Le Prieuré de l’Oranger

Le Prieuré de l’Oranger

Quatrième de couverture :

Un monde divisé.
Un reinaume sans héritière.
Un ancien ennemi s’éveille.

La maison Berethnet règne sur l’Inys depuis près de mille ans. La reine Sabran IX qui rechigne à se marier doit absolument donner naissance à une héritière pour protéger son reinaume de la destruction, mais des assassins se rapprochent d’elle…
Ead Duryan est une marginale à la cour. Servante de la reine en apparence, elle appartient à une société secrète de mages. Sa mission est de protéger Sabran à tout prix, même si l’usage d’une magie interdite s’impose pour cela.
De l’autre côté de l’Abysse, Tané s’est entraînée toute sa vie pour devenir une dragonnière et chevaucher les plus impressionnantes créatures que le monde ait connues. Elle va cependant devoir faire un choix qui pourrait bouleverser son existence.
Pendant que l’Est et l’Ouest continuent de se diviser un peu plus chaque jour, les sombres forces du chaos s’éveillent d’un long sommeil… Bientôt, l’humanité devra s’unir si elle veut survivre à la plus grande des menaces.

Un tour de force épique et magistral. Un monument de la fantasy et de la littérature.

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Mon avis :

Le Prieuré de l’Oranger est un roman de Samantha Shannon dont vous avez certainement déjà entendu parler. Il s’agit de fantasy, avec un monde où la magie et les dragons occupent une place importante ; dans certaines parties du monde, les dragons sont de véritables démons tandis qu’ailleurs, ce sont des dieux vivants. C’est d’emblée très alléchant et ça l’est encore plus quand on lit, sur la couverture, que ce livre mérite d’avoir autant de succès que Le Trône de Fer et quand, dans la biographie de l’autrice, on lit que les critiques la mettent dans la même catégorie que Robin Hobb, J.R.R. Tolkien et George R.R. Martin. Généralement, je me méfie de ce genre de phrases hyper accrocheuses. Mais après avoir lu de nombreuses chroniques sur le net disant que c’était bien voire génial, qu’il y avait des personnages LGBT+, etc., j’ai moins réfléchi et je me suis lancée dans cette brique de près de mille pages qu’est Le Prieuré de l’Oranger.
Pour cette chronique, j’ai décidé de commencer par le négatif – sachez d’emblée que j’ai tout de même apprécié ma lecture. Dans ce roman, il y a bien des personnages homosexuels et, en cela, c’est super chouette. En revanche, je ne comprends pas pourquoi, dans un univers créé de toute pièce, l’autrice a tant calquer sur notre monde ; ce sont en effet des amours interdits, qu’il faut cacher car la position sociale est plus importante, etc. L’une de ces histoires d’amours homosexuelles n’aurait-elle pas pu être positive, avec au moins un personnage s’affichant aux yeux de toustes et tout le monde s’en fiche ? Et s’il n’y avait que cela… Depuis quelques années, les histoires homosexuelles finissent enfin bien – on s’est quand même tapé tout un tas d’œuvres dans lesquelles ce n’étaient que des amours maudits, se terminant de façon tragique, etc. Bref, je ne vais pas m’éterniser sur le sujet, cela demanderait un article à lui tout seul, mais en gros, des personnages LGBT+, c’est sympa, mais une représentation positive avec des personnages heureux, c’est beaucoup mieux (n’allez pas me dire que ça se termine bien pour le couple lesbien!).
J’en viens à un point qui est plutôt mitigé : je ne sais pas vous mais, moi, en lisant le résumé, j’ai l’impression qu’on ne va suivre que des femmes. En vérité, on suit tout autant d’hommes – ils sont moins badass, on ne va pas se mentir. Loth est sympathique ; Niclays est détestable et ne sert pas à grand chose, au final.
Cela me ferait presque oublier d’aborder deux autres points négatifs. Le premier est la longueur des chapitres. Ce qu’il faut savoir, c’est que chaque chapitre nous permet de suivre un personnage différent, dans un endroit du monde différent. J’aime beaucoup ce genre de narration qui nous permet de suivre l’évolution de l’intrigue de plusieurs points de vue sauf que, dans Le Prieuré de l’Oranger, les chapitres étaient souvent courts, me coupant dans mon élan ! Mais bon, on s’habitue et ce n’est pas si pire, je vous l’accorde. Le second de ces deux derniers points négatifs est l’absence de ressenti envers les personnages. Déjà, il y en a un que j’ai détesté ; il n’a pas eu une vie facile, il est éreinté, abîmé…, mais je n’ai eu aucune compassion pour lui. J’ai essayé, mais rien n’y faisait, je l’ai trouvé exécrable du début à la fin. Dommage, c’est l’un des protagonistes homosexuels – bonjour la représentativité : des enfoirés et des histoires d’amour qui finissent mal… Quant aux autres personnages, si j’ai eu un début d’affection pour eux, il y a une héroïne qui m’a vite fatiguée – pas de sa faute mais plutôt celle de l’autrice qui en a fait une « Rémi sans famille », s’attirant tous les malheurs du monde et c’était usant à lire ; j’ai apprécié les autres mais sans jamais avoir peur pour eux et leur trouvant parfois peu de piquant. Il m’a donc manqué quelques émotions.
Alors voilà, on a l’impression que le verdict est super négatif, que c’est une lecture qui m’a ennuyée mais il n’en est rien ! Malgré ses défauts évidents, Le Prieuré de l’Oranger est un bon roman. J’ai aimé le lire, navigué entre les pays et les continents, j’ai aimé découvrir cet univers merveilleux peuplé de dragons, les différentes croyances… C’était vraiment chouette. En fait, en lisant ce roman, j’ai véritablement voyagé et les créatures qui peuplent ce monde m’ont tantôt émerveillée, tantôt terrifiée. Et puis il faut dire que l’écriture de Samantha Shannon, sans fioriture mais ne manquant pas de détails, fait le boulot, nous accrochant au récit et aux descriptions. Quant à l’histoire, elle est dense, complexe (notamment parce que l’on suit plusieurs protagonistes), mais ne manque pas d’être épique. J’y ai trouvé des moments de banalité, d’aventure, d’action, de grâce… Avec près de mille pages, il y avait bien de quoi faire, il faut dire.

Je n’ai pas trouvé que Le Prieuré de l’Oranger soit la bombe annoncée, prête à se classer aux côtés des œuvres de Hobb, Martin et Tolkien. Pour autant, je ne cracherai pas dessus : c’est un bon roman de fantasy et, bien qu’il fasse presque mille page, il se lit bien et plutôt vite. Les héroïnes et héros manquent un peu de saveur mais l’intrigue est très prenante. Shannon a réalisé un sacré travail en écrivant ce roman et je ne peux qu’espérer qu’elle continue sur cette lancée car, à n’en pas douter, elle pourrait bien rejoindre les grand·es écrivain·es de la fantasy.

Le Prieuré de l’Oranger, Samantha Shannon • Titre VO :  The Priory of the Orange Tree Traduction : Benjamin Kuntzer et Jean-Baptiste Bernet Editions de Saxus • 2019 • 987 pages • 21€ • Genre : fantasy, dragons • ISBN : 9782378760373

Ce livre participe au Challenge de l’Imaginaire.

29 réflexions sur “Le Prieuré de l’Oranger

  1. lespagesquitournent dit :

    Effectivement, à la lecture du résumé, j’avais pensé comme toi avec les femmes héroines… Mais bon, ça ne me gênerait pas, je pense. Par contre, je suis étonnée pour les relations homosexuelles secrètes et négatives… C’est dommage ! Surtout sur ce que tu dis pour le couple… :/
    Comme dit Audrey, si c’est bien malgré les défauts, c’est déjà super ! Et, comme elle, je trouve ça bien d’avoir bien expliqué tes points positifs, tes attentes et ce qui t’a chagrinée.
    Je pense que je testerai un jour… Mais pas de suite, car la taille me fait peur ! Sacrée brique !!!

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  2. chatpitre8760 dit :

    Un roman qui me fait tout autant envie qu’il me fait peur… Surtout de par sa taille, mais l’univers à l’air vraiment prenant!
    Au passage j’ai beaucoup aimé ta chronique 😊 Elle est super sincère, je sais pas comment expliquer 🙈 En tout cas si j’en ai l’occasion je compte bien tenter l’aventure!

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  3. plumesdelune dit :

    Bon bin en te lisant, je comprends tes réticences même si j’ai pas eu le même ressenti à la lecture et que ça c’est mieux passé pour moi ^^ du coup c’est intéressant parce que j’avais pas du tout vu les choses sous cet angle ! (notamment la représentation)
    Kin

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    • Ma Lecturothèque dit :

      Il faut dire que j’ai grandi avec très peu de représentations positives ; j’avais été choquée notamment par un film (dont j’ai oublié le titre) qui se déroulait dans un internat et deux amies tombaient amoureuses. Je m’étais dit que ça pouvait être sympa, en plus, c’étaient des héroïnes qui devaient avoir à peu près mon âge… L’une d’elles ce suicident à la fin, bonjour l’ambiance.
      Donc voilà, ça doit dépendre des vécus, j’imagine ^^

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  4. lheuredelire dit :

    Il me fait très envie depuis sa sortie (notamment avec tout ce qu’on entend dessus sur les réseaux ^^) mais ce qui me freine surtout c’est le fait qu’il soit aussi gros ! j’ai l’impression qu’il me faudra au moins un mois le lire ahah

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  5. belette2911 dit :

    Coucou, j’ai eu plus de mal à lire le début de ce pavé… c’était long, mais long ! 😆 Puis après ça a été un peu mieux, mais de là à le comparer à GOT comme noté sur la couverture, c’est un peu poussé ! 😉

    Peu d’empathie avec les personnages aussi, j’en ai apprécié certains (même Niclays), j’aurais été attristée de les voir mourir, mais ils ne me marqueront pas… :/

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