Les Gardiens de la maison

Les Gardiens de la maison

Résumé de la maison d’édition :

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Mon avis :

Les Gardiens de la maison est une saga familiale qui prend place dans l’étouffante Nouvelle-Orléans, durant un XXe siècle bourré de préjugés et de racisme. L’histoire nous est racontée par Abigail, petite fille du riche et puissant propriétaire William Howland. Elle débute d’ailleurs le récit en nous racontant la vie de celui-ci.
Je vais commencer de ce pas par le négatif, que j’ai d’ailleurs lu dans d’autres avis : le personnage de Margaret manque de présence. Plusieurs raisons expliquent probablement ce choix, à commencer par le fait qu’il s’agisse d’une femme noire mais aussi qu’elle n’est pas du sang des Howland, ce qui semble être le fil pour Abigail. Enfin, j’ai eu le sentiment que Margaret est présentée non pas parce qu’elle est considérée comme primordiale par Abigail mais surtout parce qu’elle fait le trait d’union entre le patriarche Howland et les événements à venir plus tard dans le récit. Si je trouve des raisons qui tiennent la route au fait que Margaret soit quelque peu effacée, il n’en reste pas moins que je trouve ça un peu dommage, d’autant plus que c’est une femme de tempérament, qui sait ce qu’elle veut pour elle mais aussi pour ses enfants.
Passons désormais à ce qui m’a plu, à savoir tout le reste.
William est intéressant et plaisant à suivre, qu’il soit jeune ou vieux. Il a dégage quelque chose de malicieux et, s’il est peut-être parfois un peu dur, il n’en est pas moins un homme très sympathique. Je pourrais en dire plus mais je m’arrête là le concernant, sinon je risque d’en dire un peu trop sur l’intrigue. S’il y a des événements qui semblent anecdotiques dans la globalité de l’histoire de la famille Howland, ils sont toutefois importants pour nous en dire plus sur l’homme lui-même. Sa fille Abigail, mère de la narratrice qui s’appelle elle aussi Abigail, est relativement transparente mais, contrairement à Margaret, cela ne m’a pas dérangée. Sa vie est quelque peu tragique mais, les erreurs semblant se répéter dans cette famille, il est plus intéressant de nous pencher surtout sur la jeune Abigail. Et il y a beaucoup à dire de cette femme ! Alors commençons par sa relation avec son époux : bon sang, la pauvre. J’exagère un peu car elle vit de jolis moments avec lui et il n’est en rien violent avec elle. Toutefois, c’est un homme qui a de grandes ambitions politiques et qui, pour arriver à ses fins, se cache derrière divers masques en fonction de son interlocuteur ou interlocutrice. Autant le dire tout de suite : Abigail va subir les frais de cet amour. Toutefois, cela va l’aider à grandir, à s’affirmer, et savoir ce qu’elle veut et ce qu’elle ne veut pas. C’est grâce à tout cela que, lorsque la fin arrive, elle va être apte à prendre des décisions dans le bien de sa famille. Oh, toutes ne nous la rendront pas forcément agréable, au contraire, mais cela la rend humaine et, durant ma lecture, je ne pouvais qu’être admirative de sa combativité.
Comme les personnages ne font pas tout, quoique nous sommes dans une saga familiale, il est important de revenir sur ce qui les entoure, de revenir sur le contexte historique. En effet, par le passé, La Nouvelle-Orléans a été un haut lieu de l’esclavage alors autant vous dire que, dans ce roman, autour de la famille Howland, il y a pas mal de racisme et, d’une façon générale, les Noir·es ne sont pas bien considéré·es (mais alors pas du tout). Ajoutons à cela la place de la femme (à la maison, bien sûr) et on obtient de quoi créer pas mal de difficultés pour notre narratrice et sa famille. Là aussi, je vous en dirais bien plus mais ce serait divulgâcher (et donc gâcher) votre plaisir de lecture. Retenez donc que cela en fait un roman avec des réactions ou des propos parfois nauséabonds mais que, grâce aux Howland, Les Gardiens de la maison est un plaisir à lire.

J’ai beaucoup aimé la saga familiale qu’est Les Gardiens de la maison. Si j’ai eu le sentiment que ça commençait tranquillement, je me suis vite rendue compte de mon erreur car ce roman s’est révélé addictif en bien peu de pages.
Avec son héroïne qui prend sa vie en main et qui peut se révéler terrible, avec son grand-père cachottier mais attachant, avec cette ambiance étouffante que nous offre La Nouvelle-Orléans, je ne peux que vous conseiller Les Gardiens de la maison de Shirley Ann Grau.
Bonne lecture à vous.

Les Gardiens de la maison, Shirley Ann Grau •Titre VO : The Keepers of the House • Traduction : Colette-Marie Huet • Belfond • 2023 (VO 1964) • 430 pages • 14€ • Genre : littérature américaine, saga familiale • ISBN : 9782714497970

9 réflexions sur “Les Gardiens de la maison

  1. tampopo24 dit :

    Merci pour cet avis éclairant pour un titre malheureusement tombé un peu dans l’oubli. Je ne sais pas encore si je le lirai car ce manque de présence me freine mais j’aime aussi les sagas familiales et à fortiori celles qui ont un message comme ici.

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