Les chefs-d’œuvre de Lovecraft : La couleur tombée du ciel

Les chefs-d’œuvre de Lovecraft : La couleur tombée du ciel

Quatrième de couverture :

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Mon avis :

La couleur tombée du ciel est une nouvelle de H. P. Lovecraft qui m’avait plu et j’en ai d’ailleurs apprécié la libre adaptation en film avec Nicolas Cage (2019). Autant vous dire que sa version manga par Gou Tanabe, que j’ai vu passer à maintes reprises sur la blogosphère, me tentait bien : pour l’histoire, déjà, mais aussi pour le trait du mangaka et pour la curiosité que j’ai en ce qui concerne les adaptations d’une façon générale. Verdict : si vous n’avez jamais lu Lovecraft mais que vous aimeriez le découvrir, c’est une bonne porte d’entrée. Si vous aimez Lovecraft, c’est un plaisir que de redécouvrir cette œuvre sous le trait de Tanabe.
Un barrage va être construit dans des plaines américaines non loin de la ville d’Arkham. Le narrateur, un homme venu faire des relevés, est intrigué par la légende locale qui parle d’une lande foudroyée. Arrivé sur place, il ne peut que constater la véracité de ce mythe : il n’y a là que des arbres morts, trop noueux, trop grands ; pas un bruit ; une poussière grisâtre s’étend sur les terres et seul un vieux puits prouve qu’elles étaient autrefois habitées par la famille Gardner. Alors il va à la rencontre de M. Pierce, un vieil homme, le seul voisin à vivre encore aux alentours de la lande foudroyée. Celui-ci affirme que cette désolation est venue de l’espace, par un météorite*.
Commençons par l’évidence : j’ai beaucoup apprécié le trait de Gou Tanabe. Son dessin est plein de détails et la caractérisation des personnages est efficace. Il a réussi à transmettre toute l’étrangeté des événements, l’inquiétude grandissante de la famille Gardner et de Pierce, l’incompréhension des scientifiques. Surtout, il est parvenu à sublimer l’horreur ; non pas que ce soit beau à voir mais je garde en tête, par exemple, les lieux illuminés la nuit ou encore les gros plans sur la végétation ou sur des insectes. Ca captive mais ça inquiète, ça fait peur. Pour ce qui est de la couleur… Le film de 2019 a opté pour une couleur tirant à la fois sur le rose et le violet (c’est superbe et pas du tout naturel, j’adore) ; ici, on peut simplement dire : « C’est un manga, c’est en noir et blanc », pourtant Tanabe a encore une réussite à son actif : il rend visible cette couleur qui n’existe pas. C’est bizarre à expliquer mais, si vous lisez ce manga ou si vous l’avez déjà lu, je pense que vous comprendrez ce dont je veux parler. Toutefois, les premières pages du manga sont bel et bien en couleur et le résultat rend plutôt bien avec ses multiples couleurs, une sorte d’arc-en-ciel sinistre.
Est-ce une adaptation plus fidèle que le film de 2019 ? Certainement, mais je ne me souviens pas assez bien de la nouvelle originale pour faire de quelconque comparaison entre le texte de H. P. Lovecraft et le manga de Gou Tanabe. En revanche, il me semble que ce dernier a voulu rester au plus proche du récit de Lovecraft. Cela dit, il y a bien une chose qui m’a dérangée dans La couleur tombée du ciel : la narration dans les cartouches (ou parfois en dehors ce ceux-ci). Je vous l’ai dit, le narrateur est l’homme qui vient faire les relevés. Il nous raconte donc l’histoire que Pierce lui a narré. Si ce n’est pas désagréable, il arrive que ce soit parfois trop descriptif, alors que nous avons l’image qui accompagne le texte. Tanabe a remarquablement bien fait son boulot sur le dessin ; quand M. Pierce est surpris et choqué par quelque chose qu’il vient de voir (et qu’il commente ensuite auprès de Gardner), on se doute qu’il prend les propos de son ami au sérieux après ça. C’est bien là mon seul point négatif sur La couleur tombée du ciel par Gou Tanabe, que ce soit parfois trop descriptif – la plupart du temps, c’est bien.

Alors voilà, comme je vous le disais en introduction et comme vous l’aurez compris en lisant mon retour, La couleur tombée du ciel est à lire (à condition d’aimer l’horreur et le fantastique, bien sûr).
Bonne lecture à vous ☄️

* J’emploie volontairement « météorite » au masculin, comme c’est le cas dans la traduction du manga. Ce choix s’explique simplement : par le passé, on disait bien « un météorite » et, le récit s’ancrant dans une époque révolue (fin XIXe, début XXe siècle), il est cohérent d’utiliser le masculin plutôt que le féminin qui est aujourd’hui usité.

Les chefs-d’œuvre de Lovecraft : La couleur tombée du ciel, Gou Tanabe, d’après l’œuvre de H. P. Lovecraft •Titre VO : Isekai no shikisai Lovecraft Kessakushuu • Traduction : Sylvain Chollet • Ki-oon • 2020 (VO 2015) • 190 pages • 15€ • Genre : manga, fantastique, horreur • ISBN : 9791032705940

Ce livre participe au Challenge de l’Imaginaire.

13 réflexions sur “Les chefs-d’œuvre de Lovecraft : La couleur tombée du ciel

  1. Wiborada dit :

    Bonjour =)
    J’aime beaucoup les adaptations de Gou Tanabé, qui permet de (re)découvrir les oeuvres de Lovecraft avec délice et effroi. Celle-ci est la prochaine que je projette de lire, et je vois qu’elle t’a globalement plu !
    Pour l’instant, mon favori (et le plus effrayant – il faut croire qu’on aime se faire mal !) reste L’appel de Cthulhu.

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    • Ma Lecturothèque dit :

      Ce n’est pas pour rien que « L’appel de Cthulhu » et je pense que je relirai ce texte avant la fin 2023 (peut-être même par Gou Tanabe, tiens ^^) De mon côté, c’est « La peur qui rôde » qui m’a terriblement marquée !

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