Azami // Fuki-no-tô

Une fois n’est pas coutume, cette chronique regroupe deux romans faisant partie d’un même cycle intitulé L’ombre du chardon. Azami est le premier tome du cycle, Fuki-no-tô le quatrième. Il est toutefois possible d’en lire un et pas l’autre, cela n’empêchant nullement la compréhension des intrigues – moi-même, je n’ai pas lu le deuxième ni le troisième tome (pur hasard).

 

Quatrième de couverture d’Azami :

Mitsuo Kawano, jeune trentenaire, est étonné quand il croise par hasar Gorô Kida, un ancien camarade de classe devenu président d’une importante compagnie. Il est encore plus surpris lorsque celui-ci l’invite dans un club très sélect où travaille une autre ancienne amie d’école, la belle et mystérieuse Mitsuko, devenue entraîneuse.
[…]

Quatrième de couverture de Fuki-no-tô :

Atsuko est heureuse dans la petite ferme biologique dont elle a longtemps rêvé. Ses affaires vont bien, il lui faudra bientôt embaucher de l’aide. […] Mais une amie qui resurgit du passé la confronte […] à des choix : Atsuko va devoir débroussailler son existence et ses désirs, aussi emmêlés qu’un bosquet de bambous non entretenus.

 

Mon avis :

Dans Azami, nous faisons la rencontre de Mitsuo et de sa famille ; dans Fuki-no-tô, l’histoire se déroule six ans plus tard et c’est Atsuko que nous suivons alors. Mais reprenons depuis le début, d’autant plus que, si vous avez lu les résumés ci-dessus, vous avez constaté que je les ai pas mal tronqués, chose que je ne fais habituellement jamais. La raison en est simple : bien que ce ne sont pas des romans à suspens, j’aime autant ne rien vous dévoiler dans les relations entre les personnages, si ce n’est ce qui est établi au début d’Azami.
Mitsuo est marié à Atsuko et il a avec elle une fille et un garçon. Ce père de famille est rédacteur pour une célèbre revue, toutefois il rêve de fonder son propre journal ; son épouse, quant à elle, aimerait reprendre la ferme familiale. Le problème est qu’iels vivent en ville ; la ferme est (logiquement) à la campagne. Alors que sa femme et ses enfants partent assez tôt les week-ends pour rejoindre les champs, la verdure, le calme…, Mitsuo passe souvent une journée ou plus seul, terminant son travail de rédacteur. Comme Atsuko et lui sont sexless (couple sans rapports sexuels) depuis un moment déjà, il en profite parfois pour fréquenter des lieux proposant des services sexuels, comme des video-boxes (si j’ai bien compris, il s’agit d’un lieu où l’on a un rôle de voyeur) ; son épouse s’en doute mais est prête à laisser passer ça. Seulement, un jour, Mitsuo se retrouve invité dans un club privé par un ancien camarade de classe, Gorô. Là, travaillant comme entraîneuse, il va retrouver la belle Mitsuko, son premier amour. A partir de ce moment, la vie du couple va changer.
Azami est une histoire d’adultère, mais c’est aussi et avant tout une histoire d’amour. J’en vois déjà se dire « ce n’est pas pour moi, ce genre d’histoire, c’est pas mon truc ». Et vous avez tout à fait le droit mais, faites comme moi, et laissez donc une chance à ce roman – lisez au moins ma chronique, et voici déjà un premier argument : c’est pas mon truc non plus, pourtant j’ai aimé Azami, de même que, par la suite, j’ai aimé Fuki-no-tô.
Ce qu’il me faut vous dire avant tout, c’est que ce sont des récits tout en délicatesse, racontés avec une certaine pudeur – celle des protagonistes, Mitsuo étant lui-même narrateur et, par la suite, Atsuko prenant la relève – mais sans pruderie. J’ai trouvé que, justement, Aki Shimazaki, l’autrice, mettait en exergue les sentiments, ainsi que ses personnages. Chaque tome se concentre sur l’un d’eux, c’est vrai, pourtant les autres n’en sont pas moins mis en lumière. Enfin, « les autres »… Ce sont surtout Mitsuko et Fukiko qui accaparent notre attention, comme elles accaparent celles, respectivement, de Mitsuo et Atsuko.
J’ai beaucoup aimé l’écriture ; il y avait là quelque chose de simple et en même temps de très touchant, et de très direct dans les tournures de phrases. C’est intéressant car, comme je vous le disais, il y a parfois la pudeur du narrateur ou de la narratrice mais, couplé à l’écriture, cela donne quelque chose de très agréable à lire. Malgré les sujets évoqués (l’adultère, mais aussi le classissisme, l’homophobie…), c’est doux mais avec de fortes saveurs (un peu comme le thé que je bois actuellement – bancha hojicha). Disons-le clairement : je suis conquise.
Ces deux romans sont donc une très bonne découverte. J’émets juste un bémol au sujet de Fuki-no-tô : la fin m’a beaucoup frustrée et, deux semaines après ma lecture, je me demande encore ce qu’il se passe après le point final. Pour contrer cette petite insatisfaction, je me suis imaginée la fin telle que je voudrais qu’elle soit – c’est la beauté des fins ouvertes.

Azami et Fuki-no-tô sont des histoires de couple, de retrouvailles, d’amour, de famille – et de tellement plus. J’ai aimé l’écriture, j’ai aimé les personnages, j’ai aimé la façon qu’a l’autrice de parler des sentiments, quels qu’ils soient. Alors, pour tout cela, je vous invite grandement à découvrir ces deux romans (et pourquoi pas le cycle tout entier de L’ombre du chardon).
Je vous souhaite de belles découvertes.

Azami, Aki Shimazaki • Actes Sud • 2014 • 134 pages • 6,80€ • Genre : littérature québécoise, famille, adultère • ISBN : 9782330038199

Fuki-no-tô, Aki Shimazaki • Actes Sud • 2017 • 145 pages • 6,80€ • Genre : littérature québécoise, homosexualité, Japon • ISBN : 978233008739

14 réflexions sur “Azami // Fuki-no-tô

  1. pages pluvieuses dit :

    J’avais lu la saga « Au coeur du Yaamato » de la même autrice, et c’est exactement ce que tu as trouvé ici il semblerait : des récits de vie touchants, racontés avec un très bel équilibre entre pudeur et intimité. Dans la série que j’ai lue, on aborde aussi des histoires de couple qui mettent à chaque fois en avant (mais toujours avec douceur) une problématique de la société japonaise.
    Vivement que je lise ceux que tu présentes ici, ils ont l’air tout aussi beaux !

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  2. Vampilou fait son Cinéma dit :

    Déjà, j’aimerais parler de la douceur de ces couvertures, que je trouve absolument sublimes ❤️ Et ce que tu dis de ces histoires me touche beaucoup, j’ai très envie de m’y plonger !

    Aimé par 1 personne

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