Diluées

Diluées

Quatrième de couverture :

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Mon avis :

Diluées est ma première lecture de l’année mais aussi la première qui entre dans le cadre du Challenge de l’Imaginaire ! Il s’agit d’un recueil de nouvelles érotiques – enfin allant du très érotiques à pas du tout – qui explorent la sensualité et le désir queer à travers des périodes et des univers différents. On se retrouve aussi bien dans un univers similaire au nôtre que sur un navire pirate, sur la route pour un tournoi de chevalerie ou encore coincé·e dans les dangereux tréfonds du net. Je vais vous présenter chacune des nouvelles, en donnant bien sûr mon ressenti, mais sachez d’ores-et-déjà que chaque récit se tient bien dans le format nouvelle. Pas de frustration, aucune impression négative à ce sujet. S’il m’est arrivé de me dire que j’en voulais plus, c’était par appréciation de l’univers et non parce que le format était trop court.
Si vous souhaitez garder la surprise quant aux textes de Diluées, je vous invite à sauter directement à la conclusion.

ERESHKIGAL de Morgane Stankiewiez : Anna n’est plus très heureuse avec Solène. Elle se sent prisonnière de leur relation et n’a plus de désir pour sa compagne alors elle se réfugie sur le net et assouvie ses fantasmes grâce à la réalité virtuelle. Un jour, un concert bouscule tout. Ereshkigal nous raconte une quête de désir mais aussi une recherche d’identité. Cette nouvelle est déroutante et a quelque chose d’universel. L’exploration des bas-fonds, avec son lot de violence, de drogues…, ce n’est pas un univers que j’apprécie particulièrement mais l’histoire m’a plu et c’est une sacrée entrée en la matière en terme d’érotisme, je ne m’y attendais pas (enfin pas dès la première nouvelle). 

COULEUR D’ÉCUME de Morgan of Glencoe : un vaisseau pirate accueille une nouvelle membre dans son équipage. Mais ça tombe mal, elle a peur de l’eau.
Ici, Morgan of Glencoe joue joliment avec les langues (anglais, gaélique irlandais et wolof) pour nous immerger dans un équipage éclectique. Si l’on reste un peu en surface des personnages (je vois bien un roman sur ces pirates, basé essentiellement sur leurs relations), je me suis toutefois sentie avec elleux sur le navire – le soleil qui réchauffe ma peau, la pluie qui pénètre jusqu’à l’os. Côté érotisme, c’est plus léger que dans Ereshkigal mais on découvre ici du bondage plein de douceur. L’autrice visait « fun & epic & hot » (cf. Twitter) et, si un roman permettrait plus d’épique, pour le reste, c’est très réussi.

VŒUX ÉLECTRIQUES de Karine Rennberg : par un coup de pouce de la Fée Electricité, deux femmes, Amélie et Camille, se rencontrent lors de l’Exposition universelle. L’une est pleine de connaissances, l’autre avide d’apprendre. Cette histoire est douce et tendre et je n’ai pas envie d’en dire beaucoup plus pour vous inviter à la lire, si ce n’est qu’ici, le désir ne passe pas par la sexualité telle qu’on l’envisage de prime abord. En somme, portée par la voix de la Fée, cette nouvelle de Rennberg est une belle histoire qui m’a enchantée.

BOUCHES D’INCENDIE de Cordélia : Sam et Morgan se rencontrent lors d’une manifestation. Ce texte est la preuve que les questions de consentement peuvent être abordées sans nuire à l’érotisme. Je pourrais m’arrêter là mais, allez, je vous en dis un peu plus : comme pour les autres nouvelles, on parle ici d’une rencontre, de la naissance du désir, de la découverte de l’autre mais aussi de soi. Ce n’est pas le texte que j’ai préféré (c’est purement subjectif) mais il est efficace tant sur la narration que sur les émotions.

VIEILLES CONNAISSANCES de Nadège Da Rocha : quelle surprise ! C’est l’histoire d’une vieille chevaleresse, Sir Viviane, qui, accompagnée de son écuyère, Morgane, prend la route pour un tournoi. J’ai beaucoup aimé les personnages et l’univers ; nul doute que Da Rocha est une autrice à suivre. Il m’a manqué un petit quelque chose, c’est vrai, probablement dû au fait que ce soit une nouvelle et que j’aurais aimé que tout soit plus poussé : les relations, les descriptions, les lieux, etc. Donc je le dis clairement : j’ai aimé Vieilles connaissances et j’adorerais un roman avec cette chevaleresse qui ne manque pas de bagout ni de vécu. 

ALPHA BEAUTY de Théodore Koshka : je n’ai pas apprécié cette nouvelle comme je l’aurais dû. Tout le reste de l’ouvrage est sensuel, plein de multiples désirs partagés, et l’avant-propos lui-même nous laisse entendre que c’est ce que nous allons retrouver tout au long de Diluées. Eh bien non puisque Koshka nous offre ici un récit brutal et violent (TW à surligner – risques de spoils : meurtre, viols). Ca m’a refroidie direct. Déjà que le tableau des accords (si un individu est Alpha, Beta ou Omega, il n’est pas genré de la même façon) m’avait fait peur… Mais une fois que l’on est prévenu·e, on ne peut nier que c’est une bonne histoire dans le genre du thriller. Le tableau ? Je l’ai survolé vite fait et la lecture s’est tout de même avérée fluide, sans difficulté particulière. Le récit pose la question de jusqu’où nous serions prêt·es à aller par amour. Rien ne nous est épargné et, pour ma part, je suis sortie d’Alpha Beauty assez chamboulée. Au final, le gros bémol de cette nouvelle, et que l’auteur regrette, est qu’il n’y a pas de warnings au début du texte.

COMME UN SOLEIL de J. M. Corrèze : revenons à quelque chose de plus doux et de plus sensuel. Ici, un esprit de feu traverse les années, rencontre diverses générations et, parfois, s’attache à l’un ou l’une des humain·es qu’il rencontre. Alors il prend une forme humanoïde, se rendant désirable, afin de remercier à sa façon son peuple pour sa dévotion. 
Cette nouvelle était un sacré pari : comme nous allons d’un individu à une autre au fil des pages et du temps qui s’écoule, difficile de s’attacher à l’ensemble des personnages ! Pourtant, Corrèze a réussi à insuffler un bel attachement pour chacun d’entre eux – avec plus ou moins de force, j’imagine que cela dépend de nos sensibilités. Ici, le désir et l’amour sont protéiformes et il conclut l’ouvrage avec émotion.

Si vous avez lu mes retours sur chacune de ces nouvelles, vous le savez déjà : je vous conseille grandement Diluées. Que l’érotisme soit votre truc ou non, d’ailleurs. Les univers sont variés, les personnages sont différents les uns des autres et muent par divers désirs ; il y a beaucoup de diversité dans ces textes et chacun vous touchera d’une façon ou d’une autre.
Profitez bien de votre lecture 🔥

Diluées, collectif ActuSF • 2022 • 281 pages • 10,90€ • Genre : nouvelles érotiques, SFFF • ISBN : 9782376865308

Ce livre participe au Challenge de l’Imaginaire.

9 réflexions sur “Diluées

  1. Dal_eg dit :

    Oh surprenant comme lecture mais je passe toutefois mon tour parce que je ne suis jamais satisfaite par les recueils de nouvelles 😛 Bon samedi et merci pour ce retour 🙂

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  2. Vampilou fait son Cinéma dit :

    Ce recueil me fait tellement envie depuis que je l’ai vu chez toi 😍 Autant dire qu’avec ton retour, c’est bien pire, d’autant plus que j’adore la plume de Morgane Stankiewiez !

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