ce n’est pas possible que ça se termine merveilleusement bien pour qui que ce soit), mais celle-ci manque particulièrement d’humanité alors que c’est un point essentiel du récit.
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Excellent article! Le mien paraitra bientôt.
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Merci beaucoup ! J’ai hâte de lire le tien ^^
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