Moi, Tituba sorcière…

Moi, Tituba sorcière…

Quatrième de couverture :

Fille de l’esclave Abena violée par un marin anglais à bord d’un vaisseau négrier, Tituba, née à la Barbade, est initiée aux pouvoirs surnaturels par Man Yaya, guérisseuse et faiseuse de sorts. Son mariage avec John Indien l’entraîne à Boston, puis au village de Salem au service du pasteur Parris. C’est dans l’atmosphère hystérique de cette petite communauté puritaine qu’a lieu le célèbre procès des sorcières de Salem en 1692. […]

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Mon avis :

Femme, esclave et noire. Autant dire que Tituba n’avait rien pour réussir. Sans compter, comme vous l’aurez lu dans le résumé ci-dessus, qu’elle est née d’un viol. Rien que ces premières lignes que j’écris plantent l’ambiance du roman de Maryse Condé. On pourrait se demander pourquoi elle a écrit un tel livre et pourquoi il est bien à lire. Ce à quoi je répondrais justement pour tout ça ; parce que l’on sait peu de choses sur cette esclave qui s’est retrouvée au cœur des procès des sorcières de Salem, et surtout on sait encore moins ce qui a suivi pour Tituba. Alors, afin de réhabilité cette femme, de lui rendre  son histoire, Condé l’a écrite. Moi, Tituba sorcière… est une biographie fictionnelle ; une biographie parce qu’elle nous raconte la vie de Tituba, fictionnelle parce que, même si l’écrivaine se base sur des documents, il a bien fallu imaginer certaines choses. Et j’ai franchement aimé cette lecture, que ce soit grâce à la plume de Condé mais aussi grâce à la façon dont elle a (ré)écrit l’histoire de Tituba.
Le récit est à la première personne et c’est comme si Tituba se retrouvait là à nous parler d’elle. Elle commence par le début, finit par la fin ; c’est linéaire et pourtant cela ne manque pas de rythme. En effet, la vie de l’héroïne est chaotique, tragique, mais aussi pleine d’amour et de bienveillance et, quand elle nous parle de tout cela, elle n’omet rien, faisant parfois même des digressions que pour l’on saisisse mieux son propos.
Tituba est attachante par ce qu’elle nous raconte, évidemment, mais aussi par son vécu – comment ne pas compatir ? Surtout, ses relations aux autres sont parfois rageantes (je pense notamment avec ses maîtres et maîtresses), souvent belles (et là, je pense à  Abena et Man Yaya, ces femmes si importantes dans sa vie) et, ne nous mentons pas, c’est en partie grâce aux rapports qu’entretiennent les héros et héroïnes que ces dernier·ères s’attachent notre affection.
Le propos du livre de Maryse Condé, en plus de nous livrer une biographie de Tituba, c’est aussi de parler du sexisme et surtout du racisme. Du sexisme parce qu’il y a beaucoup de femmes et qu’elles sont soumises aux hommes (maris, pères…) ; seule l’une d’elles est libre et respectée (voire craine) et, si Tituba aurait pu suivre son chemin, elle a finalement préféré suivre l’amour. C’est d’ailleurs quelque chose de constant, chez cette femme : la recherche de l’amour, que ce soit auprès d’un homme ou bien l’amour des autres au sens large, avec cette volonté qui l’accompagne de faire le bien et d’aider les gens. Et puis il y a le racisme. Tituba est noire donc, en tant que telle, considérée comme un être inférieur et donc esclavagisée. Et quand il commence à se passer des choses étranges, qui accuse-t-on ? La femme noire. Pas l’homme noir, non, et d’ailleurs Tituba finit par le comprendre : blanc ou noir, un homme s’en sortira toujours mieux qu’une femme.

Je pourrais parler des heures de tout cela mais, en fait, je décide de m’arrêter là parce que ce sont des sujets connus, dont on peut trouver de nombreux articles sur le net, on peut lire plein d’essais sur ces sujets… L’important ici, c’est Moi, Tituba sorcière… de Maryse Condé, et c’est que j’ai aimé ce roman. C’est un livre fort, poignant, qui redonne une voix et une vie à cette femme, à cette esclave. J’ai aimé l’héroïne, j’ai aimé certaines protagonistes, j’en ai détesté d’autres ; je suis passée par beaucoup d’émotions en lisant Moi, Tituba sorcière….
En un mot comme en cent : lisez ce roman.

Moi, Tituba sorcière…, Maryse Condé • Folio • 1986 • 288 pages • 8,40€ • Genre : biographie fictionnelle, fantastique • ISBN : 9782070379293

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12 réflexions sur “Moi, Tituba sorcière…

  1. Coraline dit :

    Je ne lis pas ta chronique tout de suite parce que Maryse Condé est au programme du mois de décembre du Reading Classics Challenge et que j’ai justement choisi de lire « Moi, Tituba sorcière… »
    Je n’ai donc lu que le dernier paragraphe de ton article et j’ai cru comprendre que tu avais adoré ! J’ai vraiment hâte de le découvrir et de revenir lire ton avis.

    Aimé par 1 personne

      • Jackson dit :

        bonjour c’est pas possible vue que les procès de Salem se son déroulé vers 1692 et on pris fin en 1693 et elle fait partie de la longues liste des prétendue sorcières

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        • Ma Lecturothèque dit :

          Pardon, j’ai mal lu, c’était la date de décès. J’ai vu passé la date de 1674 mais, a priori, personne n’a de réelles certitudes – certaines personnes affirment même que Tituba n’aurait jamais existé.
          Toutefois, je ne suis pas historienne, j’ai juste lu un roman à son sujet. Je vous conseille de vous pencher sur la vidéo d’Occulture sur Tituba, si ce n’est pas déjà fait.

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