Les dessous lesbiens de la chanson

Les dessous lesbiens de la chanson

Quatrième de couverture :

Selon les époques, l’homosexualité féminine fut tour à tour ou simultanément frappée d’opprobre, niée, invisibilisée. Mais clandestine ou pas, à mots couverts ou crus, cette réalité a trouvé pour se dire la voie de la chanson. Et de Suzy Solidor à Chris en passant par Barbara, Brigitte Fontaine, Marie Paule Belle, Juliette Armanet et bien d’autres encore, jusque dans le Club Dorothée, nombreuses sont les voix féminines à l’avoir chantée sur tous les tons.

Rendant à Sappho ce qui est à Sappho, Léa Lootgieter et Pauline Paris retracent dans ce livre l’histoire de 40 titres mis en musique de 1920 à nos jours. Oubliés pour certains, mondialement connus pour d’autres, ils ont tous en commun de délicieux sous-entendus lesbiens. Elles nous en révèlent les dessous au fil des pages, avec la complicité de Julie Feydel, qui signe les illustrations, et les regards aiguisés de 41 témoins contemporains venus éclairer l’origine de ces chansons, leurs parcours de vie dans les cabarets ou dans les clips, leur réception par la critique et le public… qui ne sait pas toujours ce qu’il fredonne.

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Mon avis :

Pour commencer cette chronique, j’aimerais tout d’abord remercier Babelio et les Editions iXe ; si j’ai pu lire ce livre, c’est grâce à une Masse critique et j’en suis absolument ravie car, si d’autres livres me tentaient, c’était Les dessous lesbiens de la chanson que je voulais absolument ; je n’avais donc demandé que celui-ci, une chance que je l’ai eu ! Si je le voulais, c’est en partie parce que je n’y connais pas grand chose en musique et, bien que concernée par la culture lesbienne, je suis vraiment une bille concernant la chanson. J’ai donc vu en ce livre l’opportunité de m’enrichir.
Concernant l’ouvrage en lui-même, il s’accompagne d’une playlist à laquelle on peut y accéder grâce à un QR code, ce qui permet de découvrir ou redécouvrir chacune des chansons dont il est question. Aussi, le livre se découpe en quatre grande parties, faisant fi d’un découpage temporel pour privilégier des thématiques. Nous avons, dans la première partie, les chansons qui brossent le portraits de personnage qui se font le reflet des interprètes ; viennent les amours interdites, les textes aux paroles troubles, tout comme le genre (qui est ce « je » chanté?), et enfin il est question de la solitude, celle, bénéfique, qui mène à l’indépendance.
Avant de découvrir la réflexion autour d’une chanson, j’ai toujours écouté celle-ci en premier, cherchant par moi-même les paroles parfois sulfureuses ou encore le sens caché entre les lignes – ce n’est pas un exercice toujours très simple. D’ailleurs, il y en a certaines que je n’aurais certainement jamais su décrypter sans Les dessous lesbiens de la chanson ! Et là, je vous fais une confession : avant de commencer le livre, je me demandais si, pour certaines chansons, la réflexion ne tournerait pas rapidement à une interprétation farfelue, du type « on y entend ce qu’on a envie d’entendre ». Si c’est le cas pour vous aussi, soyez rassuré·es : les autrices de ce livre n’ont pas travaillé seules, elles ont fait appel à une quarantaine de personnes qui ont pu leur apporter réflexions et réponses, que ce soient les artistes elles-mêmes ou encore des proches, des biographes, etc. En bref, des gens qui connaissent bien le sujet. Parmi ces personnes, il y a Brigitte Fontaine, Juliette Armanet, Carmen Maria Vega, etc. Et de fait, que ce soit par le prisme de la biographie (la sexualité et les amours de l’interprète), du contexte de l’époque (ce qui pouvait être dit ou non, savoir où se produisait l’interprète, etc.) ou encore par le message que la chanteuse souhaite faire passer, la réflexion est riche et intéressante.
Pour animer l’ouvrage, en plus de la playlist qui lui est dédiée, des illustrations, réalisées par Julie Feydel, accompagnent chaque chanson. Ainsi, nous avons pour chacune d’elles une page d’illustration et trois pages de texte. Si quelques rares illustrations m’ont laissée de marbre, je dois dire que j’ai pris un grand plaisir à découvrir la plupart d’entre elles ! Je pense notamment à celle pour les chansons du Club Dorothée (les héros deviennent héroïnes), à celles pour La chaîne de Damia et Sphinx de nuit de Colette Magny qui sont superbes, ou encore au rébus pour la chanson Les pingouins de Juliette Gréco.
Mais au fait, qui sont donc ces interprètes dont les chansons ont été passées au crible ? Eh bien l’on y trouve des chanteuses du XXe comme du XXIe siècle, allant de Damia à Chris, en passant par (en vrac) Aloïse Sauvage, Edith Piaf, Vanessa Paradis, Françoise Hardy, Sœur Sourire, Betty Mars, Hoshi, Gribouille, etc. Autant vous dire que le répertoire est très varié !
Alors, si comme moi vous n’avez pas ou peu de culture musicale, encore moins concernant celle des femmes qui aiment les femmes, ou si juste vous souhaitez redécouvrir des chansons et des artistes sous un nouveau prisme de lecture, Les dessous lesbiens de la chanson est fait pour vous. C’est typiquement le genre d’ouvrage à avoir chez soi, qui se lit, se regarde et s’écoute.

Désormais, il ne me reste plus qu’à me replonger avec délice dans la playlist et à attendre la potentielle parution d’un nouveau volume pour, encore une fois, découvrir des références, actuelles ou non, de la culture lesbienne.

Les dessous lesbiens de la chanson, Léa Lootgieter et Pauline Paris, Julie Feydel (illustrations) • Editions iXe • 2019 • 216 pages • 20€ •  Genre : chansons, culture lesbienne • ISBN : 9791090062535

17 réflexions sur “Les dessous lesbiens de la chanson

  1. Light And Smell dit :

    Le titre m’avait intriguée, mais par peur que ce ne soit pas pour moi, je ne l’avais pas coché…
    Du coup, je suis ravie de lire ton avis qui donne super envie. J’aime beaucoup le côté interactif, ludique et documenté qui semble ressortir de ce livre sans oublier la possibilité de se cultiver sur deux sujets que je connais peu.

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  2. Collectif Polar : chronique de nuit dit :

    Voilà qui m’intéresse alors merci pour cette découverte, sans toi je serai passée à coté de ce bouquin.
    Pour ma part il y a une chanson qui n’a pas beaucoup marquée au début des année 80, et oui j’étais alors ado, c’est « De la main gauche » de Danielle Messia. Elle est forcément citée dans cette compilation, hein ?
    Et merci pour le lien audio

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      • L'ourse bibliophile dit :

        J’ai adoré tous les livres d’Eliane Viennot sur la langue française, mais j’avais aussi été passionnée par Women’s lands qui parlent des communautés de femmes qui ont tenté de proposé un autre mode de vie. Mais à part un ou deux auxquels je n’avais pas accroché, leurs livres m’ont intéressée à plein de trucs vers lesquels je ne serais pas allée autrement, comme un essai sur les femmes et les esclaves au Brésil (le truc un peu spécifique quand même…).

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