Normal(e)

Normal(e)

Quatrième de couverture :

« La voilà, l’occasion pour moi de tout déballer.
Cinq petits mots : Je. Veux. Être. Une. Fille. Une phrase qui refuse de sortir. Qui me réduit au silence. Maman s’attend certainement à ce que je lui dise que je suis gay. Il y a sans doute des mois qu’elle se prépare à cette conversation. Sauf qu’elle et papa ont tout interprété de travers.
Je ne suis pas gay. Je suis juste une fille coincée dans un corps de mec. »

Mon avis :

Dans ce roman de Lisa Williamson, Normal(e), nous avons deux personnages principaux : David, une fille coincée dans le corps d’un garçon (son prénom féminin n’est révélé que tardivement, alors je vais utiliser « David » pour la chronique, bien que j’utiliserai le pronom « elle »), et Léo, un ado passionné de maths et récemment transféré dans le lycée de David.
Léo vient de Cloverdale, le quartier pauvre de la ville. Il a la chance d’avoir pu être transféré dans un lycée assez prestigieux, et peut ainsi échapper à ses anciens camarades et à son épave de mère. Pendant une bonne partie du roman, on s’interroge sur deux choses à son propos : pourquoi Léo a-t-il été transféré ? Et qu’en est-il de son père biologique ? Cette dernière interrogation est importante puisque c’est la quête qu’il mène une bonne partie du récit durant.
David, quant à elle, a conscience depuis bien longtemps – depuis ses huit ans – d’être une fille. Mais ce n’est pas évident d’en parler à ses parents, alors seuls ses deux amis, Essie et Felix, le savent. David vit mal son adolescence : son corps change, mais absolument pas de la façon qu’elle aimerait.

Pendant la première moitié du livre, je me suis interrogée sur le thème : j’avais lu à maintes reprises qu’il s’agissait des transidentités, mais à part le fait que David soit transgenre, j’avais du mal à comprendre en quoi c’était le sujet principal. Et puis arrive enfin cette deuxième partie ! Là, plus de doute, l’identité de genre est bien au centre du récit.
Quoiqu’il en soit, que ce soit dans la première ou dans la seconde moitié du récit, les questionnements autour des transidentités, l’isolation de David, les relations amoureuses, etc. sont très bien abordés. Si vous ne savez pas ce qu’est une personne transgenre, ou que vous n’avez aucune idée de ce qu’illes peuvent ressentir, alors ce roman sera très instructif pour vous. Et si vous connaissez déjà le sujet, alors voici un roman jeunesse qui aborde le thème avec justesse, sans pathos, avec des personnages attachants.

Au final, un seul point m’a gênée : David annonce à un personnage qu’elle est une fille dans un corps de garçon. Ce personnage est sensibilisé au sujet, mais continue d’utiliser le pronom masculin pour David, de l’appeler David alors qu’il connaît le prénom féminin qu’elle a choisi… Certes, David a une apparence de garçon et ne demande pas à ce qu’on utilise « elle » pour la désigner, mais tout de même !
Alors, si un jour vous rencontrez une personne transgenre et qu’elle vous dit « Je suis une fille/un garçon », il y a fort à parier que, malgré les apparences (si ille n’a pas fait la transition), elle souhaite qu’on utilise le bon pronom. Et si vous avez un doute, vous pouvez toujours lui demander : « Quel pronom préfères-tu que j’utilise? ».

Normal(e) est un roman abordant l’identité de genre à l’adolescence. C’est bien écrit, bien traduit, et surtout le thème est bien abordé, ainsi que tout ce qui l’entoure : l’acceptation, les relations, etc. Il y a des hauts et des bas et ça en fait une histoire crédible. Ajoutez à cela deux personnages principaux attachants : vous ne pouvez pas passer à côté de ce livre !

Normal(e), Lisa Williamson • Titre VO : The Art of Being Normal • traduction : Mathilde Tamae-Bouhon • Hachette Jeunesse • 2017 • 350 pages • 16,90€ • Genre : jeunesse, transidentités • EAN : 9782013917971

Je remercie NetGalley et les éditions Hachette pour ce service presse.

23 réflexions sur “Normal(e)

    • malecturotheque dit :

      Eh bien je me demande si je n’aurais pas dû lire « George » avant « Normal(e) », et comme j’ai l’intention de lire « Opération pantalon », il vaut mieux que je lise « George » avant ^^
      C’est toujours difficile de ne pas faire de comparaison quand on enchaîne des lectures sur une même thématique.

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  1. feelireblog dit :

    Je pense que c’est un peu dur de mentionner directement le fait que le second personnage n’utilise pas le bon pronom puisqu’au fur et à mesure il le fait, ça lui vient tout seul sans qu’il se force. Je pense que chaque personne doit avoir un temps d’adaptation. J’ai trouvé ça très réaliste parce que ça lui est venu naturellement. Une personne transgenre ne peut pas demander à une autre personne de se faire tout de suite mtn à sa réelle identité. Je sais que ce second personnage devrait comprendre mais c’est dur de comprendre ou simplement de se rappeler que « non, en fait c’est insultant ce que je fais ». Je pense que ce n’était pas méchant de sa part et on le voit à son questionnement ensuite quand il lui dit que c’est une fille le plus naturellement du monde 🙂 Tu peux demander à la personne quel pronom il préfère mais tu devras toujours réfléchir au fait de ne pas le vexer. Là, ça se fait naturellement et c’est beau !

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    • malecturotheque dit :

      Ce n’est pas une question d’adaptation car à aucun moment ce personnage ne se dit « ah mince, j’ai dit ‘il’ au lieu de ‘elle' », et je n’ai pas trouvé que ça venait au fur et à mesure, mais plutôt subitement. Comme c’est à la première personne, on a les pensées, et il utilise toujours « il », sauf subitement quand David s’habille en fille (encore qu’étant énervé il revient au masculin). C’est très maladroit et je ne sais pas si c’est volontaire de la part de l’autrice.
      Quant à la phase d’adaptation, soit, je comprends que quelqu’un que tu connais comme étant un garçon, et que du jour au lendemain tu apprends que c’est une fille, qu’il faut donc dire « elle », ce soit difficile, mais c’est aussi un effort à faire. Et ce personnage ne semble pas vraiment en faire. Oui, il faut réfléchir, mais ce n’est pas pour ne pas vexer : c’est pour ne pas blesser. Et vu le nombre de jeunes trans qui se suicident, franchement, prendre 2 secondes pour réfléchir, c’est rien.
      Par expérience, quand tu te trompes de pronom, tu t’en rends compte direct et tu ne refais plus l’erreur.
      Enfin, pour un roman visant un public aussi large, ça aurait été pas mal justement de « montrer l’exemple », ou de montrer le perso se tromper et s’excuser, etc.

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      • feelireblog dit :

        Oh j’ai l’impression de ne pas avoir eu la meme lecture que toi… au contraire, j’ai trouvé que le fait de voir David s’épanouir lui a fait prendre conscience qu’il était dans l’erreur et le déni. C’est peut être mon côté mère Theresa qui essaye de voir Le meilleur en chacun. Après Je suis d’accord avec toi sur le fait qu’il faille respecter le souhait des autres Et faire preuve de tolérance et de compréhension en le site appelant par le bon pronom. Pour un roman grand public, j’étais déjà contente que ce thème soit abordé. Ça a beaucoup fait écho à mon expérience, j’ai dû sauter des passages pour ne pas fondre en larmes.

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        • malecturotheque dit :

          C’est une bonne interprétation, avec l’épanouissement de David etc., mais j’aurais dans ce cas voulu quelque chose d’un peu plus explicite parce que là, c’est comme si Léo ne s’appuyait que sur les apparences :/
          Après, je suis moi aussi contente que le thème soit abordé hein ! Et encore plus contente parce que l’histoire est positive, ça se termine bien ^^

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  2. Valentine Pumpkins dit :

    Contente que tu as apprécié ! Et je te rejoins sur les apparences/utilisation du pronom, comme si il y avait nécessité à porter une perruque et une robe pour être une fille et donc être appelée Elle. J’ai l’impression que cette opposition (filles = cheveux longs / garçons = cheveux courts) se retrouvent beaucoup dans les romans ados, même ceux qui traitent du genre, c’est dommage…. C’est d’ailleurs la critique qui a été le plus fait à George, l’opposition entre filles et garçons avec des clichés de genre biennnn énervants (propre/sale, jupe/pantalon, etc). Y a encore du boulot !

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    • malecturotheque dit :

      Oui, c’est aussi ce que j’ai lu concernant « George ». Je le commence demain alors je verrai bien ce que ça donne !
      C’est super de donner de la visibilité aux minorités (urk, je déteste ce terme), mais encore faut-il réussir à éviter les clichés. Enfin, « chaque chose en son temps », j’imagine… -__-

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  3. Long Live Idols dit :

    C’est une lecture qui me tente beaucoup, mais rien que de lire « Je suis juste une fille coincée dans un corps de mec » dans le résumé, ça me fait douter un peu. J’aime partir du principe que le corps ne définit pas le genre.
    Après, je suis passée par là, quand on est jeune ça peut paraître plus simple de dire « je veux être » plutôt que « je suis »…
    Et mettre de côté une lecture sur ce sujet quand il y en a déjà peu, ce serait pas très malin. Il y aura sûrement des choses qui ne me plairont pas, mais je crois que ça vaut quand même le détour.

    En passant, merci de prodiguer les conseils qui ne sont pas appliqués envers le personnage principal dans le livre !

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