Que le diable l’emporte

Que le diable l’emporte

Quatrième de couverture :

.
Mon avis :

Si j’ai beaucoup aimé les premiers tomes de la saga du Bourbon Kid, je dois bien admettre que, à partir de Psycho Killer, l’humour scatophile ainsi que les blagues à la limite de l’homophobie, du racisme… de plus en plus présentes m’ont quelque peu gavée. Certes, un récit où ça défouraille de partout contre des morts-vivants, des vampires, etc., c’est toujours sympa mais est-ce suffisant pour apprécier une lecture ? J’ai relu mes différents retours sur cette série de livres et je suis surprise que, pour certains des derniers tomes, je restais globalement assez enthousiaste et positive alors que j’en garde un souvenir « sympa mais… ». C’est donc avec appréhension que je me suis lancée dans Que le diable l’emporte, bien que le résumé me paraissait attrayant. Quand j’ai commencé ma lecture, j’étais ravie de retrouver les protagonistes de la saga : JD a.k.a. le Bourbon Kid, Rodeo Rex, Flake, Elvis et Jasmine ; je trouvais que l’histoire commençait bien mais… mais je me suis alors rendue compte que je n’avais pas lu le tome précédent (sobrement intitulé Bourbon Kid). Et si l’histoire a l’air super cool, j’ai constaté deux choses : la première, qui est vraiment chouette, c’est que je n’avais pas besoin d’arrêter ma lecture de Que le diable l’emporte pour d’abord lire Bourbon Kid puisque le récit se tient, on comprend vite les événements passés et leurs conséquences dans cette nouvelle aventure chaotique. La seconde, qui est moins chouette, c’est que je n’ai pas particulièrement envie de lire Bourbon Kid alors même que l’histoire a l’air super. Quoi qu’il en soit, je vais vous partager mon avis sur ce je-ne-sais-combientième tome (de toute façon, ils ne sont pas tous dans l’ordre chronologique du récit, donc on s’en moque un peu) et vous cernerez mieux mon ressenti.

Le Kid est vivant ! Et sa compagne, Beth, est enceinte ! Voilà de quoi mettre en rage le diable qui s’est fait rouler en beauté en pensant le couple mort. Peut-il laisser passer ça ? Bien sûr que non, alors il va mettre en place un plan pour y remédier et le lui faire payer dans la souffrance.
Honnêtement, l’histoire est cool et j’ai retrouvé ce que j’aime dans cette série : des pactes avec le diable, des vampires, les gros bras surarmés des Dead Hunters, des bastons improbables et complètement dingues… Et je dois dire que je n’ai pas vu venir certains rebondissements ! Alors oui, c’est parfois tiré par les cheveux, voire ça manque un peu de cohérence, de crédibilité, mais ce n’est pas ça qu’on cherche avec les romans du Bourbon Kid ; quand on lit ces bouquins, c’est pour se vider la tête, c’est une sorte d’exutoire assez gore. Dommage que ce gore soit parfois trop chiant, et je parle là des blagues pipi-caca-prout qui tournent à l’insupportable. 
J’aimais bien Sanchez, avant. Parce que j’aimais le détester : un mec imbuvable, malhonnête, qui fait des blagues qui ne font rire que lui, etc. Mais, au fil des tomes, il est devenu un anti-héros capital au récit, donnant à l’auteur l’occasion de se lâcher sur les blagues scatophiles. Que Sanchez lâche une caisse et que tout le monde s’évanouisse autour de lui, pourquoi pas, de même qu’il fasse ses propres bulles dans le bain, c’est un peu rigolo, on va pas se mentir. Mais le reste, à base de créature coincée dans les toilettes, de monstre de merde, etc., je vous le dis franchement : je n’en pouvais plus et je n’ai absolument pas compris en quoi ça aidait dans l’intrigue, en quoi ça apportait quelque chose. C’est juste là pour faire rire sauf que trop c’est trop dégueulasse et j’ai survolé ces passages (je me suis forcée, pensant que ça apporterait des éléments dans le récit – j’ai eu tort). C’est juste pathétique et affligeant. C’est littéralement un humour de merde.
Bon, et le traitement des personnages… Je ne me souvenais pas qu’Elvis et Rex étaient aussi idiots. Est-ce que la stupidité de Sanchez a déteint sur eux ? Ce sont censés être d’incroyables tueurs à gage, ils ont une réputation mais, non, réfléchir, ce n’est pas leur fort. Certes, il me semble me souvenir que le King a toujours été moins malin que Rex mais, là, on touche presque le fond. Ce qui nous permet de l’atteindre, ce sont les femmes. Je sais que dans ces romans, elles sont grandement sexualisées et je passe généralement outre. Mais là, j’ai eu beaucoup de mal. En effet, nous avons ici le parfait exemple de la mère et la putain, ou plutôt devrais-je dire la future mère et les putains. Seule Jasmine a été prostituée, pourtant Flake incarne ici le rôle de la parfaite soumise à son homme (la Belle et le Monstre – Sanchez étant décrit comme hideux), qui défonce quiconque lui fait du mal et qui ne cesse d’être sexualisée. Le pompon, c’est pour Jasmine qui est non seulement la plus cruche du livre mais aussi caractérisée par sa soif de sexe. Et qu’importe que tel personnage n’est pas chaud pour la rejoindre avec son mec dans un plan à trois, si elle le veut, il le fera. C’est globalement gênant, parfois horrifiant et hallucinant. Finalement, les femmes ne savent se battre que pour protéger leur homme. C’est d’une tristesse… Quant à la mère, il s’agit bien sûr de Beth. Son traitement, ça va : elle peut avoir besoin d’être sauvée, parfois, mais elle se débrouille et c’est une femme au caractère marqué, jamais mise en avant pour son physique, etc. La mère, elle est toujours parfaite, contrairement aux autres femmes.
Enfin, là où cette série me plaît en général, eh bien ça fait ici un petit flop. C’est rigolo de voir des personnages taper sur tout le monde, voire buter tout le monde sans aucun scrupule (on sait que, en vérité, ce sont au moins des adorateurs du diable, au plus de terribles démons venus foutre le bordel sur Terre). Sauf que, cette fois, ça tape sur des gays handicapés et des nains parce que… Parce qu’un des personnages principaux s’est planté. Bon, soit. Et tout ce passage sert à… ? A rien. Ou si peut. L’utilité dans le récit est donc nulle. De même qu’une intrigue secondaire autour d’un livre emprunté par Sanchez il y a des années. Alors, je ne sais pas, l’auteur a signé un contrat où il doit rendre un tapuscrit de X signes alors il a comblé avec du vide ? Je ne sais pas si c’est ça mais ça y ressemble. Etre irrévérencieux, je dis oui, mais là, je n’ai pas compris le but. Ca m’est complètement passé à côté.

Malgré tout, je pense que je lirai les tomes suivants par curiosité mais il s’agira d’emprunts. Je ne compte plus dépenser mon argent dans cette série qui ne fait que s’essouffler depuis un moment déjà, se noyant dans sa propre pisse. Je ne vais pas vous cacher que je suis un peu amère car ça me plaisait franchement bien au début. Là, c’est devenu une simple surenchère, c’est redondant à mort, on n’a même plus peur pour les personnages et l’intrigue principale tient sur un mouchoir de poche ; les trous sont comblés par de la merde. Il paraît qu’il y a de l’amélioration dans la suite et c’est pour ça, surtout, que je pense la lire. Quant à vous conseiller la saga du Bourbon Kid ? Arrêtez-vous au Livre de la mort.

Que le diable l’emporte, anonyme • Titre VO : The Greatest Trick • Traduction : Cindy Colin-Kapen • Le Livre de Poche • 2020 (VO 2019) • 524 pages • 8,90€ • Genre : fantastique, thriller, piège mortel • ISBN : 9782253181552

Ce livre participe au Challenge de l’Imaginaire.

7 réflexions sur “Que le diable l’emporte

  1. Vampilou fait son Cinéma dit :

    On sent clairement ton ras-le-bol, vraiment dommage, parce que comme toi, l’enthousiasme était bien présent en lisant tes retours, mais il est vrai que là, ça laisse un peu plus à réfléchir !

    J’aime

    • Ma Lecturothèque dit :

      Initialement, ça ressemblait vraiment à un thriller fantastique un poil western moderne et un peu gore. C’est toujours relativement le cas mais avec de plus en plus de « blagues » qui font de moins en moins rire, de situations censées être drôles mais qui m’exaspèrent juste.

      J’aime

Laisser un commentaire