« Les autres dieux » et autres nouvelles

« Les autres dieux » et autres nouvelles

Quatrième de couverture :

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Mon avis :

Je pensais vous présenter ce livre d’une façon globale mais, après réflexion, je vais faire comme je le fais régulièrement quand il s’agit d’un recueil et je vais donc vous présenter chacune des nouvelles. La raison est simple : il est tellement vieux que vous ne le trouverez pas (ou, comme moi, avec un peu de chance chez un·e bouquiniste). Ainsi, je préfère vous faire connaître les nouvelles une par une car vous les trouverez désormais dans d’autre recueils (je vous oriente tout de suite vers Les contrées du rêve qui les regroupe presque toutes et bien d’autres encore – avec une nouvelle traduction, en prime).

HERBERT WEST, RÉANIMATEUR (Herbert West – Reanimator, 1921-1922) est probablement la nouvelle la plus connue car elle a bénéficié d’une adaptation (très libre) en 1985 sous le titre Re-animator. Je vous laisse profiter de la bande-annonce de ce film avant de reprendre : 

L’histoire nous est racontée par un ami de la fac du fameux Herbert West qui, étudiant puis médecin, cherche à redonner une vie – artificielle – à des cadavres. Mais la route vers la réussite est longue et semée d’embûches et le jeune homme se rend compte qu’il lui faut des cadavres le plus frais possible pour que l’expérience fonctionne.
C’est assez répétitif car chaque chapitre reprend les éléments du précédent ; j’imagine que la nouvelle a été publiée sous forme d’épisodes. Alors je l’ai lu tranquillement, un chapitre par jour, et ça l’a fait. Je suis contente d’avoir enfin découvert cette nouvelle, je regrette juste la fin que j’ai trouvé un poil décevante. Pour autant, ça n’en fait pas un mauvais récit et je la recommande.

LES CHATS D’ULTHAR (Cats of Ulthar, 1920) est probablement le récit le plus court de ce recueil, pourtant il n’en est pas moins impactant ! Cela dit, c’est tellement court que je ne sais pas quoi vous dire du récit sans trop en révéler donc autant vous laisser le découvrir par vous-mêmes. La révélation est attendue (en ce qui me concerne) mais efficace. Et si  ce n’est pas un récit majeur, il fait toutefois le lien avec…

LES AUTRES DIEUX (The Other Gods, 1921), qui est la nouvelle qui donne son titre au recueil. Barzai, un sage d’Ulthar, décide de gravir une montagne pour rencontrer les dieux de la Terre. J’ai apprécié cette nouvelle car, pour moi, elle étendait l’univers lovecraftien présenté jusque-là dans ce recueil, mais j’ai ensuite eu une légère amertume car je n’ai pas eu assez de détails concernant certains individus. Mais c’est là aussi toute l’œuvre de Lovecraft : lire, relier les nouvelles entre elles, découvrir les liens et comprendre.

L’ÉTRANGE MAISON HAUTE DANS LA BRUME (The Strange High House in the Mist, 1926) commence avec un très beau premier paragraphe. Haut sur le flanc d’une montagne se dresse une maison. Les villageois d’en bas la craignent tandis qu’elle attise la curiosité des touristes. Olney, un philosophe et vacancier, décide de gravir la montagne (ça vous rappelle quelqu’un?) pour voir par lui-même qui peut bien vivre en un lieu si hostile et perdu. Croyez-moi, il n’est pas au bout de ses surprises – et nous non plus ! J’ai apprécié cette nouvelle, elle se lit bien, elle offre de petits rebondissements sympathiques pour les lecteur·rices.

CELEPHAIS (Celephais, 1920) est l’histoire d’un homme qui rêve de la merveilleuse cité éponyme. C’est une nouvelle à la fois belle et tragique, qui évoque les rêves ; ceux des enfants qui sont merveilleux, ceux des adultes qui sont plus sombres et tourmentés. C’est court mais Celephais vaut le détour.

LA MALÉDICTION DE SARNATH (The Doom that Came to Sarnath, 1919) poursuit les récits de fantastiques cités. Ici, des humains détruisent la cité d’Ib et massacrent ses habitants, d’étranges créatures au corps gélatineux. Mais l’on raconte qu’une malédiction pèse sur la nouvelle et fabuleuse cité des humains.
Là encore, c’est une nouvelle qui m’a plu. Les descriptions des lieux sont belles, elles font rêver ; Lovecraft débute la nouvelle par un acte fort et destructeur et, tout du long, il maintient une tension qui ne cesse de croître tandis que Sarnath s’étend et devient chaque jour plus belle.

LA TOMBE (The Tomb, 1917) est une histoire à la première personne (comme c’est le cas pour plusieurs des nouvelles de Lovecraft) dans laquelle un homme, enfermé pour folie, s’adresse directement à nous pour que l’on se fasse notre propre avis sur sa santé mentale : enfant, il découvre un caveau dont l’entrée est solidement cadenassé. Dès lors, il n’a qu’un but : y entrer. Si j’ai apprécié l’idée et l’étrange dénouement de la nouvelle, elle ne m’a toutefois pas marquée plus que ça.  

PRISONNIER DES PHARAONS (Imprisonned with the Pharaohs, 1924) me restera plus longtemps en mémoire, c’est certain ! Ici, c’est un magicien renommé qui nous raconte son histoire mais, lui, espère avoir rêvé sa mésaventure. De voyage en Egypte, il se retrouve ligoté et jeté dans un puits au beau milieu des pyramides : s’il est si doué, il n’a qu’à se confronter à la magie antique du pays. 
C’est une histoire de survie mais aussi assez terrible de par ce que le magicien va découvrir dans les entrailles égyptiennes. Ça m’a bien plu et, là aussi, je veux en savoir plus sur ce qu’il a vu mais, comme pour L’étrange maison haute dans la brume, il va falloir que je creuse en lisant d’autres textes de Lovecraft. Toutefois, Prisonnier des pharaons est bien moins frustrant et nous offre un récit qui se tient de bout en bout. On ajoutera au passage que Lovecraft décrit superbement le pays, ses bazars, ses pyramides… J’ai cru comprendre qu’il n’y est jamais allé, pourtant on s’y croirait presque ; l’ambiance est bien rendue, les couleurs, la chaleur, le bruit, etc. Je pense que ça participe au succès de cette nouvelle, et pas seulement ce qui se déroule ensuite dans la pyramide.

Et voilà pour ce qui est de mes retours sur ces nouvelles. J’ajouterai que, hormis Herbert West, réanimateur qui semble faire office d’O.V.N.I. dans le recueil, le lien entre chacune est assez évident : on parle d’Ulthar que l’on retrouve juste après ; un homme escalade une montagne et on retrouve une ascension dans le texte suivant, etc.
Quelques points à ne pas négliger et que l’on retrouve dans plusieurs textes de Lovecraft : hormis les rêves et les divinités monstrueuses, on ne peut pas nier la présence évidente du racisme. Qu’importe qu’à son époque ce soit passé sans problème, j’avoue que les méchants hommes à la peau brune remplacés par les merveilleux humains à la peau claire, c’est un peu gênant. Et si on ajoute à cela le corps d’un homme noir désigné avec mépris comme « la chose », c’est d’autant plus malaisant. Alors, non, en effet, ça ne m’empêche pas de lire et apprécier le travail de Lovecraft dont l’imagination était incroyable, mais il y a tout de même des points avec lesquelles j’ai du mal.

Dans « Les autres dieux » et autres nouvelles, ce ne sont probablement pas les nouvelles les plus marquantes de H. P. Lovecraft qui sont présentées. Il n’empêche que j’ai passé un bon moment de lecture et, si vous en avez l’occasion, je vous conseille notamment Les chats d’Ulthar, Celephais, La malédiction de Sarnath et Prisonnier des pharaons. Vous en trouverez certaines libres d’accès sur le net, une bonne façon de découvrir cet écrivain.
Bonne lecture à vous 😈

« Les autres dieux » et autres nouvelles, H. P. Lovecraft Librio • 1995 • 124 pages • Genre : nouvelles, fantastique, horreur • ISBN : 9782277300687

Ce livre participe au Challenge de l’Imaginaire.

12 réflexions sur “« Les autres dieux » et autres nouvelles

  1. Hilde dit :

    J’ai découvert Lovecraft avec ce recueil et un autre de la même collection. J’aime bien son style, les ambiances toujours étranges parfois assez flippantes), ça m’avait donné envie de découvrir d’autres nouvelles. J’en lis toujours de temps en temps. 🙂

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    • Ma Lecturothèque dit :

      A mon grand dam, ces nouvelles sont loin d’être les plus flippantes et je pense que j’aurais aimé les découvrir avant de lire « La peur qui rôde », « La couleur tombée du ciel »… En tout cas, je te rejoins, j’aime beaucoup ses ambiances, son univers… et je ne compte pas m’arrêter là 😉

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