Vongozero

Vongozero

Quatrième de couverture :

Moscou ne répond plus. À quelques kilomètres de la capitale, mise en quarantaine, le village d’Anna et Sergueï s’attend au pire. Bientôt, les pillards, bientôt, le chaos… L’épidémie qui a frappé les grandes villes et paralysé le monde marche droit sur eux. Il faut fuir, le plus vite possible. Avec une poignée de voisins et l’ex-femmes de Sergueï, le convoi s’organise : vivres, essence… Rester soudés, malgré les dissensions, l’égoïsme, la panique, et l’instinct de survie qui reprend ses droits et lève les masques. En ligne de mire, un lac perdu et un refuge coupé du monde : Vongozero.

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Mon avis :

C’est intéressant de voir comment le Covid-19 nous a impacté dans nos vies et ce, même dans nos lectures. Je vous parlais il y a quelques semaines de World War Z et, aujourd’hui, je viens vous parler de Vongozero de Yana Vagner. Une terrible épidémie, inconnue de toutes et de tous, se propage rapidement ; elle tue, alors en Russie, le gouvernement opte pour le confinement. Mais il s’y est pris trop tard. C’est pour cette raison qu’Anna et sa famille, accompagnées de quelques voisin·es, prennent la route pour Vongozero, un lac perdu au beau milieu de nulle part, où rien ni personne ne pourra venir les déranger ni les menacer. Mais pour y arriver, il va falloir parcourir une route de plus de mille kilomètres, pleine de dangers.
Anna est la narratrice de Vongozero. Très rapidement, alors que son beau-père Boris, son époux Sergueï et son fils Micha préparent les affairent pour leur long périple, elle se sent inutile ; chacun la renvoie à un rôle de faible femme – qu’elle se repose ! Et c’est là le seul point négatif que j’ai trouvé à ce roman : si Anna a quelques fulgurances, elle n’arrive jamais vraiment à se faire entendre et, avec ces échecs, n’ose par la suite pas grand chose, se laissant porter par ce que les hommes ont choisi de faire (quelle direction prendre, quand et où s’arrêter…). Ainsi Anna ne semble-t-elle pas évoluer beaucoup, ne semble pas non plus gagner en force. Et pourtant, je ne peut m’empêcher d’avoir vu un changement en cette femme tout comme je suis convaincue d’y voir une force certaine. Je ne serai pas surprise de découvrir que, par la suite, elle envoie tout valser et s’affirme enfin, exigeant qu’on l’écoute et que l’on prenne en compte sa voix. Car suite il y a, sous le titre Le lac. Rassurez-vous, Vongozero se suffit à lui-même ; pour ma part, je compte bien lire Le lac prochainement parce que, malgré tout, Anna m’a plu et, après toutes les épreuves traversées dans Vongozero, je veux savoir ce qu’il va advenir des protagonistes que nous avons suivi sur plus d’un millier de kilomètres.
Ce voyage, de la banlieue cossue de Moscou au trou perdu de la Russie, à cette promesse de calme et de protection (à défaut de confort), est prenant. Pourtant, c’est presque un huis-clos automobile ; sortir d’un véhicule, c’est ne plus avancer, c’est perdre du temps et prendre des risques. On pourrait se dire que ça va être un peu chiant, des gens qui roulent d’un point A à un point B, mais il n’en est rien ; jamais je ne me suis ennuyée pendant ma lecture. Et c’est bien là l’avantage du récit à la première personne : on partage les doutes d’Anna, on se rappelle le passé avec elle, on comprend sa colère, on peste avec elle, on l’encourage, on la soutient. Bien sûr, on s’inquiète aussi ; les communications sont coupées depuis un moment, il n’y a plus de radio… Comment savoir si leur petit convoi ne va pas croiser des gens malintentionnés, ou s’il ne va pas falloir faire demi-tour car une route aura été fermée ? Et puis il y a toutes ces inquiétudes liées à la survie : où va-t-on pouvoir faire le plein d’essence ? Et la nourriture, en aurons-nous assez ? Petit à petit, sans que l’on s’en rende compte, on se lie au groupe et, plus on tourne les pages, plus on fait nous aussi partie de l’aventure, fuyant l’épidémie à la recherche d’un havre de paix.
Difficile pour les personnages d’évoluer, coincés comme ils sont dans leurs voitures, mais Yana Vagner réussit là un tour de force : les relations changent, les protagonistes également. Ce n’est pas toujours flagrant mais la narratrice n’oublie jamais de souligner un rapprochement, une indépendance qui s’affirme, etc. Tout cela se fait parfois dans le silence oppressif d’une voiture, parfois lors d’une confrontation ou lors d’une rencontre. Au fur et à mesure que l’on avance, une certaine tension prend place, la méfiance s’installe. Et je crois bien que c’est là ce qui m’a le plus plu dans ce roman : les relations humaines.

Vongozero est une très bonne lecture ; Anna nous accompagne dans cette fuite en avant, prête à tout pour sa famille et, nous, on ne lâche plus sa main. Mais plus qu’une fuite, Vongozero explore les tréfonds de l’être humain lors d’un périple à la fois routinier et intense.
Bonne lecture à vous 🚗

Vongozero, Yana Vagner • Titre VO : Vongozero • Traduction : Raphaëlle Pache • Pocket • 2016 (VO 2011) • 540 pages • Genre : épidémie, fuite, famille

Ce livre participe au Challenge de l’Imaginaire.

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