Le tigre des neiges, tomes 1 et 2

Résumé de l’éditeur :

Et si Uesugi Kenshin, puissant seigneur de guerre ayant vécu durant l’époque Sengoku, au XVIe siècle, était en réalité une femme ? La mangaka Akiko Higashimura part de cette théorie existante pour nous proposer un manga historique relatant la vie de ce stratège hors pair surnommé le « Tigre d’Echigo ».

L’histoire commence en 1529, à la naissance du troisième enfant de Nagao Tamekage, seigneur du château de Kasugayama. Son fils aîné n’ayant pas l’étoffe d’un guerrier, Tamekage veut faire de ce dernier-né son héritier, mais à son grand désespoir, c’est une fille qui naît. Il décide alors de l’élever comme un garçon et le nomme « Torachiyo ». Véritable garçon manqué, Torachiyo va grandir dans un petit château des montagnes, sans savoir quel incroyable destin l’attend…

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Mon avis :

J’ai tout d’abord découvert Akiko Higashimura avec son manga Princess Jellyfish dont j’ai lu les premiers tomes il y a près de dix ans désormais (il faudrait que je me replonge dans cette série, d’ailleurs). Puis, cette année, j’ai vu son nom et d’autres de ses titres fleurir partout sur la toile, notamment sur le blog de l’Apprenti Otaku, grâce à qui j’ai été tentée et j’ai lu le premier tome de Trait pour trait qui m’a beaucoup plu. M’est alors revenu en tête Le Tigre des neiges que j’avais repéré il y a quelques temps et qui me tentait bien ; j’emprunte alors les deux premiers volumes à la bibliothèque municipale et, quelle surprise!, le format de ce manga est plus grand qu’un manga classique ! Aussi, l’édition est belle, c’est de bonne qualité. Je vous le dit car, ça et les quelques pages couleur expliquent certainement en partie le prix de 13€ pour chacun des tomes. Mais passons, ce dont je veux vraiment vous parler, c’est de l’histoire du Tigre des neiges.
J’aime beaucoup l’Histoire, tout comme j’aime beaucoup le Japon. Pourtant, ayant déjà du mal à retenir tout de notre Histoire occidentale, je connais très peu celle du Japon – je la connais dans les très grandes lignes. Avec ce manga, je rattrape un peu mes lacunes, bien que, pour être honnête, je suis loin de retenir toutes les informations que l’on trouve dans Le tigre des neiges. Surtout, l’Histoire ne sert ici que de support à une théorie : celle selon laquelle le grand guerrier Uesugi Kenshin aurait en vérité été une femme. Cette thèse a beaucoup plu à la mangaka Akiko Higashimura qui s’est donc intéressée à tout cela, a fait des recherches et décidé de donner vie à cette idée en dessinant un manga avec pour héroïne Torachiyo, l’enfant qui deviendra Kenshin, surnommé·e « le tigre d’Echiro ».
J’ai à l’heure actuelle lu les deux premiers tomes et ils sont très réussis, déjà parce que les dessins sont plaisants – ça aide, indéniablement -, mais surtout parce que, bien que l’Histoire japonaise, avec ses clans, ses guerres, soit complexe, la mangaka a réussi à rendre l’ensemble assez léger et compréhensible. J’ai pourtant cru que j’allais faire une indigestion dès les premières pages, alors qu’Akiko Higashimura nous présente le contexte : les guerres, les révoltes qui grondent, les noms de guerriers, les noms de clans… Pourtant, il n’en a rien été car elle présente les choses de façon judicieuse : d’une part, les faits avec leur foisonnement d’informations, d’autre part, en bas de page, elle nous alpague, nous qui n’y connaissons rien (« la pause thé d’Akiko »). Elle nous a en effet préparé une version simplifiée et pleine d’humour des événements ! Ainsi j’ai navigué entre le résumé très riche des événements historiques et le résumé très léger de Higashimura – un vrai plaisir.
Au début du XVIe siècle, au Japon, on trouvait des femmes qui gouvernaient des châteaux – souvent parce que le seigneur et époux était en guerre ou décédé. C’est là un point important qui permet de recontextualisé : si cela leur fut impossible par la suite, ces femmes pouvaient avoir du pouvoir, être écoutées comme les autres hommes de leur rang. Ainsi, cela apporte une pierre à l’édifice : il ne serait pas improbable que le seigneur Kenshin fut une femme. L’un des éléments importants qui vient appuyer cette thèse est présentée dans le premier tome : tous les 10 du mois, ce valeureux guerrier s’enfermait dans le pavillon d’un temple à cause de douleurs au ventre (cela n’est pas sans rappeler les menstruations). Pour le reste des pistes qui étoffent cette idée, je vous laisse le découvrir au fil des chapitres du Tigre des Neiges.

Au début du manga, nous faisons la connaissance de Torachiyo, surnommée Tora et qui sera connu par la suite sous le nom de Kenshin. C’est une enfant survoltée et belliqueuse. Cela n’a pas été inventé par la mangaka ; si elle a dû bien sûr imaginer certains moments de la vie de Tora/Kenshin, elle s’est aussi beaucoup documentée et cela a été vérifié par diverses personnes. Ainsi, que Torachiyo fut une enfant turbulente est avéré. Dans le premier tome, on nous présente sa famille, son cadre de vie, son apprentissage ; on s’arrête autour de ses sept ans. Je craignais que le manga traîne en longueur sur l’enfance de cette incroyable personne mais le deuxième tome a balayé mes craintes : on passe à ses treize ans, on termine autour de ses quinze ou seize ans alors qu’elle participe à sa première bataille (ce fait également avéré). L’essentiel nous est dit, sans pour autant nous raconter l’histoire à toute berzingue : chaque chapitre prend le temps qu’il faut pour nous parler d’un personnage historique, pour nous présenter les faits, les traditions de l’époque, etc. Je me suis ainsi retrouvée plongée dans ce manga, apprenant des choses, oui, découvrant des hypothèses au sujet de Kenshin, oui, mais surtout vivant tout cela aux côtés de celle qui deviendra le puissant seigneur de guerre surnommé le Tigre d’Echiro.
Bien sûr, le fait qu’il se soit peut-être s’agit en vérité d’une femme a beaucoup joué dans mon intérêt pour ce manga. Comme d’autres, j’aime trouver des modèles féminins forts, inspirants ; les éléments qui appuient cette thèse sont nombreux et, s’il y en a un qui me laisse sceptique (la compassion et l’empathie envers le peuple, considérées comme des qualités « féminines »), je dois bien admettre que l’ensemble est troublant et je comprends qu’Akiko Higashimura se soit passionnée pour Uesugi Kenshin. Pour le coup, si cette thèse venait à être vérifiée, j’aurais là un excellent modèle de femme stratège, combattante et courageuse.
En bref, nous avons une théorie intéressante, tout du moins intrigante, un manga qui s’appuie sur des faits réels, et une histoire à la fois dynamique et dense. Quant aux divers protagonistes qui parsèment le récit, aucun d’entre eux ne dénote parmi les autres, l’ensemble est harmonieux et laisse tout de même certains d’entre eux, dont Tora, se détacher du lot. J’aime d’ailleurs beaucoup suivre l’évolution de Torachiyo, de son enfance turbulente à une adolescence plus réfléchie (la stratégie semble l’avoir passionnée), sans compter les rencontres qui influencent sa vie. Il est vrai qu’il y a beaucoup de protagonistes mais, comme ils nous sont bien présentés et que les traits qui leurs sont donnés sont différents les uns des autres, je n’ai eu aucune difficulté à me rappeler qui est qui. Cela dit, je ne vais pas vous mentir, je n’arrive pas à retenir tous les noms (c’est bien pour ça que je n’en cite pas dans ma chronique) ; je reconnais toutefois les figures et la fonction (ami·e, moine, membre de la famille…) qui leur est associée. Vous n’avez donc aucune crainte à avoir de ce côté-là.

Je pense qu’il est inutile que je m’attarde plus sur Le Tigre des neiges car, vous l’aurez compris, ces deux premiers tomes ont été très plaisants à lire ; j’ai été séduite par la thèse selon laquelle Kenshin aurait été une femme, je me suis prise à l’histoire (et l’Histoire!) et je compte bien poursuivre la série.

Le tigre des neiges, Akiko Higashimura • Titre VO : Yukibana no tora Traduction : Miyako Slocombe Le Lézard noir • 2018 (2015 pour la VO) • 220 pages/tome • 13€/tome • Genre : manga historique, biographie • ISBN : 9782353481385

12 réflexions sur “Le tigre des neiges, tomes 1 et 2

  1. tampopo24 dit :

    J’adore cette série moi aussi, je n’en loupe pas un volume. Et même si le rythme est lent, ici je m’en accommode car j’adore l’héroïne et les émotions qu’elle provoque. Une très belle façon de découvrir un pan de l’histoire japonaise 😊

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