La boîte de petits pois

La boîte de petits pois

Quatrième de couverture :

C’est la petite histoire d’une famille de Lituanie au temps de la grande Histoire de l’URSS. C’est le récit d’un oncle envoyé au goulag pour avoir collé des affiches dans la rue, d’un grand-père apparatchik qui a accès aux magasins secrets où on paie en dollars, d’une grand-mère qui trouvera quoi qu’il arrive un moyen d’acheter une bouteille de Cognac même quand on lui dit qu’il n’y en a pas, de chewing-gum qu’on mâche à tour de rôle quand on parvient à en avoir un. C’est le quotidien d’une République soviétique, ses files d’antennes, ses idéaux et ses paradoxes, racontés par GiedRé, une petite fille qui découvrira en arrivant à Paris en 1991 qu’il existait pendant tout ce temps un autre monde, rempli de bananes, où chaque enfant a sa propre gomme à l’école et où les boîtes de petits pois n’étaient pas le met le plus raffiné qui soit.

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Mon avis :

GiedRé est une chanteuse que j’apprécie beaucoup ; elle a un humour qui me plaît et ses paroles sont terriblement mordantes sous leurs airs naïfs. Une amie qui aime elle aussi cette artiste m’a prêté la BD autobiographique de GiedRé, l’occasion pour moi de découvrir son enfance en Lituanie. En effet, ce n’est qu’à l’âge de 7 ans qu’elle est arrivée en France ; peut-être parce qu’il est difficile de se rappeler de nos premières années, c’est d’abord l’histoire de sa mère qu’elle nous raconte. Pour cela, elle est accompagnée au dessin par Holly R.

La boîte de petits pois nous raconte la vie de GiedRé et de sa mère en URSS. Forcément, dans un tel récit, l’histoire se mêle à l’Histoire, bien que l’on se concentre essentiellement sur la vie des deux femmes. Cela n’empêche pas de nous montrons un quotidien fait de partages mais aussi de restrictions.
C’était intéressant car, pour le coup, ce sont les témoignages directs de deux personnes qui ont vécu en Europe de l’Est et, chose notable, on a deux visions différentes : il y a celle de la mère dont le grand frère s’est retrouvé au goulag alors qu’il venait d’atteindre la majorité, la mère qui a vécu dans un minuscule appartement avec son époux et leurs enfants, la mère qui a découvert la vie des apparatchiks (il s’agissait des membres du parti communiste, ils avaient de beaux privilèges comme des maisons individuelles, des accès à des produits rares, etc.) avant de retourner dans une barre d’immeuble… Et puis il y a la vision de la fille, GiedRé, encore petite, qui est contente de mâchouiller un chewing-gum après les copains et les copines, qui est contente de découper sa gomme pour la partager avec ses camarades ; la vision de la fille qui, arrivée à Paris, découvre qu’il y a ici des gens qui n’ont pas de logement où dormir mais où les bananes et les petits pois peuvent se manger tous les jours. J’ai trouvé que ces points de vue, qui diffèrent sur le communisme notamment, étaient intéressants mais aussi touchants. J’imagine que le texte y est pour quelque chose ; comme dans les chansons de GiedRé, on retrouve une certaine naïveté enfantine, qui pourtant met en avant diverses choses, qui sait les souligner quand c’est nécessaire (que ce soit un aspect humoristique, tendre ou triste…). D’ailleurs, le dessins de Holly R. colle bien avec le texte car il est mignon et coloré, il est aussi un peu enfantin, mais les détails ne manquent pas pour autant. Tout cela fait que ces témoignages sont pleins de vie et ne tombent jamais dans la lourdeur. Ca se lit super bien.

Ainsi vous recommandé-je chaudement cette BD, que vous connaissiez ou non GiedRé puisque c’est un récit qui est probablement partagé par de nombreuses personnes ayant vécu en URSS – le genre de témoignage important pour mieux comprendre notre monde et qui a l’avantage de nous présenter deux visions d’un même monde.
Enfin, je ne peux pas vous laisser sans une chanson de GiedRé :

Bonne journée à vous !

La boîte de petits pois, GiedRé (scénario) et Holly R. (dessin) • Delcourt • 2019 • 112 pages • 15,95€ • Genre : bande dessinée, URSS, XXe siècle • ISBN : 9782756099200