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Quatrième de couverture :

Une femme voyage à travers le désordre de ses souvenirs : l’enfance dans sa cage dorée à Saigon, l’arrivée du communisme dans le Sud-Vietnam apeuré, la fuite dans le ventre d’un bateau au large du golfe de Siam, l’internement dans un camp de réfugiés en Malaisie, les premiers frissons dans le froid du Québec. Récit entre la guerre et la pais, Ru dit le vide et le trop plein, l’égarement et la beauté.
Dans ce tumulte, des incidents tragicomiques et des objets ordinaires émergent comme autant de repères d’un parcours. Un bracelet en acrylique rempli de diamants ou des bols bleus cerclés d’argent restituent le Vietnam d’hier et d’aujourd’hui. Ce premier roman fait déjà preuve de la maîtrise d’un grand écrivain.

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Mon avis :

Ce court roman m’a occupée le temps d’un voyage et il a très bien fait son travail : je voulais découvrir une vie, une histoire, je voulais ressentir des choses en lisant ru.
Dans ru, nous découvrons une histoire inspirée par la vie de l’autrice elle-même, celle d’une jeune Vietnamienne nommée Nguyễn An Tinh qui vit dans l’aisance avec sa famille et qui se retrouve un jour à devoir fuir le pays. Adieu les domestiques, adieu la belle vaisselle, les bijoux, le confort d’une chambre, et bonjour la misère, la boue, l’entassement de vingt-cinq personnes dans une cabane. Sa famille tente sa chance et embarque clandestinement pour le Canada. C’est un véritable périple mais qui finit par en valoir la peine.
En introduction à cette lecture, Kim Thúy nous explique rapidement la signification de « ru » en français et en vietnamien : c’est un écoulement dans notre langue, et une berceuse en vietnamien. Et cela tombe très bien car la narratrice nous raconte son histoire selon le flot de ses souvenirs, comme s’ils surgissaient et s’exprimaient librement, avec force mais également avec douceur. Ce pourrait être décousu mais le récit s’avère être fluide.
Le roman se lit vite déjà parce qu’il se lit facilement, c’est bien écrit, mais aussi parce que les chapitres sont courts, certains n’excédant pas deux pages. Chacun d’entre eux évoque un souvenir bien particulier de Nguyễn An Tinh qui est la narratrice. Mais ce qui m’a le plus marquée, c’est la mise en page du récit : les chapitres commencent presque au milieu de la page, laissant un blanc, un vide, au-dessus. Et j’ai trouvé ça vraiment super car cela m’a donné l’impression d’être avec Nguyễn An Tinh, d’être en train de l’écouter me raconter son histoire, reprendre son souffle, s’accorder un moment de réflexion.
Dans cette histoire, il est question de nourriture, d’habits (je garde en tête l’anecdote du père avec le pull à col roulé), de la vie sous le régime communiste, de survie aussi, de la découverte d’une nouvelle culture mais la narratrice parle aussi de son fils atteint du syndrome d’Asperger, etc. Et la façon qu’à Kim Thúy de décrire tout cela, la façon dont elle en parle par le biais de son héroïne est vraiment superbe, toujours pleine de douceur même lors de moments difficiles, parfois frôlant le poétique, parfois avec une pointe d’humour.

ru est un texte à la fois beau et touchant. Une très belle découverte que je vous recommande.

ru, Kim Thúy Le Livre de Poche • 1984 • 380 pages • 7,80€ • Genre : littérature, autobiographie fictionnelle • ISBN : 9782290330586

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