Premières lignes #229

Bien le bonjour, les lecturovores !
Katherine Johnson, décédée au début de l’année 2020, était une incroyable mathématicienne afro-américaine et ses calculs ont permis, par exemple, aux hommes d’aller sur la lune. Vous la connaissez peut-être par le biais du film Les figures de l’ombre sorti en 2016 (que je n’ai toujours pas vu, hélas). Et l’an dernier est paru chez Albin Michel une biographie écrite par Carole Trébor et intitulée Combien de pas jusqu’à la lune. Je vous propose d’en découvrir les premières lignes du récit. On y découvre Joshua Coleman, le père de Katherine Johnson, et on est tout de suite plongé dans le monde des mathématiques…
Précisions : la règle de Doyle est une formule mathématique ; le pied-planche est une unité de mesure de volume.

Le principe : chaque semaine, je prends un livre et je vous en cite les premières lignes du récit. Pensez à mettre le lien de votre RDV en commentaire de l’article ou, si vous avez une page ou une catégorie dédiée, n’hésitez pas à me le faire savoir ; cela facilitera l’actualisation.

 

Chapitre 1

Été 1918

Combien d’arpents de bois la ville lit-elle ?

Les muscles de l’épaule bandés, Joshua Coleman brandit sa hache et l’abattit une fois encore sur l’arbre imposant. Le manche commençait à chauffer dans ses mains. Heureusement, le tronc émit un craquement sinistre : c’était le signe que Joshua attendait. Il recula vivement. Le cèdre fendit le paysage et s’effondra. Joshua refusait de s’habituer à ce bruit, la plainte d’un adversaire respecté.
Il essuya la sueur de son front et regarda l’arbre immense désormais à terre, vaincu.
Le silence était revenu.
Joshua estima le diamètre du tronc. Sans besoin de la règle de Doyle qu’ils utilisaient à la scierie, il sut exactement combien de pieds-planches il en débiterait. Il était ainsi fait. Il avait un compas dans l’œil et une calculatrice dans le cerveau.

Combien de pâte à papier serait tirée d’un tel volume ?
Combien de papier était nécessaire pour alimenter la ville de Washington en journaux ?
Combien d’arbres faudrait-il pour fabriquer la quantité de papier correspondante ?
Combien d’arpents de bois la ville lisait-elle ?

Son cerveau se mit en branle, véritable horlogerie mécanique.
Il calculait comme d’autres chantent, pour supporter le labeur.
Il calculait comme d’autres prient, pour se donner du courage.

Combien de pas jusqu’à la lune, Carole Trébor, 2019.

Combien de pas jusqu’à la lune

4 réflexions sur “Premières lignes #229

  1. LadyButterfly dit :

    Je pense qu’il vaut mieux lire le livre et s’intéresser à la vie réelle de Katherine Johnson parce que le film n’est pas si bon que ça (à regarder surtout pour le bon casting, alors). Entre autres, il y a une a un « sauveur blanc » (joué par Kevin Costner) qui m’a carrément tapé sur les nerfs…. Du coup, je m’attendais à un bon film, rétablissant une vérité sur des femmes laissées dans l’ombre et j’ai eu droit à des contre-vérités écrites pour le scénario. Un peu, ça va, mais au bout d’un moment, ça use.

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    • Ma Lecturothèque dit :

      Ah OK, diantre… Il n’y a pas de sauveur dans le roman, c’est vraiment Katherine Johnson qui fait les choses, qui se débrouille pratiquement tout le temps toute seule (alors oui, il y a un prof qui lui donne une chance, il y a des ami·es qui lui parlent d’un poste, etc., mais in fine, c’est Johnson qui fait les choses. Dommage pour le film, j’imagine qu’il fallait quand même montrer qu’il y a des gentils blancs…

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