Premières lignes #357

Bien le bonjour, les lecturovores !
Aujourd’hui, je vous propose de lire avec moi les premières lignes de La louve de Cornouaille. Un début qui intrigue : qui a raconté quoi ? Qu’est-ce que cette personne a bien pu faire ? Avez-vous des idées ?
Sur ces interrogations, je vous souhaite un bon dimanche !

Le principe : chaque semaine, je prends un livre et je vous en cite les premières lignes du récit. Pensez à mettre le lien de votre RDV en commentaire de l’article ou, si vous avez une page ou une catégorie dédiée, n’hésitez pas à me le faire savoir ; cela facilitera l’actualisation.
N’oubliez pas de me citer, ça fait toujours plaisir ♡

 

Prologue

Bretagne, vers l’an 1070…

La porte de la chapelle se referma sur le visiteur. Pétrifié par ce qu’il venait d’apprendre, Konogan, évêque de la ville de Kemper, resta un long moment immobile, le visage blême. Puis, reprenant ses esprits, il tituba vers l’extérieur, vers le jardin qui jouxtait la cathédrale, comme si le saint lieu où il officiait depuis plus de vingt ans lui était devenu hostile. S’appuyant d’un bras tremblant sur le mur de granit, il se mit à vomir. Un jardinier se précipita aussitôt à son secours.
— Monseigneur ! Que se passe-t-il ?
Le prêtre leva la main pour le rassurer, puis vomit de plus belle. Le jardinier le contempla d’un œil à la fois désolé et affolé. Monseigneur n’était plus très jeune, mais encore bien gaillard. Peut-être avait-il mangé quelque chose de mauvais. La perspective qu’il pût être malade à cause de ses légumes l’angoissait, lui qui y apportait tant de soin. Mais l’évêque reprit son souffle et lui tapota l’épaule d’un geste apaisant.
— N’aie crainte, mon ami, souffla-t-il d’une voix sourde, cela va passer. Dieu m’apporte déjà son aide.
L’homme s’éloigna non sans lui jeter un regard inquiet. Konogan lui adressa un sourire un peu crispé. Puis il ferma les yeux et tenta de retrouver son calme. Malgré toute l’affection qu’il lui portait, le pauvre jardinier ne pouvait être d’aucun secours. Konogan aurait aimé se confier, partager avec quelqu’un les horreurs dont il venait d’être informé. Mais cela lui était défendu : quels que fussent les secrets appris lors d’une confession, il était formellement interdit de les trahir. Le confesseur d’une reine avait ainsi péri dans d’horribles tourments plutôt que de révéler au roi ce que son épouse lui avait confié dans le secret de la confession.
Konogan avait entendu nombre d’histoires effrayantes au cours de sa longue carrière religieuse. Cette fois pourtant, il avait l’impression d’avoir confessé Satan en personne.

La louve de Cornouaille, Bernard Simonay, 2007.

La louve de Cornouaille

Les blogueurs et blogueuses qui y participent aussi :
Publicité

7 réflexions sur “Premières lignes #357

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Image Twitter

Vous commentez à l’aide de votre compte Twitter. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s