Premières lignes #407

Bien le bonjour !
Dans ce nouveau Premières lignes, je vous propose de découvrir le début du prologue du livre Écrire à l’encre violette (prologue rédigé par Suzette Robichon). Il y est question de la construction d’une bibliothèque personnelle (nos premiers livres, le rapport que l’on a avec…) et c’est toujours quelque chose qui m’intéresse chez autrui. Alors j’en profite pour vous demander quels ont été les premiers livres à constituer votre bibliothèque ? Et y sont-ils encore ?
Passez un bon dimanche.

Le principe : chaque semaine, je prends un livre et je vous en cite les premières lignes du récit. Pensez à mettre le lien de votre RDV en commentaire de l’article ou, si vous avez une page ou une catégorie dédiée, n’hésitez pas à me le faire savoir ; cela facilitera l’actualisation.
N’oubliez pas de me citer, ça fait toujours plaisir ♡

 

Ma bibliothèque déborde
Ma bibliothèque déborde, et se répand en piles diverses. Dans ce désordre apparent se cache un classement très subjectif. Sur des étagères protégées par une porte vitrée , mes livres les plus précieux, soit parce qu’ils sont rares, comme des premières éditions de Renée Vivien, Nathalie Barney, ou difficiles à trouver, mais surtout car ils sont chers à mon cœur en raison de l’importance qu’ils ont eu dans ma vie. En haut de tout ce qui tourne autour de l’époque de Radclyffe Hall, Le Puits de solitude en plusieurs éditions, d’autres livres d’elle, traduits ou pas, des essais sur son travail, des ouvrage de ou sur ses contemporaines, la peintre Hannah Gluckstein, dite Gluck, par exemple, Djuna Barnes et d’autres.
Un peu plus bas, Wittig a une place privilégiée, évidemment, et les couvertures colorées de certaines traductions attirent l’œil. D’autres autrices ont ce privilège d’être à l’abri des courants d’air : par exemple, Gertrude Stein, Marina Tsvetaeva, et certaines de mes amies si chères, Nicole Brossard, Marie-Claire Blais, Mireille Best, Catherine Viollet. On y trouve aussi bien des livres des années 1950, imprimés après la Seconde Guerre mondiale sur un papier fragile prêt à se briser, dont Célian Bertin, Clarisse Francillon.
Toute une autre partie de mes livres dits lesbiens est ailleurs, offrant leurs dos et tranches à la poussière, plus vulnérables et soumis à des aléas de déplacements selon les recherches, ou les ajouts. Ils sont précieux aussi mais beaucoup ont eu un moindre poids dans ma vie.
Ce classement totalement subjectif est le reflet de différentes strates de lectures, de ce qui m’a formée, émue, bouleversée et a modelé ma vie.
Dois-je préciser qu’il m’est très difficile, voire impossible, de prêter un seul de ces ouvrages, qu’il soit bon ou mauvais, que j’ai ou pas l’intention de le relire un jour ? J’ai trop peur de ne pas les voir revenir près de moi, et de perdre un morceau de la colonne vertébrale qui me fait tenir debout.
Car c’est cela, une bibliothèque, un univers qu’on se construit, année après année, et ce livre dans lequel j’écris ces quelques lignes va en faire partie. J’ai admiré ce projet un peu fou d’arriver à synthétiser en quelques chapitres un peu plus d’un siècle de littérature lesbienne en langue française et publié dans l’Hexagone, et maintenant il est là, prêt à satisfaire bien des curiosités.
Ce qui m’a frappé d’abord à la lecture des pages qui suivent, c’est l’impression de suivre pas à pas mes découvertes. J’ai plongé dans le passé avant de découvrir celles qui étaient plus proches de moi, puis mes contemporaines.
Enfant, je n’avais pas lu Le club des 5 de la « bibliothèque rose » car j’avais à la maison les livres de la « bibliothèque verte » de mon frère aîné où trônait plutôt Jules Verne.
Ma collection a commencé un peu plus tard. Je passais des heures à la bibliothèque de ma petite ville de province, flânant dans ce havre de paix aux planchers cirés et craquants. Les livres étaient à disposition sur les étagères, et là j’ai découvert la collection bilingue des éditions Budé, et en particulier ce volume où figurait Sappho. Le bonheur m’a saisi, je n’ai parlé à personne de cette découverte mais suis revenue souvent vers Sappho. Je cherchais à découvrir le sens profond de ces fragments de poèmes, réduits parfois à un seul vers. Un jour j’ai pu, enfin, l’acheter et j’y ai inscrit mon nom d’une écriture encore peu sure d’elle. Plus tard, j’ai accompli le rêve, né là entre ces pages, d’aller découvrir mon île.

Écrire à l’encre violette – Littératures lesbiennes en France de 1900 à nos jours, Aurore Turbiau, Margot Lachkar, Camille Islert, Manon Berthier et Alexandre Antolin, 2022.

Écrire à l’encre violette – Littératures lesbiennes en France de 1900 à nos jours

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