On noie bien les petits chats

On noie bien les petits chats

Quatrième de couverture :

 Quand elle reprend conscience à la maternité, Betty ne se souvient pas des circonstances dramatiques de son accouchement. Elle ne comprend pas pourquoi son mari reste injoignable. Elle découvre avec effroi que son bébé a été baptisé Noé et qu’un inconnu rôde autour de lui. Elle se débat, impuissante à le confondre. Mais peut-elle se faire entendre alors qu’on la prétend folle ? 
Accueillie au sein de l’unité mère-bébé par un psychiatre peu conventionnel, soutenue par une équipe de choc, Betty va renouer, peu à peu, avec sa mémoire confisquée. À commencer par ce prénom, Noé, qui ravive une douleur longtemps endiguée. Lorsque le barrage cède, la vérité a des allures de cadavre…

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Mon avis :

Quelle bonne surprise que ce thriller psychologique !
Betty accouche dans des conditions épouvantables, sur son palier, son mari loin d’elle et personne pour l’aider. Quand elle se réveille à l’hôpital, tout semble aller mieux : le nouveau-né est en bonne santé, elle-même se remet bien de cette épreuve (quoique certaines séquelles seront présentes à vie) et son mari passe au moins une fois par jour à l’hôpital. Mais la jeune mère commence à douter : son compagnon de vie n’est-il pas censé être à l’étranger pour un reportage ? Pire, elle apprend qu’il lui est arrivé quelque chose. Alors qui est cet homme qui rend visite au bébé tous les jours ? Mais voilà qu’on lui assure qu’il s’agit bien du père de l’enfant et elle se met à douter d’elle-même, d’autant plus que le personnel médical lui signifie qu’elle est folle, suite à divers événements. Et c’est vrai qu’il se passe des choses bizarres. Heureusement, un psychiatre la croit et décide de la prendre en charge dans son unité mère-bébé afin qu’elle puisse, au moins, créer du lien avec ce petit Noé qu’elle n’a fait que croiser, qu’elle puisse apprendre à être mère.
Quand j’ai commencé à lire On noie bien les petits chats, j’ai été surprise : le texte est rédigé à la deuxième personne ! J’ai franchement douté d’apprécier cette écriture mais, comme j’avais eu de bons échos au sujet de ce roman, je voulais lui laisser sa chance. Et j’ai bien fait car j’ai beaucoup aimé – même la narration à la deuxième personne. Pour ma part, ça ne m’a pas particulièrement mise à la place de Betty mais je dois dire que, pour me plonger dans le récit, ça a bien fonctionné. D’ailleurs, pour ce qui est de notre héroïne, j’ai été touchée. C’est un personnage plein de doutes ; elle avait une certaine vision de l’accouchement et de la maternité mais, avec ce qu’elle a vécu pour donner naissance, avec ce petit qui a été nommé Noé (prénom qu’elle déteste), elle se rend compte que ça n’a rien à voir avec ce qu’elle imaginait. Elle se retrouve seule, désespérée, elle n’arrive pas à se lier avec le bébé et elle a peur de ne pas être une bonne mère, ajoutant ainsi (sans le vouloir) une barrière entre elle et le petit. Betty est profondément humaine et, avec ce qui lui arrive, ses actes et ses doutes sont plus que compréhensibles. D’ailleurs, ce qui lui arrive n’a rien d’anodin.
Lorsque commence l’histoire, on est immédiatement plongé dans le médical et dans le drame : Betty n’est pas crue quand elle dit qu’elle sent qu’elle va accoucher et elle donne donc naissance dans des conditions exécrables. Ensuite, à l’hôpital, ça tourne au cauchemar – jusqu’à ce qu’une interne et médecin la croient. Mais le malheur guette dans les moindres recoins. Pendant un bon moment, tout comme Betty, nous doutons : est-ce que tel ou tel événement a bien eu lieu ou est-ce le fruit de son imagination ? Puis, au fil des chapitres, alors que nous faisons des rencontres parfois très belles, touchantes, des choses de plus en plus étranges et dramatiques ont lieu. La tension monte crescendo, l’inquiétude prend de plus en plus de part au cœur du récit (pour nous qui lisons le roman) et la tournure que prennent les choses est de plus en plus préoccupante. Toutefois, le rythme est bien dosé avec quelques respirations – c’est toujours bien de reprendre son souffle, surtout avec certaines révélations, certains souvenirs qui ressurgissent.

On noie bien les petits chats est un roman que je vous recommande vivement. Attention, c’est dur, ça parle d’accouchement et de maternité qui ne se passent pas bien ; c’est un thriller alors c’est parfois brutal. Mais il y a aussi des moments tendres et pleins d’espoir, bien qu’il y en a peu. Si le sujet ne vous fait pas peur, lancez-vous dans cette lecture, vous ne le regretterez pas.

On noie bien les petits chats, Françoise Guérin • Eyrolles • 2023 (format poche) • 443 pages • 8,50€ • Genre : thriller psychologique, maternité • ISBN : 9782416009600

Ce livre participe au challenge Les Dames en noir.