Les moissons

Les moissons

Quatrième de couverture :

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Mon avis :

Les moissons débute brutalement : une femme court dans un champ de maïs ; une course chaotique, dans laquelle elle perd une chaussure, qui lui fait perdre son souffle (je vous renvoie aux Premières lignes #365 si vous voulez découvrir cette introduction). Ca m’a marquée, comme ça marquera les personnages du roman, notamment la sergente Riley Fisher car la femme qui court est une amie d’enfance.
Je vais commencer par ce qui m’a moyennement plu avant de poursuivre sur ce que j’ai aimé. Sachez d’ores et déjà que ce n’est certes pas le polar que j’ai préféré lire depuis ce début d’année, mais qu’il s’agit tout de même d’une bonne lecture.
Vous connaissez ce flic au passé trouble, douloureux ? C’est un peu un classique, pas vrai ? Et c’en est même parfois un cliché. Eh bien, moi, ça me fatigue et c’est ce que l’on a dans Les moissons. Parfois, ça passe quand même, parfois pas du tout ; ici, ça passe moyennement. J’ai aimé ce que ça permet de dénoncer (je ne dis rien, je vous laisse découvrir), j’ai aimé cette détermination que ça amène chez Fisher malgré les doutes qu’elle peut avoir (on y reviendra brièvement plus tard). Mais je n’ai pas aimé les répercussions qui planent tout au long du récit : il y a des répercussion que je nomme « à petite échelle », qui concernent Fisher directement, ainsi que son entourage proche par ricochet. Et il y a les répercussions « à grande échelle » qui, pour moi, cassent un peu la crédibilité du récit. Et en même temps, pourquoi pas ? Au final, ces conséquences sur le présent sont plausibles mais, peut-être que dans ce thriller rural, très centré sur les conflits entre agriculteurs et sur une enquête policière, ça semble quelque peu hors-norme. Voilà donc pour le négatif, qui est somme toute relatif. Pour le reste, j’ai aimé.
Riley Fisher est récemment montée en grade et c’est elle qui mène l’enquête. Entre ceux qui lui disent qu’elle n’est sergente que parce qu’elle est une femme ou uniquement grâce à son grand-père, les pistes foireuses, les collègues récalcitrants…, elle est pleine de doute. Elle en vient à se demander si elle est vraiment la bonne personne pour ce poste. C’était intéressant de voir comment Fisher gérait la pression, ses nouvelles responsabilités et comment elle s’en sortait (et, pour ma part, je l’encourageais mentalement car je voulais qu’elle réussisse). A côté de ça, la sergente ne travaille pas seule. Comme elle, il y a des relations de travail que l’on apprécie moins et donc des personnages que l’on aime moins (et dont je n’ai pas retenu les noms mais je me souviens tout de même d’eux ; je leur ai attribué des surnoms tels que « le Frustré/Jaloux »). En revanche, j’ai beaucoup aimé celle que Riley Fisher entretient avec son nouveau collègue, Logan. Il n’y a pas d’amour entre eux (ouf!) et il a même une vie bien rangée, mais, s’il est bel et bien le petit nouveau, si Riley est une sorte de mentor et si elle est bien sa supérieure, il n’y a toutefois de rapport de force entre ces deux-là et, même, on peut dire qu’il y a une sorte d’équité. Ca fonctionne très bien et c’est vraiment plaisant de les suivre tous les deux. D’une façon plus générale, les relations entre les personnages sont assez présentes dans Les moissons ; c’est un thriller et l’enquête reste au premier plan, mais l’autrice, Erin Young, n’a pas oublié de mettre en avant l’humain. Quant à l’investigation, elle est bien amenée et bien menée : il y a diverses pistes, il y en a qui sont foireuses, d’autres bancales, d’autres évidentes ; les protagonistes, suspects ou témoins, sont intéressants ; le rythme est bon.
Il est tentant de vous parler des Moissons en long, en large et en travers : on a tout un aspect rural américain où se mêlent agriculture, science et politique ; c’est prenant et ça en fait des choses à raconter. Hélas, la frontière entre dire ce qu’il faut et en dire trop est mince, surtout quand il s’agit d’un polar. Alors je m’arrête là pour ce retour, en espérant que ces quelques mots vous auront donné envie de découvrir Les moissons, et ce malgré le bémol que j’ai pointé (et qui est subjectif).

Les moissons, c’est un bon thriller rural et, s’il s’agit du premier roman de ce genre d’Erin Young (plus connue sous le nom de plume de Robyn Young et pour ses romans historiques), je ne doute pas que l’autrice et la sergente Fisher sont à suivre. 
Bonne lecture à vous 🌽 

Les moissons, Erin Young • Titre VO : The Fields • Traduction : Valérie Bourgeois • Belfond • 2023 (VO 2022) • 463 pages • 22,50€ • Genre : thriller, agriculture, politique • ISBN : 9782714497321

Ce livre participe au challenge Les Dames en noir.

9 réflexions sur “Les moissons

  1. Light And Smell dit :

    La couverture me déstabilise, ayant tendance à voir des soldats sur un champ de bataille quand je prends du recul… Mis à part ce point et si je lis peu de thriller rural, l’humain semble bien dépeint et ça fait plaisir de voir une relation entre deux collègues homme/femme qui ne soit pas déséquilibrée ou qui se termine en romance…

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  2. juliet595 dit :

    Le côté thriller rural m’intrigue, mais je te rejoins pour la lassitude par rapport aux clichés des romans policiers : c’est pour ça que ça fait un petit moment que je n’en lis plus, ça me manque mais d’un autre côté j’ai toujours peur d’être déçue en retombant sur des poncifs :/

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