Bitch Planet, t.1 : Extraordinary Machine

Bitch Planet, t.1

♥ Coup de cœur ♥

Quatrième de couverture :

 Tu es non-conforme ?
Tu ne rentres dans aucune case ?

Tu es trop grosse,
trop maigre,
trop effrontée, 
trop timide,
trop croyante,
ou pas assez,
trop prude,
trop sexy,
trop noire,
pas assez blonde,
ou trop ce-qu’ils–ont-décidé-de-te-reprocher-aujourd’hui ?

Tu pourrais bien finir sur…
Bitch Planet

Mon avis :
Alors que je cherchais un comics à offrir pour l’anniversaire d’une amie, le libraire m’a proposé deux nouveautés : Lady Killer de Joëlle Jones et Jamie S. Rich, et Bitch Planet de Kelly Sue DeConnick et Valentine De Landro. Le premier est un thriller, et le second de la science-fiction. Après beaucoup d’hésitation, j’ai finalement offert Lady Killer à mon amie, et je me suis acheté Bitch Planet.

Bitch Planet est un comics à la fois dystopique et féministes. Aux commandes, Kelly Sue DeConnick en charge du scénario, et Valentine De Landro qui s’occupe des dessins.
Dans cet univers, le patriarcat est exacerbé, et les femmes n’entrant pas dans la norme sont envoyés en prison. La norme est cet hologramme, une femme blanche, plantureuse, obéissante – si elle n’existe pas réellement, c’est tout de même ce qui est attendu des vraies femmes. Or, celles que nous allons suivre sortent de cette norme : trop grosses, trop violentes, trop noires, homosexuelles, pouvant ne pas être tout le temps douces… Alors elles sont envoyées dans une prison – ou plutôt un « Etablissement auxiliaire de conformité » -, dans l’espace, surnommée Bitch Planet : la Planète des salopes. Le but est de faire entrer ces femmes dans le moule de la pensée, et dans le moule du physique.
Dès les premières pages, nous suivons quelques-unes de ces nouvelles prisonnières, fraîchement débarquées. D’emblée, deux d’entre elles se détachent du lot : la mystérieuse Kamau, ancienne sportive, et Penny, dont le crime est de s’assumer et de s’aimer telle qu’elle est : grosse. J’ai adoré ce personnage, que j’ai trouvé à la fois fort et touchant. J’en voudrais plus, des héroïnes comme elle !

En parallèle, nous faisons connaissance avec le directeur de la prison et d’autres hommes dont j’ai oublié la fonction – il faut dire que cela fait un mois que j’ai lu Bitch Planet. Ce que je retiens d’eux, c’est qu’ils veulent faire entrer nos héroïnes dans la norme (en utilisant ce qui est pour moi de la torture, qu’elle soit physique ou psychologique), ou, à défaut, s’en servir pour en tirer des bénéfices. En effet, l’un d’entre eux gère des matchs de Mégaton, un sport de balle aussi violent que Rollerball (Rollerball, film de Norman Jewison, 1975).
J’admets qu’au début, c’est un peu perturbant de passer des prisonnières aux hommes, d’une stratégie à une autre ; d’autant plus que nous connaissons alors peu les protagonistes, et que cela casse alors occasionnellement le rythme. Mais le récit s’avère très prenant, et a sa dose de rebondissements – sans compter sur les héroïnes de ce comics qui sont toutes très différentes les unes des autres : impossible de ne pas se retrouver dans l’une d’entre elles ! Surtout, le féminisme et l’anti-conformisme qui se dégagent de ce livre sont superbes à lire et à regarder.
Pour ce qui est des dessins, ils ont ce côté rétro que j’apprécie, et mettent en avant les corps et les actions des héroïnes, sans les sexualiser. Le vintage est poussé à son paroxysme avec les pages de journaux glissées entre chacun des chapitres : ce sont des condensés de publicités pour objets inutiles, d’annonces, de déclarations… dignes des 70’s, et non dénuées d’humour ! Cela n’est pas sans rappeler les films grindhouse, avec en exemples récents Machete de Robert Rodriguez et Ethan Maniquis (2010) et Boulevard de la mort de Quentin Tarantino (2007).

L’une des fausses publicités

Le petit plus, c’est le dossier sur le féminisme dans la culture populaire, qui se trouve à la fin du comics : nous y retrouvons une interview des deux auteur.e.s (Valentine De Landro est un homme), nous avons aussi droit à une liste de femmes qui auraient eu leur place sur cette planète carcérale – à commencer par Olympe de Gouges -, ainsi que des témoignages de femmes auteures et de journalistes. De quoi pousser plus loin la réflexion. Par ailleurs, Glénat propose un questionnaire en ligne afin d’obtenir des témoignages.

Bitch Planet, t.1 : Extraordinary Machine est un très bon premier tome, et j’ai hâte de lire la suite (qui sort en novembre prochain). Ce comics est un superbe pamphlet féministe et anti-conformiste, à mettre entre toutes les mains.
Nous y découvrons des femmes qui n’entrent pas dans un moule ; tout comme dans notre société, ces femmes sont cachées : si dans Bitch Planet elles sont envoyées dans une prison spatiale, pour nous, elles n’apparaissent simplement pas dans les magazines, au cinéma, dans les publicités… Il n’y a bien que des séries telles que Orange is the New Black pour laisser la place à toutes les femmes – tiens, encore une histoire de femmes en prison.

Il ne vous reste plus qu’une seule chose à faire : vous ruer sur Bitch Planet !

Bitch Planet, t.1 : Extraordinary Machine, Kelly Sue DeConnick (scénario) et Valentine De Landro (dessin) • Titre VO : Bitch Planet, book one : Extraordinary Machine • Glénat Comics • 2016 • 176 pages • 16,95€ • Genre : féminisme, science-fiction • EAN : 9782344014653

Ce livre participe au challenge Littérature de l’Imaginaire.
challenge-litteraturedelimaginaire

31 réflexions sur “Bitch Planet, t.1 : Extraordinary Machine

  1. Lullaby dit :

    Je l’ai lu à la bibliothèque. Effectivement, il est très bien ! J’ai eu un peu plus de mal car la misogynie est poussée à une telle extrême que ça m’a mise très mal à l’aise, mais c’est clair que c’est un pamphlet qui n’hésite pas à mettre en personnages principaux des personnages qui sortent des sentiers battus.
    Bref, je ne le recommanderai pas aux âmes sensibles, mais il mérite d’être lu.

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